SOMMAIRE
CPS N° 67                                                                                                             11 AVRIL 1997

L’IMPÉRIALISME POURSUIT SON OFFENSIVE CONTRE
LE PEUPLE PALESTINIEN

En septembre 1996, une provocation délibérée était organisée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou : l’ouverture aux touristes d’un circuit sous l’esplanade des mosquées à Jérusalem. Des manifestations éclataient aussitôt. Le 25 septembre puis les jours suivants, l’armée israélienne réprimait férocement ces manifestations : plus de 85 morts, des blessés par centaines. Depuis, deux faits majeurs ont eu lieu : le redéploiement des troupes d’Israël à Hébron et l’accélération de la colonisation. À eux seuls, ces deux événements résument toute la situation qui est, aujourd’hui, celle du peuple palestinien.

DÉVELOPPEMENT DE LA COLONISATION, COLLABORATION DE L’OLP

Dès son élection comme premier ministre, le 29 mai 1996, Netanyahou président du Likoud a conduit une offensive ouverte contre le peuple palestinien : il a accéléré la colonisation en Cisjordanie et maintenu le blocus sur celle-ci et Gaza, aggravant la misère des palestiniens. Les molles protestations de Yasser Arafat qui, durant l’été 1996 et jusque fin septembre a avalé toutes les couleuvres, ont conduit Netanyahou à pousser encore son offensive (cf. CPS n°65). Son objectif étant d’aller beaucoup plus loin que ne le prévoyait l’accord de Washington signé en 1993, Netanyahou a multiplié les provocations jusqu’à ce qu’explose, le 25 septembre, la colère de la population palestinienne, de la jeunesse en particulier. La répression qui s’en suivit se traduisit, de facto, par la suspension du processus initié à Washington en 1993.

Aussitôt, le 29 septembre, Clinton convoquait Netanyahou et Arafat ainsi que le roi Hussein de Jordanie, les autres impérialismes étant tenus à l’écart de ces négociations malgré les récriminations françaises. Son objectif immédiat était une suspension des affrontements (au moins jusqu’aux élections américaines) en attendant de trouver un éventuel compromis entre son protégé - Israël - et les États arabes de la région, vassaux de l’impérialisme américain. Aucun accord précis ne résulta de ce "sommet" mais la situation fut provisoirement "gelée".

Le 4 novembre, Bill Clinton était réélu ; Netanyahou pouvait alors reprendre l’offensive, aidé en cela par la répression sauvage des manifestations de septembre et par la politique de Yasser Arafat, lequel ne cessait pas pour autant de vouloir "négocier". Le 18 novembre, le gouvernement israélien annonçait la construction de 1200 nouveaux logements qui seraient réservés aux israéliens juifs dans la colonie d’Emmanuel, en Cisjordanie (précisons ici, que si cette colonisation se développe dans les territoires les plus récemment conquis, c’est l’ensemble de l’État d’Israël qui constitue un État colonial fondé sur l’expropriation, par la terreur, de millions de palestiniens).

Face à cette décision, le représentant de l’Autorité palestinienne émet quelques protestations ...puis, le 19 novembre, une nouvelle séance de négociation a donc lieu pour discuter du "retrait" de l’armée israélienne de la ville d’ Hébron, ou plutôt de son "redéploiement" comme l’exige le gouvernement d’Israël, qui fait traîner en longueur la négociation. Netanyahou entend conserver un contrôle militaire direct de 20% de la ville pour "protéger" les 450 juifs installés au cœur d’une ville de 130 000 habitants. Netanyahou précise qu’il s’agit "d’assurer non seulement la sécurité et la survie de cette communauté mais son avenir et son développement". Il exige également que la police de Yasser Arafat chargée d’administrer le reste de la ville se comporte en parfait supplétif de Tsahal, l’armée d’Israël :"Si nous parvenons à établir une très bonne coopération avec la police palestinienne, il n’y aura pas de problème insurmontable" explique un officier israélien.

Le 20 novembre, à Paris, au cours d’une réunion de "pays et institutions donateurs d’aide aux Palestiniens", il est décidé une aide de 845 millions de dollars pour 1997. Cette manne permet à l’impérialisme de "tenir" Yasser Arafat, d’obtenir sa pleine coopération et permet à Arafat de financer ses réseaux de clientèle dans les quelques territoires où s’exerce son "autorité".

En trois jours, on a ainsi un concentré de la situation politique en Palestine : nouvelle offensive du gouvernement Netanyahou, soumission de l’OLP à la politique impérialiste et au gouvernement israélien, contrôle financier exercé par l’impérialisme sur Arafat.

UN GOUVERNEMENT DE COMBAT

La politique suivie par Netanyahou est ainsi conforme au programme pour lequel il a été élu : celle du combat contre les masses palestiniennes. Encore faut-il préciser : cela n’est pas nouveau. Faut-il rappeler les massacres de Palestiniens perpétrés par le gouvernement Rabin puis le gouvernement Pérès, premiers ministres "travaillistes" ? La poursuite par ces gouvernements de la colonisation ?

Qu’il y ait des différences entre la politique suivie par le Likoud et celle de ses prédécesseurs "travaillistes" est une réalité, mais elle ne porte pas sur le "droits" du peuple palestinien. Ce sont des partis organiquement liés à l’État colonial israélien, défenseurs de cet État colonial. Ils sont fondamentalement d’accord pour interdire tout droit du peuple palestinien à récupérer sa propre terre. Ils sont d’accord pour écraser le peuple palestinien dès que celui-ci tente de résister. La différence porte sur le meilleur moyen d’assurer la pérennité de l’État d’Israël et la prise en compte - plus ou moins grande - des intérêts du protecteur américain.

UN ÉTAT OPPRESSEUR, SPOLIATEUR ET ARTIFICIEL

Nul ne peut oublier que l’État d’Israël a été construit par le fer et par le sang, avec l’appui de l’impérialisme américain et de la bureaucratie du Kremlin, en écrasant le peuple palestinien. Dès 1948, 700 000 palestiniens durent s’enfuir, leurs terres furent confisquées. Par la guerre et la terreur, en bonds successifs, l’État d’Israël s’est depuis étendu, contraignant des millions de palestiniens à s’exiler ou à vivre, misérables et opprimés, sous la botte d’une armée d’occupation. Il n’y a pas "deux peuples pour une même terre" comme l’explique mensongèrement L’Humanité et tant d’autres avec lui, mais un peuple opprimé, écrasé, disloqué et un État colonisateur. Cet État ne peut exister sans le soutien financier, politique et militaire de l’impérialisme américain. Cet État est indispensable à l’impérialisme américain pour exercer son contrôle politique et militaire sur le Proche et Moyen Orient, leurs formidables réserves pétrolières.

Pour les masses palestiniennes, il n’est possible d’en finir avec l’exil et l’oppression, de récupérer leurs terres, qu’en combattant et détruisant l’État colonial. Aussi les masses palestiniennes n’ont elles jamais cessé de combattre pour leurs droits nationaux, pour reconquérir leur pays.

Ainsi, le 19 décembre 1987, la jeunesse de Gaza et de Cisjordanie a-t-elle engagé la terrible bataille de l’Intifada. Des milliers de palestiniens sont tombés, tués par l’armée israélienne, d’autres blessés, emprisonnés, torturés. Officiellement, en six ans, plus de 120 000 palestiniens sont passés par les prisons d’Israël, où la torture est "légalement" autorisée.

L’ACCORD DE WASHINGTON, ACCORD DE TRAHISON

En 1991, l’Irak a été écrasé par l’armée américaine (avec l’appui des autres impérialismes). Aussi réactionnaire que fût la politique de Saddam Hussein, cette victoire impérialiste a représenté une défaite pour les masses arabes, palestiniennes en particulier. L’Intifada a alors reflué. Mettant à profit cette situation, le gouvernement israélien d’Itzhak Rabin a engagé des négociations avec l’O.L.P. et Arafat, débouchant sur les "accords d’Oslo". En réalité, il s’agit de l’accord de Washington, signé dans la capitale américaine le 13 septembre 1993, sous le contrôle exclusif du gouvernement des U.S.A. (parler "d’Oslo" permet d’oublier cette réalité-ci) : l’O.L.P., Organisation de Libération de la Palestine, renonçait à tout combat pour libérer la Palestine ; l’OLP obtenait la gestion administrative de Gaza et de quelques autres enclaves. La police de Yasser Arafat devenait supplétive de l’armée israélienne, chargée de contrôler les masses enfermées dans ces enclaves. Les exilés étaient abandonnés à leur sort. On laissait croire qu’ultérieurement un "État" palestinien serait mis en place : État inviable, constitué de fragments où sont parqués les Palestiniens. En attendant, la police d’Arafat agissait comme le gourdin d’Israël au sein des enclaves, multipliant arrestations arbitraires et liquidation des opposants. l’OLP apparaissait clairement pour ce qu’elle avait toujours été : une organisation nationaliste petite bourgeoise profondément réactionnaire. Mais parce qu’elle avait capté, des décennies durant, l’aspiration des palestiniens à la libération de leur pays, l’accord de Washington constituait une trahison et leur mise en œuvre un nouveau coup contre les masses palestiniennes.

PAX AMÉRICANA

Pour les USA, cet accord visait à stabiliser les rapports politiques dans la région : faire avaliser aux États arabes de la région, inféodés aux USA, la liquidation définitive de la Palestine au profit d’Israël. Cela impliquait de la part d’Israël quelques menues concessions : une pseudo-autonomie pour quelques fragments territoriaux, un règlement de la question du Golan avec la Syrie. Le gouvernement "travailliste" d’Itzhak Rabin était chargé de mettre en œuvre cette pax americana. Mais pour une masse croissante de colons israéliens, toute concession aussi minime soit-elle est inacceptable .Ils ont conscience que jamais les peuples palestiniens et arabes n’accepteront le fait colonial israélien ; Aussi les colons, avec le Likoud et les partis religieux entendent-ils aller le plus loin dans la réalisation du Grand Israël, chasser et pourchasser les palestiniens de toute la région, dût l’accord de Washington en pâtir.

De 1993 à 1996, les accords de Washington ont permis de cadenasser le peuple palestinien, de le désarmer politiquement ; les palestiniens appellent Gaza la "cage". Les territoires prétendument autonomes sont autant de cages où sont enfermés les palestiniens. La mise en œuvre de ces accords a facilité la nouvelle offensive israélienne.

Le 4 novembre 1995, un jeune israélien répondant aux "instructions de Dieu" tue le premier ministre "travailliste" Itzhak Rabin. Shimon Pérès lui succède. Aux élections de mai 1996, Shimon Pérès était le candidat soutenu par Clinton. Mais la majorité des électeurs israéliens a voté pour le Likoud et son programme offensif. De fait, Israël a une certaine autonomie par rapport à son parrain américain, mais cette autonomie est limitée, ne peut véritablement s’exprimer que pour autant qu’elle n’entre pas en contradiction avec les intérêts fondamentaux de l’impérialisme américain.

PRESSIONS AMÉRICAINES

Ce n’est pas tant la poursuite de la colonisation qui gêne le gouvernement américain que l’affichage provoquant de cette politique. Ainsi, le 26 novembre, dans la colonie d’Ariel, Netanyahou déclare brutalement à l’adresse de ses détracteurs : "vous n’avez pas compris qu’il y a eu des élections en Israël ? Pourquoi ne devrions nous pas développer ces communautés ? Nous sommes ici pour toujours !".

Nicolas Burns, porte-parole du département d’État américain, exprime alors l’agacement que provoquent de tels propos : "Aller à Ariel et appeler à l’expansion des colonies n’est assurément ni utile ni constructif". La déclaration est sèche, mais mesurée ; ce sont les gesticulations qui sont visées, non le renforcement de la colonisation. Les États Unis qui financent l’État d’Israël savent que les crédits pour la colonisation de Cisjordanie (ouverture de routes, expropriations, aides financières aux colons...) sont en hausse de 50% par rapport à 1996.

Le 10 décembre, le gouvernement israélien annonce l’édification d’une nouvelle cité résidentielle au cœur du secteur arabe de Jérusalem-Est, à Ras el Amond. Selon Le Monde du 12 décembre :

"les 160 000 Palestiniens de Jérusalem-Est sont désormais cernés de cités-dortoirs réservées aux citoyens juifs et minoritaires dans leur ancien secteur.(...)Déjà plusieurs milliers de familles, trop à l’étroit, dans l’incapacité d’obtenir des permis de s’agrandir ou d’améliorer leur habitat, ou tout simplement trop pauvres, sont contraintes de s’exiler hors des limites municipales de la cité."

Autre mesure : le gouvernement d’Israël décide le "vendredi 13 décembre, d’accorder le statut de "zone prioritaire de développement" aux colonies de peuplement en Cisjordanie occupée. Ce statut, qui avait été supprimé par les travaillistes lors de leur arrivée au pouvoir en 1992, prévoit des avantages fiscaux aux particuliers et aux entreprises."

Les États-Unis se doivent alors de hausser le ton. Par la voix de huit anciens hauts dignitaires américains (dont James Baker et Cyrus Vance) il est affirmé : "nous sommes préoccupés par les actes unilatéraux comme l’expansion des colonies" ..Ces actes unilatéraux, précisent-ils "seraient fortement contre-productifs pour la recherche d’une solution négociée. S’ils étaient mis en œuvre, ils pourraient donner un coup d’arrêt aux progrès enregistrés ces deux dernières décennies par le processus de paix. Un résultat aussi tragique menacerait la sécurité d’Israël, les Palestiniens, tous les pays arabes amis, et nuirait aux intérêts américains au Proche-Orient". Néanmoins Warren Christopher, secrétaire d’État en titre, se dépêche de corriger en ce qui concerne les négociations : "les israéliens ont fait quelques pas, et il est temps que les Palestiniens fassent de même". Les États Unis ont d’autres moyens de se faire "entendre". Ainsi l’État hébreu ne peut guère se passer de l’aide de 3 milliards de dollars (dont 1,8 milliard d’aide militaire) que lui verse chaque année l’administration américaine, ni des garanties d’emprunt accordées par Washington.

Enfin, le pressions américaines sont relayées au sein de l’État d’Israël par le parti "travailliste" israélien (en réalité : l’un des deux partis du colonialisme israélien). Autre relais, la Histadrout, syndicat israélien dont l’existence est également indissociable de celle du colonialisme israélien. Le 29 décembre, Amir Peretz, président de cette organisation, lance un appel à la grève contre la politique économique du gouvernement Netanyahou ; Amir Peretz est en même temps député du parti dit "travailliste".

Le gouvernement Netanyahou ne peut ignorer plus longtemps ces pressions. Le 24 décembre, en présence du coordinateur américain Dennis Ross, Netanyahou accepte de reprendre la discussion, avec Arafat, au sujet d’Hébron.

UN ACCORD À HÉBRON

Finalement, le 15 janvier, un accord est trouvé entre le gouvernement israélien et Yasser Arafat.: si les membres les plus radicaux du gouvernement Netanyahou affirment leur rejet de cet accord, les députés "travaillistes" votent pour. Le gouvernement américain est satisfait. pour le gouvernement israélien, les concessions sont extrêmement modestes : 80% de la ville sera contrôlée par la police d’Arafat pour le compte de l’État d’Israël tandis que le reste de la ville demeure sous le contrôle direct de l’armée israélienne (ce qui est un nouveau recul de Arafat). Autre recul d’Arafat : cet accord ponctuel ne préjuge en rien des développements ultérieurs, c’est ainsi une nouvelle zone de rétention contrôlée par la police d’Arafat qui se met en place. Une telle situation ne peut être que profondément instable, transitoire. De nouveaux affrontements auront nécessairement lieu. Le gouvernement américain doit donc pousser la "pression".

UN SCANDALE OPPORTUN

Le 22 janvier, éclate opportunément un scandale qui, mettant en cause le chef du gouvernement, le fragilise et le rend plus sensible aux pressions de son "parrain". Selon une journaliste de la chaîne publique de télévision, Benyamin Netanyahou aurait nommé à un poste stratégique un obscur avocat proche du chef d’un parti religieux en échange d’un soutien politique. Le chef de ce parti escomptait lui-même, grâce à cette nomination, échapper à certaines poursuites judiciaires. Au total, rien que de très banal. Mais l’affaire est largement amplifiée.

Netanyahou doit donc, une nouvelle fois, faire preuve de souplesse... : il décide, le 7 mars, de procéder à un léger retrait de l’armée en Cisjordanie : pour l’essentiel, des zones qui étaient déjà partiellement gérées par "l’Autorité palestinienne". La zone "autonome", dite zone A, passe à 10% tandis que 2% entrent en zone mixte. Le porte-parole américain félicite aussitôt Netanyahou mais les responsables de l’OLP, s’indignant de mesures qualifiées de "cosmétiques" refusent d’organiser la passation des pouvoirs. Le "retrait" est donc aussitôt renvoyé à plus tard...

Pendant ce temps, la colonisation se poursuit au quotidien : expulsion de familles, confiscation de terres domaniales, etc... "fragilisé", Netanyahou ? C’est ce que titre Libération. Mais la force de Netanyahou, c’est que les États-Unis ne peuvent rien faire qui compromette la sécurité d’Israël qui leur est indispensable ; mais sa force, c’est que tout renforcement d’Israël est un renforcement pour le compte de l’impérialisme américain ; sa force, c’est que toute la situation politique internationale lui est éminemment favorable : la dislocation de l’URSS, la réintroduction du capitalisme en Russie, dans l’ex-URSS, combinées avec l’écrasement de l’Irak par l’armée américaine, pèsent tout particulièrement sur le prolétariat, la jeunesse palestinienne. Le 26 février, il reprend brutalement l’initiative.

OFFENSIVE À HAR-HOMA

Ce jour là, est annoncée la construction d’un nouveau quartier juif, sur le site de Har-Homa, dans la partie palestinienne de Jérusalem : 6500 logements. Cette décision est ouvertement soutenue par Ehud Barak qui passe pour être le successeur de Shimon Pérès à la tête du parti "travailliste". Les bulldozers entrent en action le 17 mars. D’abord limités, les affrontements avec les manifestants palestiniens vont se multiplier, à Hébron en particulier, à partir du 20 mars : plus d’une centaine de blessés en trois jours. Mais ce n’est pas une vague de fond. La police de Arafat protège la police israélienne. Le Monde du 1er avril explique "dans les enclaves autonomies, où ses hommes ont parfois utilisé la matraque pour empêcher les jeunes d’approcher les forces israéliennes, c’est la police palestinienne qui a prévenu l’escalade. Itzhak Mordechaï, le ministre de la défense(...) s’est félicité de cette "coopération minimale" retrouvée".

Mais, ces affrontements perdurent, expression de la rage et du désespoir des masses palestiniennes : quatre palestiniens sont tués le 1er avril, plus de 300 sont blessés en huit jours.

VETO AMÉRICAIN

Dans cette situation, les gouvernements des États arabes sont contraints de réagir ; la Ligue arabe envisage le gel des relations économiques et diplomatiques avec Israël. Ces réactions sont relayées par les gouvernements européens. Mais, au Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats Unis ont, vendredi 7 mars, opposé leur veto à une résolution présentée par leurs alliés européens pour inviter Israël à renoncer à la construction de logements dans la partie orientale de Jérusalem.

Pour justifier son veto, le représentant américain expliquera que le Conseil n’était pas "un forum adéquat pour discuter de questions en cours de négociation". Une fois encore, les États-Unis affirment qu’il s’agit là d’une chasse gardée. Le même refus américain rendra vaine, le 13 mars, une résolution de l’assemblée générale de l’ONU. S’appuyant sur ce veto, Netanyahou avance de nouvelles exigences.

L’INTRANSIGEANCE DE NETANYAHOU

Désormais, il exige au préalable que la police d’Arafat et "l’Autorité palestinienne" soient des rouages de l’appareil d’État colonial : "nous voulons voir l’autorité palestinienne combattre le terrorisme, emprisonne ses leaders et ses agents, nous voulons qu’elle donne des instructions à ses forces pour qu’elles coopèrent avec les nôtres". Cette exigence est reprise aussitôt par Madeleine Albright, secrétaire d’État, qui invite Arafat "à imposer un feu rouge explicite" aux terroristes.

Bill Clinton convoque une fois encore, le 6 avril, Netanyahou aux États-Unis. Netanyahou se montre intransigeant, refusant de ralentir le rythme des implantations, recherchant visiblement l’affrontement avec les masses palestiniennes désemparées par la politique de Yasser Arafat. De toute évidence, pour Netanyahou, l’accord de Washington a fait son temps : il a joué un rôle utile pour soumettre totalement Yasser Arafat et l’OLP, et porter un coup politique aux masse palestiniennes.

Mais la place acquise par les États-Unis, seule puissance mondiale qui met à profit la dislocation de l’URSS pour entreprendre de reconquérir son hégémonie, mais la défaite que représente pour la classe ouvrière mondiale la réintroduction du capitalisme en Russie, offrent de nouvelles possibilités à l’État d’Israël. La politique offensive de Netanyahou peut certes provoquer la déstabilisation de tout le Proche-Orient mais les États-Unis entendent conserver leur mainmise sur la région et ses ressources, et ils en ont les moyens. Ni les gouvernements arabes vassaux, ni les autres impérialismes ne peuvent réellement menacer les intérêts américains dans cette région.

Quant à Arafat, pas un instant les chefs de sa police n’ont cessé de collaborer avec les autorités israéliennes. Représentation politique de la faible bourgeoisie palestinienne, l’OLP ne veut pas rompre avec l’impérialisme. L’OLP pas plus que le Hamas ou autres organisations du même type ne peuvent ouvrir d’issue politique aux classes exploitées, à la jeunesse palestiniennes. Pour les masses palestiniennes, le prolétariat et la jeunesse, il est vital de s’organiser indépendamment de la bourgeoisie palestinienne, des bourgeoisies arabes et de leurs gouvernements, des impérialismes.

LE PROLÉTARIAT PALESTINIEN A À CONSTRUIRE SON PARTI, SES SYNDICATS

Tous les gouvernements des États impérialistes, tous les régimes qui leur sont inféodés, soutiennent Israël ;de même tous les partis social-démocrates et les partis ex-staliniens qui défendent l’accord de Washington au nom de "la paix". Or la paix exige la destruction de l’État d’Israël en tant qu’État colonial, gendarme de l’impérialisme au Proche-Orient ( de même, celle des États artificiels du Liban et de Jordanie).

Mais un tel parti a besoin d’un programme. Il ne peut se construire que sur une orientation de rupture avec la bourgeoisie palestinienne tout autant que de combat pour en finir avec l’État colonial. À cette condition le prolétariat peut offrir une issue aux masses palestiniennes, à toutes les couches exploitées. Un tel parti devra en particulier combattre pour une Constituante palestinienne, le peuple palestinien ayant récupéré son pays, pour un gouvernement ouvrier et paysan.

Mais pour préciser à chaque moment et impulser un tel programme, pour permettre à un tel parti ouvrier de jouer pleinement son rôle, de regrouper l’ensemble du prolétariat et de la jeunesse, il faut une avant-garde organisée sur le programme de la révolution prolétarienne. Le combat pour un parti ouvrier n’émancipe pas du combat pour le Parti Ouvrier Révolutionnaire.

En dernière analyse, pour les masses palestiniennes, il n’y a d’autre issue que dans la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire palestinien qui lie la lutte contre l’État d’Israël à la lutte du prolétariat contre le capitalisme, pour le gouvernement et le pouvoir ouvrier.

En particulier, le mot d’ordre de Constituante palestinienne ne prend tout son sens que s’il est situé sur la ligne de la constitution d’un Gouvernement Ouvrier et Paysan de toute la Palestine, seul gouvernement capable de résoudre la question nationale parce que résolvant la question sociale. Un tel combat s’inscrit nécessairement dans la perspective des Etats-Unis Socialistes du Proche et du Moyen Orient.

Dans l’immédiat, il appartient au prolétariat et à la jeunesse de chaque pays, en France en tout premier lieu, de combattre pour imposer aux dirigeants des organisations syndicales, CGT et FO, FSU, ex-FEN et UNEF(s), aux partis ouvriers bourgeois tels que le PS et le PC qu’ils cessent leur soutien éhonté aux "accords d’Oslo" (c’est à dire à l’accord de Washington), à l’impérialisme, à l’État d’Israël qui pratique le terrorisme permanent contre les masses palestiniennes, les travailleurs et la jeunesse palestiniennes.



DÉBUT                                                                                                         SOMMAIRE - C.P.S N°67 - 11 AVRIL 1997