Ce texte est un texte de discussion, préparatoire à la conférence de mai 1996. Il ne prétend pas couvrir tous les aspects de la prétendue "mondialisation du capital". Eventuellement un autre texte, polémique celui-là, sera rédigé et diffusé, portant sur cette question.
Ce texte comporte beaucoup de tableaux, de citations, parce qu’il fallait s’efforcer de donner aux camarades le maximum d’informations pour qu’ils puissent avoir une vue sérieuse sur cette dite "mondialisation du capital".
À PROPOS DE
«LA MONDIALISATION DU CAPITAL»
(Première partie)
"La mondialisation du capital" est une formule qui est de plus en plus employée, on peut dire à la mode, et au nom de laquelle sont "justifiées" toutes les attaques contre la classe ouvrière, la population laborieuse, la jeunesse,. Elle a pris le relais de la caractérisation de "néo-capitalisme" attribuée aux dites "trente glorieuses". D’ores et déjà certains parlent d’un "nouvel âge du capitalisme". Il faut au moins dans les grandes lignes voir ce qu’il en est.
L’"internationalisation" du capital n’est pas un phénomène nouveau. On peut même dire que développement du régime capitaliste et internationalisation du capital sont allés de pair avec la formation du marché mondial et de la division internationale du travail. Entre 1876 et 1913 le volume du commerce mondial triple tandis que la production industrielle quadruple.
Dans son livre "Economie mondiale et impérialisme" Louis Gill indique :
"Au cours des dernières décennies du siècle dernier et les premières années du siècle actuel jusqu’à la Première Guerre mondiale, on voit donc apparaître simultanément les premières EMN et les premières BMN. Pour les EMN, Singer (Etats-Unis) en 1867, BASF, Hoechst et Siemens (Allemagne) en 1878-79, United Fruit, Babcock et Wilcox, Standard Oil et General Electric (Etats-Unis) en 1880-83, Unilever (Hollande) en 1888, Bethleem Steel et Alcoa (Etats-Unis) en 1890-91, Brown Boveri, Ciba, Geigy et Nestlé (Suisse) en 1893-99, International Nickel (Canada) en 1902, Royal Dutch Schell (Grande-Bretagne et Hollande) en 1907, l’Air liquide (France) en 1910, Courtaulds (Grande-Bretagne) en 1911, Texaco, Coca-cola, Gulf (Etats-Unis) en 1905-1912.
"Pour les BMN, Bank of Egypt (Grande-Bretagne) en 1855, Crédit mobilier (France) en 1856, Seligman Brothers (Etats-Unis) en 1864, Crédit Foncier (France) en 1869, Nederlandsche Credit (Hollande) en 1870, Berliner Handelgesellschaft et Dresdner Bank (Allemagne) en 1872-75, Crédit lyonnais, Société générale, Banque de Paris et des Pays-Bas (France) en 1872, Lazard (France et Etats-Unis) en 1877, Société générale de Belgique en 1895, Crédit du Nord, Crédit industriel et commercial et Société marseillaise de CIC (France) en 1896-1907, J.-P. Morgan et International Banking Corporation (Etats-Unis) en 1897-1901."
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"Les investissements" à l’étranger englobent ceux dans la production jusqu’aux prêts purement financiers, et aux prêts aux Etats, etc.
Dans un article intitulé "Le retour en grâce des firmes multinationales" publié par "The economist" du 27 mars 1993, Bill Emmott rappelait:
Lénine souligne cinq caractéristiques de l’impérialisme qui intégrent en quoi consiste le "capital financier" :
La révolution russe et la montée révolutionnaire en Europe (dont particulièrement la révolution en Allemagne), les rivalités entre les puissances impérialistes qui devaient être victorieuses ont interrompu cette guerre sans que soit tranchée définitivement la question de la suprématie mondiale. Néanmoins les rapports de force entre impérialismes s’étaient profondément modifiés. On ne peut mesurer cette évolution à la seule grandeur réciproque des investissements à l’étranger des puissances impérialistes. Mais elle en donne une idée.
Tableau extrait de "Economie mondiale et impérialisme" (page 213) :
Part de divers pays (en %) dans les investissements étrangers totaux (directs et de portefeuille) 1914-1960 :
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Etats-Unis | | | |
Grande-Bretagne | | | |
Allemagne | | | |
France | | | |
Pays-Bas | | | |
Canada | | | |
Autres | | | |
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Total | | | |
Investissement total en milliards de dollars | | |
La première guerre mondiale a détruit le système monétaire et de paiements internationaux basé sur "l’étalon-or". L’Angleterre et la France, banquières du monde avant la guerre ont liquidé une grande partie de leurs avoirs antérieurs. Elles étaient créditrices des USA avant la guerre, elles en sont devenues débitrices. Leurs dettes de guerre vis-à-vis des USA : la trésorerie américaine prêtera pendant la guerre 4,915 milliards de dollars à l’Angleterre, 2,5 à la France. L’Allemagne a perdu la totalité de ses investissements à l’étranger. De plus les "alliés" lui ont infligé une "dette de guerre" s’élevant à 132 milliards de marks or, ces années 1920 sont celles des crises monétaires en Europe à commencer bien sûr par l’inflation galopante de 1923 en Allemagne qui aboutit à la faillite du mark et à son remplacement par le "Rentenmark". En Autriche, en Hongrie, en Pologne, des crises de même nature ont eu lieu en 1924. En 1926 en France le franc fut réduit à 20 % de sa définition or d’avant guerre (franc Poincaré). Etc.
Les faillites monétaires ont été surmontées. Un nouveau système monétaire et des paiements internationaux a été construit : les monnaies des pays défaillants seraient désormais basées sur leurs réserves en "monnaies fortes" (celles remboursables en or) la livre et surtout le dollar. Ce système a été esquissé à la Conférence de Gênes (avril-mai 1921). Il a pris le nom de "Gold Exchange Standard". Ce sont principalement les dollars qui vont servir de base. Il y a eu le plan Dawes (1924) pour soutenir la monnaie allemande (800 millions de marks-or souscrits presque entièrement en dollars par les banques américaines), le plan Young (1929) également pour soutenir la monnaie allemande (300 millions de dollars souscrits principalement par les banques américaines). Louis Pommery écrit dans "Aperçu d’histoire économique 1890-1939" pages 130 et 140 :
Les années 1925-1929 ont été des années d’intenses spéculations boursières surtout à la bourse de New-York. Au bout ce fut le krach du jeudi 23 octobre 1929. La grande crise économique et financière des années 30 commençait.
Lorsqu’en 1929-32 la crise entraîne des faillites en masse aux USA, dont celles d’innombrables banques, pour y faire face, c’est par milliards de dollars que celles-ci rapatrièrent leurs capitaux aux USA entraînant de nombreuses crises financières et monétaires, (notamment en Allemagne) dans les pays où ils étaient massivement investis et où les monnaies étaient basées sur le "Gold Exchange Standard".
Une première étape du capital financier a débouché sur la première guerre mondiale. Une deuxième étape mène très rapidement à la crise économique de 1929 qui disloque le marché mondial et à l’effondrement du système financier international reconstitué après guerre, au nationalisme économique et aux "blocs" financiers et monétaires : le bloc dollar, le bloc sterling, le bloc or (France). L’Allemagne principalement s’efforce d’établir "l’autarcie", instaure le contrôle des changes et un système complexe de marks multiples, autant que cela lui est possible elle conclut avec d’autres pays des accords de troc.
De la deuxième guerre mondiale les USA sont sortis puissance impérialiste dominante. Mais pour contenir la vague révolutionnaire que cette guerre a provoquée lui et la bureaucratie du Kremlin ont noué une sainte alliance contre-révolutionnaire. Le capital n’en a pas moins été exproprié dans la partie Est de l’Allemagne et de l’Europe, la révolution chinoise victorieuse ; les Etats des autres puissances impérialistes ont été ébranlés, sinon disloqués, leurs économies ruinées. Les bourgeoisies ont été confrontées à des prolétariats en mesure de prendre le pouvoir n’avait été la politique de défense de l’ordre et de l’Etat bourgeois qu’ont pratiquée les PC, les Partis social-démocrates, les appareils bureaucratiques des organisations syndicales. L’impérialisme US dut prendre en charge la reconstruction du système capitaliste, établir un nouvel ordre impérialiste. C’est sous l’égide du capital financier (au sens où l’entendait Lénine) américain, en fonction de ses intérêts et pour accomplir cette tâche, qui trouva son prolongement dans la guerre froide contre l’URSS et les pays où le capital était exproprié, que fut orientée la politique du gouvernement des Etats-Unis.
Les accords de Bretton Woods, conclus le 22 juillet 1944, ont organisé un système monétaire et de paiements international sur la base du dollar qu’il domine et qui est son instrument. La déclaration de John Snyder secrétaire au trésor du gouvernement américain, au premier directeur du FMI, en date du 10/12/1946 a complété les accords de Bretton Woods. La FED s’engageait à délivrer de l’or, à raison d’une once contre 35 dollars, à toute banque centrale d’un autre pays qui le lui demanderait. Par les accords de Bretton Woods tout pays adhérent au Fonds Monétaire International devait fixer une parité fixe en or ou en dollar à sa monnaie et à défendre cette parité en intervenant sur les marchés des changes au cas de variation de + / - 1% de celle-ci sur celui-là. Leur monnaie étant convertible en or, "aux termes de l’article IV, section 4, pargraphe 6, [la déclaration Snyder] (cela) dispensait les Etats-Unis d’avoir à intervenir sur les marchés de change (pour défendre sa parité). Ceci créait une asymétrie entre les Etats-Unis et les autres membres du FMI. Ceci transformait le système de Bretton Woods en un système dont l’étalon était le dollar" (Le dollar, page 33. Jean Denizet). A noter que la majorité des monnaiesont été définies en parité-dollar sans référence directe à l’or.
C’est sur cette base que :
"Pour ne parler que du plan Marshall les pays d’Europe reçurent de la mi-1948 à la mi-1952 : 11,8 millards sous forme de dons et 1,8 milliards sous forme de prêts. Le Japon pour sa part a reçu : 950 millions en dons et 275 millions en prêts. C’était une opération très lourde." Toutefois "Les dons étaient pour la quasi-totalité en nature. Les pays receveurs devaient choisir dans d’immenses "listings" de biens disponibles ceux qui leur convenaient le mieux, dans les limites de leur allocation." (idem page 47)
Entre 1947 et 1965 la balance des paiements des USA a évolué de la manière suivante (en milliards de dollars) :
(Photocopie du tableau de "Le système monétaire international" page 111)
Évolution de la balance des paiements des États-Unis après 1945
(en milliards de dollars)
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1947-1949 : Après-guerre | | | | |
1950-1957 : Fin de la re-construction en Europe. Ralentissement de l’aide américaine............................. | + 17,8 | - 30,2 | + 2,3 | - 10,1 |
1958-1965 : Expansion des investissements américains à l’étranger............................... | | | | |
1947-1965 : Total............... | | | | |
Un autre tableau indique l’évolution de la balance des paiements américains 1968-1971 (en milliards de dollars).
L’évolution de la balance des paiements américaine 1968-1971 (en milliards de dollars)
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Balance commerciale.......................... | 0,6 | 0,6 | 2,2 | - 2,7 |
Balance commerciale (frêt inclus)....... | - 0,9 | - 1,1 | 0,1 | - 5,1 |
Balance des paiements courants.......... | - 0,3 | - 0,9 | - 0,6 | - 2,8 |
Balance de base................................... | - 1,8 | - 3,3 | - 3,0 | - 9,4 |
Balance des liquidités.......................... | 0,2 | - 7,0 | - 3,9 | - 22,0 |
Balance des règlements officiels......... | 1,6 | 2,7 | - 9,8 | - 29,7 |
De ces tableaux ressort très bien la croissance des déficits des balances des paiements américains. Ces gigantesques et croissants déficits n’ont pu être couverts qu’en raison de la position privilégiée du dollar dans le système monétaire et de paiement international : la FED a pu émettre sans limitation, ni contrainte des dollars. Ils ont circulé ainsi qu’une monnaie mondiale ou ont été tésaurisés par les banques centrales.
Au cours des années qui vont de la fin de la IIème guerre mondiale à 1971 le dollar à 35 dollars l’once, c’est-à-dire bien au-dessus du prix qui aurait du être le sien, a donné un grand avantage aux firmes américaines pour qu’elles prennent des participations dans des entreprises situées hors des Etats-Unis, ou même qu’elles en prennent le contrôle, pour constituer et développer des multinationales industrielles, commerciales et financières. Selon une statistique publiée par "Comprendre l’économie mondiale" (J.M. Albertini et A.Silem, page 56), l’investissement direct des firmes américaines hors des USA serait passé de 11,788 milliards de dollars en 1950, à 84,95 milliards de dollars en 1971.
Mais les déficits des balances des comptes ne viennent cependant pas de là :
"1. Le solde déficitaire de la balance des paiements américains est principalement lié aux dépenses du gouvernement américain, auxquelles viendront s’ajouter, à partir de 1970, un déficit important de la balance commerciale (- 51 milliards entre 1970 et 1977) et des sorties de capitaux à court terme cherchant des dépôts de monnaie plus sûrs que le dollar ou, surtout, correspondant à des prêts des banques américaines au reste du monde (- 84 milliards entre 1970 et 1977). Par contre, à aucun moment les investissements directs américains ne se traduisent par une sortie nette de dollars. Les revenus rapatriés compensent toujours les sorties de capitaux. Durant la période 1970-1977, 31,5 milliards de dollars de sortie de capitaux sont largement balancés par 91,8 milliards de dollars de revenus rapatriés. Pour l’ensemble de la période 1946-1977, à 70,5 milliards de sorties de capitaux allant s’investir directement répondent 163,4 milliards de profits rapatriés.
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Or à partir de 1949 et de la guerre de Corée les dépenses américaines à l’étranger sont en grande partie militaires.
La position du dollar dans le système monétaire et des paiements de Bretton Woods a permis à l’impérialisme américain d’impulser l’économie américaine au moyen d’une sorte d’économie permanente d’armements, d’un gigantesque parasitisme. La photocopie de gauche, extraite de "Military expansion, economic decline" (Robert W.W. De Grasse Jr) établit en dollars de 1983 la courbe du budget militaire des USA de 1945 à 1988. La photocopie de droite indique les pourcentages de PNB consacrés de 1947 à 1988 au Budget de la défense.
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Cette politique, ce parasitisme, a nourri le capital financier et a impulsé sa croissance, tant par les marchés qu’elle a ouverts aux firmes industrielles, que par les exigences de son financement. Relativement rapidement elle a ébranlé la position du dollar et, corrélativement, le système monétaire et des paiements établi à Bretton Woods. La décennie 60 est celle de la dégradation du système jusqu’à sa ruine. Effet secondaire mais d’importance majeure c’est également celle de l’essor de ce qu’on a appelé les "Eurodollars" (ce n’est pas le lieu d’analyser ce phénomène). Selon une statistique publiée dans le livre de jean Denizet "Le dollar" (page 69) :
(en milliards de dollars) | annuelle | |
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Le 15 Août 1971 par sa déclaration où il annonçait officiellement que désormais le dollar ne serait plus librement convertible en or pour les banques centrales, Nixon mettait en pratique fin au système monétaire et de paiement établi à Bretton Woods.
Le système de Bretton Woods est mort de la politique économique et financière des USA qui, en utilisant à fond le privilège que ces accords lui attribuaient, lui a permis de couvrir ses déficits par l’émission de dollars. Le dollar a même bénéficié du soutien des banques centrales souscrivant aux bons du trésor américain et concluant avec la FED des accords dits de "stand by" du soutien du "pool de l’or". Mais finalement l’issue était inéluctable. C’est une conséquence d’un immense parasitisme. Ce que n’expliquent généralement pas les "économistes", pas plus qu’ils n’expliquent que cette politique était celle du capital financier et qu’elle lui fut éminemment profitable. Généralement ils mettent l’accent sur
Il était dans l’ordre des choses que l’économie capitaliste se reconstruisant, l’écart existant au lendemain de la deuxième guerre entre les USA et les autres puissances impérialistes vainqueurs et vaincues diminuent. Mais le formidable parasitisme, l’économie d’armememtn des USA ont contribué à affaiblir relativement l’économie américaine par rapport à ses rivales, tandis qu’ils entraînaient l’ensemble. En ce qui concerne les investissements directs des différents pays à l’étranger des pays capitalistes dominants une statistique établit leur évolution ainsi :
Stock des investissements directs à l’étranger des pays développés à économie de marché
par principaux pays d’origine (1967-1976)
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Luxembourg | | | | | |||||
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Production des filiales des sociétés internationales en milliards de $
croissance | |||||||||||
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Annonçant le 15 Août 1971 la fin officielle de la convertibilité, pour les banques centrales, Richard Nixon martelait :
"Aujourd’hui, en grande partie grâce à notre aide, elles ont retrouvé leur dynamisme et sont devenues de fortes concurrentes. A présent qu’elles sont économiquement puissantes, le moment est venupour elles de porter une part équitable du fardeau pour la défense de la liberté dans le monde. Le moment est arrivé pour que les principales nations se fassent concurrence sur un pied d’égalité. Il n’y a plus de raison que les Etats-Unis luttent avec une main attachée derrière le dos."
Le tableau suivant indique l’évolution des investissements croisés entre pays capitalistes dominants.
Tableau 5.15 : Flux d’investissements croisés entre pays capitalistes industrialisés,
1967-1976 (en milliards de dollars)
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Entre 1971 et 1975 les balances américaines ont évolué ainsi que l’indique le tableau suivant :
Balances des USA (milliards de dollars)
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1) Balances commerciales | | | | | |
2) Services et transferts | | | | | |
3) Balances courants (1 + 2) | | | | | |
4) Mouvements de capitaux à long terme | | | | | |
5) Balances de base (3 + 4) | | | | | |
6) Mouvements de capitaux à court terme | | | | | |
7) Erreurs et omissions | | | | | |
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Balance des liquidités | | | | | |
Ce tableau est extrait de la note 8 des "Cahiers français" de juillet-septembre 1976. Elle remarque :
"Ce retour à un excédent commercial résulte d’abord du fait que la récession qui s’est traduite aux USA par un recul du PNB de 1,8 % en 1974 et 2 % en 1975 a eu pour conséquence une chute du volume des importations de 3,4 % en 1974 et 11,5 % l’an passé selon les estimations actuellement disponibles ; cette chute a succédé à une tendance déjà assez nette à la modération du rythme des achats américains en 1973 (+ 4,7 %) au regard de la croissance du PNB (5,3 %) cette année-là."
La "relance", pour surmonter la phase aiguë de 1975 de la crise de l’économie capitaliste s’est effectuée par des moyens budgétaires et l’inflation de crédit. Mandel a noté dans son livre "La crise 1974-1982" :
De 1977 à 1979 : déficit de la balance commerciale - 94 milliards de dollars, années 1977-1978 : déficits additionnés de la balance des paiements courants : 68 milliards de dollars. Au cours de ces années la hausse des prix atteint
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USA | | | | | | | |
Japon | | | | | | | |
RFA | | | | | | | |
France | | | | | | | |
Italie | | | | | | | |
R.-U. | | | | | | | |
Les taux d’intérêts nominaux des bons du trésor à six mois varient comme suit :
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Pour avoir l’intérêt réel il en faut déduire les taux d’inflation.
De 1970 à 1979 l’endettement fédéral a évolué ainsi :
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Le n° du 16 octobre 1978 de "Business Week" écrit :
"Plus inquiétant est le fait que la dette des consommateurs a augmenté de 49 % et atteint 200 milliards de dollars, que les hypothèques sur l’habitat aient grimpé de 5 %, atteignant 750 milliards de dollars et que l’endettement du gouvernement des USA, trésor et agences fédérales compris, ait augmenté de 47 % et atteint 825 milliards de dollars.
"Ce qui a certainement été valable pour les quatre dernières années. Durant cette période, la réserve fédérale, comme les banques centrales de tous les pays industriels ont fait tourner la plache à billets à une allure étourdissante. De fait, le marché de l’Euro-dollar qui représentait moins de 200 milliards de dollars en 1974 a boublé et représente maintenant 400 milliards de dollars. Sans aucun doute cette mer de liquidités a maintenu à l’écart de la récession. Elle a aidé les pays les moins industrialisés de survivre à la récession qui a suivi l’augmentation par quatre du prix du pétrole."
Le parasitisme a nourri une fois encore la "relance". Il a été financé par l’inflation (inflation monétaire et de crédit), mais aussi par un recours de plus en plus important à l’emprunt, le capital financier en a été le grand bénéficiaire et il n’a cessé de se renforcer.
1978 marque un tournant dans le mode de financement du parasitisme. Sur les marchés monétaires le dollar s’effondre. Avec de nombreuses oscillations il passe de
Cours du dollar
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Quant au prix de l’once d’or il est passé de 35 dollars en 1970 à 200 au début 1975, à un peu plus de 100 au milieu de 1976 et à 275 dollars environ fin octobre 1978.
Il devient impossible à l’impérialisme américain de laisser chuter encore le dollar sans provoquer une crise monétaire et financière destructive aux USA et inernationale. Aussi en novembre 1978 Carter annonce le plan qui désormais portera son nom :
"Mobilisation d’un fonds correspondant à 30 milliards en DTS ou en devises étrangères ; tirage de 3 milliards de dollars sur le FMI ; vente de 2 milliards de DTS, accord de "SWAP" (crédits réciproques entre banques centrales à court terme mais renouvelables, en devises étrangères), 6 milliards auprès de la Bundesbank, 5 milliards de dollars auprès de la Banque du Japon, 4 milliards auprès de la Banque nationale suisse, émission de 10 milliards de bons du trésor achetés par la Bundesbank, la Banque nationale suisse, mais cette fois (c’est très important) libellés en marks, en yens, en francs suisses, donc remboursables dans ces devises."
"Immédiatement le dollar remontait par rapport à l’or et aux autres devises. Mais quelques jours après la tendance à la dépréciation du dollar réapparaissait."
"Cette hausse était indispensable pour attirer les capitaux flottants et spéculatifs. En 1980 la hausse des prix a atteint 13,6 %. La différence entre la hausse des prix et le taux d’intérêt donne une idée du profit réel."
En 1978 Paul Volker, nommé par Carter, accède à la direction de la FED. A une politique inflationniste va succéder une politique dite "monétariste". Elle consiste en un freinage de la croissance de la circulation monétaire, de l’inflation de crédit, de plus en plus financement des déficits par l’emprunt et, complémentairement, suppression progressive des contrôles sur le capital financier dont le rôle et le poids ne cessent de croître.
Mais le volant d’entraînement de l’économie américaine (et par extension de l’économie capitaliste en général) reste le parasitisme, l’économie d’armement.
Enaoût 1980 le taux de base des banques (court terme) américaines atteint 20,5 % et en décembre 21,5 %.
S’ouvrent alors les années Reagan en même temps que se produit la "récession" 1980-1982. Comme précédemment la relance est assurée par un accroissement massif des dépenses militaires.
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Budget de la Défense | | | | | | | | | | |
Déficits: | | |||||||||
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Taux de base des banques | | | | | | | | | ||
mark | | | | | | | | | | |
dollar { | yen | | | | | | | | | |
franc | | | | | | | | | |
"Le Monde diplomatique" de mars 1991 a publié le tableau suivant :
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Dette publique | | |
Dette des autorités subnationales | | |
Dette des entreprises | | |
Dette des consommateurs | | |
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Produit National Brut | | |
Dette extérieure | | |
Services de la dette fédérale en % des dépenses fédérales | | |
Épargne des ménages | | |
A des variantes près l’ensemble des puissances impérialistes ont appliqué au cours des années 80 cette politique "monétariste", de financement des déficits par l’emprunt, de suppression de toute entrave à la circulation du "capital argent" notamment.
L’endettement des pays semi-coloniaux s’est accru de façon gigantesque : il est passé de 500 milliards de dollars environ en 1980, à 1 400 milliards environ en 1990.
Une conclusion se dégage à l’évidence : le capital financier est un produit de l’économie capitaliste et un facteur agissant de cette économie. Il lui est organiquement et indissociablement lié. Le parasitisme le nourrit et le renforce, il renforce et nourrit le parasitisme. Tant que subsistera l’économie capitaliste, il subsistera.
Bien sûr depuis Lénine l’impérialisme a connu développement et modifications. Par exemple le "partage du monde" ne se présente plus de la même façon. Sous l’effet de la vague révolutionnaire de la fin et de l’après deuxième guerre mondiale, de la lutte des peuples colonisés et aussi de la politique de l’impérialisme US la domination coloniale directe a disparu, mais en Afrique, en Océanie et dans nombre de pays d’Asie, les pays de ces continents sont restés ou sont devenus des pays semi-coloniaux dont l’indépendance politique est plus ou moins formelle, et la subordination économique et financière aux puissances impérialistes est écrasante. Parmi ces puissances l’impérialisme américain se taille la part du lion.
D’autre part Lénine écrivait dans sa brochure sur l’impérialisme :
Revenons à la nouvelle formule magique "la mondialisation du capital". Une première contradiction saute aux yeux : c’est plutôt la concentration du capital dans les pays capitalistes dominants et leurs zones dont il faudrait parler. Lorsque l’on prend la répartition des échanges internationaux, on constate qu’en 1983 :
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Dans son livre "la mondialisation du capital" François Chesnais écrit :
Ceux-ci ne sont plus seulement des pays subordonnés, réserves de matières premières subissant les effets conjoints de la domination politique et de l’échange inégal, comme à l’époque "classique" de l’impérialisme. Ce sont des pays qui ne présentent pratiquement plus d’intérêt, ni économique ni stratégique (fin de la "guerre froide"), pour les pays et les firmes situés au coeur de l’oligopole. Ce sont des fardeaux purs et simples. Ce ne sont plus des pays promis au "développement", mais des zones de "pauvreté" (mot qui a envahi le langage de la Banque mondiale) dont les émigrants menacent les "pays démocratiques".
Si l’on met de côté le petit nombre de nouveaux pays industriels (les NPI) qui avaient franchi, avant 1980, un seuil de développement industriel suffisant pour leur permettre de s’adapter, avec beaucoup de difficultés (D. Ernst et D. O’Connor, 1989 et 1992), aux nouveaux rythmes de la productivité du travail et de demeurer compétitifs, ainsi qu’un petit nombre de pays associés aux trois pôles de la Triade, on observe une tendance très nette à la marginalisation des pays en développement. Elle a été marquée, dans les années 1980, par un très fort recul des IDE et des transferts de technologie en direction de la grande majorité de ces pays, ainsi que par un début d’exclusion du système des échanges de beaucoup de pays producteurs de produits de base. Comme nous le rappellerons dans le chapitre 8, ces pays ont été atteints de plein fouet, à la fois par la conjoncture mondiale et par les bouleversements technologiques survenus au centre du système, dans le sens de la substitution de ressources traditionnelles par des produits intermédiaires industriels résultant d’industries intensives en recherche-developpement [R-D] (nouveaux matériaux et biotechnologies). E. M. Mouhoud (1993) utilise le terme de "déconnexion forcée" pour caractériser cette marginalisation de parties entières de continents du système des échanges."
Le mouvement ne concerne pas seulement l’IDE, la même tendance au recentrage "triadique", et donc à la marginalisation des pays exclus des processus qui la commandent, est également à l’oeuvre dans les échanges commerciaux. On constate que le commerce au sein de la "Triade" a lui aussi augmenté plus rapidement que l’ensemble du commerce mondial, passant de 13 a 17 % de ce dernier au cours de cette période."
En même temps que l’expression "mondialisation du capital" une autre expression fait florès : "la Triade". Dans une note au bas de la page 47 de son livre "la mondialisation du capital" François Chesnais nous informe que
Si ce schéma a un sens c’est d’abord et avant tout que les IDE, y compris s’ils se font sous la forme d’investissements croisés et par acquisition et fusion d’entreprises sont faites par et sont sous la coupe des vieilles puissances impérialistes - les Etats-Unis, le Japon et les différentes puissances impérialistes d’Europe (il n’y a pas de "capital de la CE"). L’expression "la Triade" est un maquillage, une escroquerie qui masque le fait essentiel : dans une coopération-conflictuelle, le capital financier des vieilles puissances impérialistes continue à se partager le monde. Il ne s’agit pas d’une nouvelle période historique "la mondialisation du capital", ou encore "nouvel âge du capitalisme" ainsi que veulent le faire croire les économistes idéologues bourgeois et pro-bourgeois, mais d’un nouveau développement de l’impérialisme que Lénine a qualifié de "stade suprême du capitalisme".
Les entreprises multinationales, les investissements à l’étranger ne sont pas des nouveautés (voir début de ce texte). Louis Gill fournit encore les tableaux suivants :
Tableau 4.2 : Accroissement du nombre de filiales industrielles à l’étranger des principales EMN, 1914-1970
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n = nombre de filiales ; % = taux moyen annuel d’accroissement
Pays | | | | |
Etats-Unis | | | | |
Grande-Bretagne | | | | |
RFA | | | | |
Japon | | | | |
Suisse | | | | |
France | | | | |
Canada | | | |
Tableau 4.4 : Répartition de l’implantation des BMN en 1977
Pays d’origine Zone d’implantation | | | | | | | | | | | | |
Europe | | | | | | | | | | | | |
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Amérique du | | | | | | | | | | | | |
Nord | | | | | | | | | | | | |
Amérique | | | | | | | | | | | | |
latine | | | | | | | | | | | | |
Afrique | | | | | | | | | | | | |
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Moyen-Orient | | | | | | | | | | | | |
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Asie | | | | | | | | | | | | |
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Pacifique | | | | | | | | | | | | |
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Total | | | | | | | | | | | | |
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* Les pourcentages entre paraenthèses représentent le degré de contrôle d’une zone par un pays. Les sommes horizontales = 100 %.
Source : W.Andreff et O.Pastré, op. cit., p. 43. Tableau construit à partir des données de "Who Is Where in World Banking", 1978.
Dernier tableau
Tableau 5.17 : Importance relative des exportations et de la production effectuée à l’étranger, pays capitalistes développés en 1971 (en milliards de $)
Pays | ---------- | ---------- | ---------- |
| | | |
É-U | | | |
G-B | | | |
France | | | |
RFA | | | |
Suisse | | | |
Canada | | | |
Japon | | | |
Suède | | | |
Italie | | | |
Total pour tous les | |||
pays capitalistes industrialisés | | | |