SOMMAIRE
CPS N° 84                                                                                                              14 OCTOBRE 2000
 
Déclaration du comité pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire
(de l’internationale ouvrière révolutionnaire)

PALESTINE : A BAS LES ACCORDS DE WASHINGTON (OSLO)
ACCORD D’ÉCRASEMENT DES MASSES PALESTIENIENNES

A nouveau, dans des conditions épouvantables, sans organisation sur laquelle elles puissent véritablement s’appuyer, avec un héroïsme extraordinaire, les masses et la jeunesse palestiniennes se sont dressées contre l’armée sioniste équipée d’armes lourdes, de blindés, d’hélicoptères.

L’armée sioniste a tiré, assassinant plus de cent palestiniens enfants compris, sans réussir à ce jour à rétablir son ordre non seulement dans les "zones " où sont concentrés les Palestiniens, mais aussi dans le "territoire " d’Israël où la population "arabe israélienne " s’est largement mobilisée.

Ces événements illustrent une réalité crue que tant de commentateurs ont intérêt à masquer : l’État d’Israël, État colonial né en 1948 d’une guerre d’expulsion de la population palestinienne, État expansionniste de manière continue depuis lors, n’a pu subsister et continuer à s’étendre que par la terreur et l’assassinat en masse des Palestiniens. l’État d’Israël implique l’écrasement permanent des masses palestiniennes.

UNE PROVOCATION ORGANISÉE, DÉLIBÉRÉE.

La colère des masses palestiniennes s’est cristallisée à partir de la visite le jeudi 28 septembre d’Ariel Sharon, chef du Likoud (parti de "droite " ) sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem. Il s’agit d’une provocation savamment organisée en collaboration avec le gouvernement Barak. Elle est annoncée publiquement plusieurs jours à l’avance. Ce jour là, l’accès des lieux est interdit aux Palestiniens par des centaines de policiers israéliens.

C’est parce que l’État d’Israël savait parfaitement que la police palestinienne n’était plus désormais en mesure d’empêcher que ne surgisse à nouveau la mobilisation des masses qu’il a délibérément organisé la provocation de Sharon, prenant l’initiative de l’affrontement. Il l’a fait avec le consentement de l’impérialisme US (au grand dam de l’impérialisme français qui tente désespérément de retrouver un peu de la place qu’il occupait autrefois dans la région).

Cette provocation  se situe quinze jours après qu’Arafat et le Conseil central de l’OLP aient annoncé leur renoncement à proclamer l’"État " palestinien sur les zones où "s’exercent l’Autorité palestinienne ".

Cette nouvelle capitulation de l’OLP (immédiatement enregistrée comme positive par Barak mais aussi par l’ensemble des puissances impérialistes à commencer par l’impérialisme américain) est le seul résultat tangible des nouvelles négociations de Camp David qui ont eu lieu en juillet. Pour le reste, comme l’indiquent les responsables de l’OLP eux-mêmes, l’État sioniste a clairement indiqué qu’il n’entendait pas faire la moindre concession sur quoi que ce soit. Ni sur Jérusalem (où l’OLP ne réclame " la souveraineté " que sur Jérusalem-Est), ni sur les territoires (où l’Autorité palestinienne s’exerce sur quelques zones disjointes, sans aucune unité géographique, séparées par des voies de communications contrôlées par l’armée israélienne), ni sur le retour des Palestiniens expulsés en 1948.

Yasser Abed Rabbo, négociateur de l’OLP l’a dit sans ambages : " Nous avons fait un compromis en acceptant la résolution 242 [du Conseil de Sécurité qui prévoit la restitution de ou des territoires contre la paix] . Nous avons accepté de céder ce qu’il était impossible de céder , parce que nous voulons une solution pour notre peuple, au risque d’être traités parfois comme des traîtres " (Le Monde 26/9).

IL N’Y A AUCUN COMPROMIS POSSIBLE ENTRE LES ASPIRATIONS DES MASSES PALESTINIENNES ET LE MAINTIEN DE L’ÉTAT SIONISTE.

Tout le problème est qu’il n’y a aucun compromis possible entre l’État d’Israël et les aspirations du peuple palestinien. Les masses palestiniennes sont opprimées par un État étranger, colonial. L’État d’Israël a été créé par l’impérialisme américain avec le soutien de la bureaucratie d’URSS dirigée par Staline, par l’expulsion de leurs villages, de leurs terres de 700 000 Palestiniens ; se sont ajoutés les centaines de milliers déplacés suite à l’occupation de nouvelles terres en particulier en Cisjordanie à partir de 1967. Aujourd’hui, 4 millions de Palestiniens vivent ainsi, déportés, entassés dans les camps, dans des conditions de misère épouvantable.

L’État d’Israël n’a cessé de développer une politique méthodique d’immigration des "Juifs de la diaspora " et de favoriser, pour les intégrer à l’État, l’implantation systématique de nouvelles colonies, repoussant et chassant toujours plus loin les populations palestiniennes qui vivaient sur ces terres. Y.Shamir, conseiller de l’ancien Premier ministre Netanyaou expliquait en 1996 :

"Il y a quatre millions de Juifs en Israël, ce n’est pas assez. Il en faut beaucoup plus pour se défendre contre la vague arabe. Il faut faire venir ici la majorité des treize millions de Juifs qu’il y a dans le monde. "
LES MASSES PALESTINIENNES SE DRESSENT
CONTRE LES ACCORDS DE WASHINGTON (OSLO)

D’aucuns disent que Shamir et Netanyaou sont des dirigeants du Likoud, parti dit "de droite ", mais qu’à l’inverse les accords d’Oslo signés à Washington en 1993 (signés sous l’égide de l’impérialisme américain par Arafat et le gouvernement du parti travailliste) ouvraient la voie à une coexistence harmonieuse entre Palestiniens et Israéliens. C’est à cette fable que voudraient nous faire croire en particulier en France les dirigeants du PCF et des organisations telles que la LCR :

"Les accords d’Oslo, signés en août 1993, soulèvent un réel espoir, même si de nombreux points sont critiquables. Ils traduisent surtout la volonté palestinienne d’aboutir à une reconnaissance du droit aux Palestiniens de vivre dans leurs propres frontières et, côté israélien, de pérenniser un État dans la sécurité. Un statut intermédiaire est négocié. Les Israéliens se retirent d’une partie des territoires occupés, l’Autorité palestinienne se met en place dans certains secteurs. " écrit L’Humanité. Et c’est sur le terrain de la défense des accords de Washington (Oslo) que ces forces politiques appelaient à manifester le 7 octobre.

Qu’en est il en réalité ? C’est sous le contrôle de l’impérialisme américain que le 13 septembre 1993, l’OLP les accords de Washington renonçant à tout combat pour libérer la Palestine. Ces accords accordent à l’Autorité palestinienne (sur quelques-uns des territoires occupés par Israël depuis 1967) la responsabilité de gérer la misère : éducation et culture, santé, tourisme, affaires sociales. L’Autorité palestinienne est invitée à mettre en place une "puissante force de police " pour assurer  la sécurité intérieure des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza " tandis qu’"Israël conservera la responsabilité de la sécurité globale des Israéliens ". La déclaration du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire  (de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire) datée du 8 septembre 1993 indiquait :

" Ce n’est pas pour assurer "la sécurité intérieure des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza " que le "Conseil établira une puissante force de police " mais pour garantir contre eux "l’ordre public " qui resterait fondamentalement "l’ordre " de l’État d’Israël. La puissante force de police serait le "gourdin palestinien " d’Israël. En outre, pour assurer la défense d’Israël "contre les menaces extérieures " et protéger la colonisation, l’armée israélienne continuerait à occuper de fait la Cisjordanie et la bande de Gaza, les basses besognes étant assurées au quotidien par la "police palestinienne ". Depuis sept ans les événements ont entièrement confirmé cette appréciation. Les accords d’Oslo n’ont nullement empêché l’implantation de nouvelles "colonies juives " en Cisjordanie. Les accords d’Oslo n’ont nullement conduit à la constitution d’un État même réduit aux territoires occupés après 1967 - ce qui ne peut aucunement être la revendication des masses palestiniennes qui exigent à juste titre de récupérer la totalité de leurs terres dont ils ont été expulsés par la terreur. Les accords d’Oslo n’ont nullement conduit à la souveraineté palestinienne, même sur la seule partie est de Jérusalem. De tout cela, les dirigeants d’Israël, toutes tendances confondues ne veulent entendre parler. Ce n’est pas un représentant du Likoud mais Barak, dirigeant du Parti travailliste qui déclarait au Monde le 22 septembre 1999 : " Notre position est simple : Jérusalem unifiée, capitale éternelle d’Israël. Point final. "

Le but des accords d’Oslo ne consistait nullement à céder un pouce de terrain aux revendications du peuple palestinien. Il consistait à obtenir d’Arafat qu’il fasse la police contre les masses palestiniennes après qu’il ait officiellement reconnu l’existence de l’État d’Israël. Ces accords visaient à désarmer politiquement les masses palestiniennes, à organiser le "bouclage ", l’écrasement des Palestiniens.

COMBATTRE POUR QUE LES ORGANISATIONS OUVRIÈRES
CESSENT DE SOUTENIR LES ACCORDS D’OSLO.

Aujourd’hui les masses palestiniennes, la jeunesse particulièrement ont repris le combat contre l’oppression sioniste. Elles le font dans les pires conditions, trahies de toute part, trahies par l’OLP, organisation bourgeoise palestinienne ; elles ont face à elles la police palestinienne, même si celle ci est profondément disloquée par les événements, et l’appareil de répression israélien.

Elles ne peuvent trouver une issue que sur le terrain de leur jonction avec le prolétariat et la jeunesse des États arabes combattant contre leurs propres gouvernements, gouvernements étroitement soumis à l’impérialisme américain tels ceux d’Égypte, de Jordanie, ou à d’autres puissances impérialistes.

Il ne peut y avoir de solution conforme aux intérêts des masses palestiniennes, des masses opprimées de la région sans la destruction de l’État d’Israël, État colonial gendarme de l’impérialisme.

Ouvrir une perspective politique au combat des masses palestiniennes c’est combattre pour une Constituante palestinienne sur l’ensemble du territoire de la Palestine. Ce mot d’ordre n’a de sens que s’il se situe sur la ligne d’un gouvernement ouvrier et paysan de toute la Palestine sur la perspective des États-Unis Socialistes du Proche et Moyen-Orient. Il faut pour cela combattre pour la construction d’un véritable parti ouvrier en Palestine ainsi que dans les autres États arabes. Le prolétariat palestinien doit aussi combattre pour construire sa centrale syndicale.

Pour mener ces combats il faut une avant-garde organisée sur le programme de la révolution prolétarienne.

La responsabilité des dirigeants du mouvement ouvrier, notamment en France, est écrasante. Exprimer la solidarité ouvrière avec les masses palestiniennes c’est combattre pour que les organisations syndicales ouvrières (CGT, FO, FSU, FEN, UNEFid, UNEF,), le PS et le PCF rompent tout soutien aux accords de Washington ; Il est nécessaire de combattre pour qu’ils rompent leur soutien à la politique de Chirac et du gouvernement dirigé par Jospin, aux accords d’Oslo (cela implique que les dirigeants des syndicats ouvriers rompent leurs liens avec la Hisdraout, "syndicat " de l’État d’Israël).

Le combat du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire (de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire) se situe inconditionnellement aux cotés des masses palestiniennes dans leur combat contre l’État d’Israël. 


Le 11 octobre 2000.



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