SOMMAIRE
CPS N° 91                                                                                              5 OCTOBRE 2002


Déclaration du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire,
de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire :

(Supplément à "Combattre pour le socialisme" n° 90 - 27 septembre 2002)
 
 

À BAS LA GUERRE IMPÉRIALISTE CONTRE L’IRAK !
À bas toutes les interventions impérialistes au Proche et Moyen-Orient
quelle que soit leur forme, avec ou sans l’aval de l’ONU !

Douze ans après la guerre impérialiste qui, en 1991, écrasa l’Irak sous les bombes, moins d’un an après l’intervention en Afghanistan, le gouvernement américain déclare vouloir en finir, militairement, avec l’actuel gouvernement irakien. Le prétexte ? Le gouvernement irakien constituerait une menace pour les Etats-Unis, il détiendrait des armes bactériologiques, chercherait à se doter d’armes nucléaires, et refuserait que les "inspecteurs" envoyés en Irak après sa défaite en 1991 puisse faire vraiment leur travail. Ces raisons sont une pure mascarade : il suffit de considérer l’écrasante différence des forces en présence, d’autant plus écrasante que l’armée irakienne a quasiment été anéantie en 1991, que l’aviation américaine et anglaise (avec, durant un certain temps, la participation de l’armée française) a poursuivi ses raids et que l’économie irakienne, asphyxiée par l’embargo, est moribonde.

Les véritables raisons à l’intervention qui se prépare sont ailleurs : la volonté des Etats-Unis de s’assurer le contrôle des réserves pétrolières de l’Irak est exacerbée par le fait qu’ils sont sous la menace d’une crise économique et financière sans précédent. Il leur faut en outre reprendre en main l’Arabie Saoudite – pourtant inféodée aux États-Unis – mais qui s’avère un allié peu fiable, miné par la corruption et les contradictions. Ces buts s’intègrent à des objectifs politiques et militaires de grande ampleur.

CONTINUITÉ DES INTERVENTIONS IMPÉRIALISTES.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’impérialisme américain s’est assuré le contrôle du Proche et Moyen-Orient, au détriment de ses vieux rivaux anglais et français. Il a armé et financé l’État d’Israël pour en faire son bras armé dans la région, s’est assujetti la plupart des gouvernements arabes de la région. Il a soutenu la sanglante dictature du Shah jusqu’à 1979, ce régime constituant pour l’impérialisme le principal gendarme de cette région. Il s’est assuré le contrôle des principales ressources pétrolières du Golfe persique. Mais la mobilisation des masses, et finalement la révolution iranienne en 1979, a bouleversé ce dispositif. Depuis, les Etats-Unis n’ont eu de cesse de combattre pour rétablir leur contrôle sur cette région. En 1980, pour briser la révolution iranienne, ils ont poussé l’armée irakienne de Saddam Hussein à engager la guerre contre l’Iran, le gouvernement français participant alors à l’équipement de cette armée. Selon un récent numéro de l’hebdomadaire américain Newsweek, les Étas-Unis ont alors "commencé à fournir au dictateur Saddam Hussein des matériels militaires, y compris des cargaisons de bactéries, de champignons et de protozoaires".

Les victimes de cette guerre se sont comptées par millions. Finalement, l’impérialisme a dû menacer d’intervenir directement pour sauver l’Irak d’un effondrement militaire. Mais en Iran, cette guerre a permis au régime réactionnaire des mollahs de prendre le contrôle du pays.

L'IRAK AUX ABOIS.

Ruiné par ces années de guerre, le régime de Saddam Hussein a décidé alors d’envahir le très riche Koweït, réaffirmant ainsi sa vieille revendication sur cet Etat artificiel créé par l’impérialisme pour préserver ses intérêts pétroliers. Les Etats-Unis ont laissé Saddam Hussein s’engager au Koweït puis, avec l’appui des autres puissances, dont la France, ont écrasé l’Irak sous un déluge de bombes. 300 000 irakiens ont été tués. Mais de manière délibérée, les Etats-Unis ont décidé de préserver le régime de Saddam Hussein afin de laisser à celui-ci la tâche de briser, par la terreur, toute mobilisation des masses. Cette action policière du régime de Saddam Hussein a été complétée, depuis 1991, par des bombardements et par l’embargo qui condamne la population irakienne à une misère absolue.

1990-2001 : DES QUESTIONS NON RÉGLÉES.

Durant dix ans, l’impérialisme américain a conforté son emprise avec l’appui des régimes arabes réactionnaires sans véritablement arriver à stabiliser la région. Il a appuyé sans réserve l’offensive de l’État d’Israël pour en finir avec la résistance du peuple palestinien, offensive politique (avec l’accord d’Oslo-Washington, qui, signé par l’OLP, a étranglé politiquement les palestiniens) et offensive militaire, celle-ci accompagnant la poursuite de le colonisation sioniste. Mais Israël n’a pas, seul, la force suffisante pour garantir la paix impérialiste au Proche et Moyen-Orient. En outre, il est facteur de déstabilisation pour tous les Etats arabes de la région dont les régimes, inféodés aux Etats-Unis mais politiquement fragiles, se heurtent à l’aspiration des masses arabes à mettre en échec la politique impérialiste.

Cette situation de relative instabilité était acceptable tant que la crise économique et financière semblait résorbée. Avec la réapparition de la crise au début de l’année 2001, menaçant de se transformer en crise aiguë, les Etats-Unis ont estimé qu’ils devaient tenter de rétablir un ordre impérialiste plein et entier au Proche et Moyen-Orient. Les attentats du 11 septembre ont donné l’occasion de l’offensive : "Nous tenons une opportunité" déclara George Bush.

GUERRE EN AFGHANISTAN ET OFFENSIVE CONTRE LE PROLÉTARIAT.

L’ "opportunité" c’est d’engager simultanément l’offensive contre les peuples du Proche et Moyen-Orient et contre le prolétariat américain. L’"union sacrée" réalisée aux États-Unis a permis de procéder à des licenciements massifs et à une aggravation des conditions de travail. Sur le plan militaire, l’offensive en Afghanistan avec le soutien, entre autres, de l’armée française, a permis d’installer à Kaboul un régime totalement soumis aux États-Unis, mais fragile.

"LA BATAILLE EST PLUS LARGE"

L’objectif ne se réduisait pas à l’Afghanistan. Il s’agissait de tenter d’instaurer un ordre impérialiste stable au Proche et Moyen-Orient et d’arriver à une situation où, en particulier, cesserait toute résistance du peuple palestinien: "Aujourd’hui nous visons l’Afghanistan, mais la bataille est plus large" explique alors Bush. "Combattre pour le Socialisme" précisait l’objectif : "Il s’agit désormais pour le gouvernement Bush de préparer l’étape suivante, laquelle doit prendre en compte l’acharnement à résister des masses palestiniennes, et la nécessité pour les Etats-Unis d’en finir avec le gouvernement de Saddam Hussein, sans déstabiliser toute la région". Le 10 juin 2002, le secrétaire américain à la Défense confirme cet objectif : Donald Rumsfeld annonce qu’il "espérait" que le régime irakien serait renversé durant son mandat, c’est-à-dire avant 2004.

GUERRE IMPÉRIALISTE ET CRISE ÉCONOMIQUE.

Mais début juillet, la crise économique et financière aux États-Unis, que le gouvernement espérait surmontée, rebondit. Le 31 juillet, un quotidien financier peut titrer :"la crise boursière sape le moral des américains" et ceci à quatre mois des élections intermédiaires américaines. Coïncidence? Les débats sur une intervention militaire en Irak rebondissent à Washington, cette intervention paraissant soudain plus urgente :"Si tu as des ennuis de politique intérieure, tape sur Saddam Hussein" conseillait Bush (père) à son successeur Clinton… Or, c’est une crise profonde qui menace l’ensemble de l’économie américaine. Le gouvernement de Bush cherche à repousser cette crise, en particulier en relançant l’économie d’armement, et en tentant de rétablir son plein contrôle sur la production mondiale de pétrole (ramener le prix du baril de pétrole à dix dollars réduirait de moitié un déficit commercial abyssal).

CONTRE TOUTE FORME D'INTERVENTION IMPÉRIALISTE, Y COMPRIS DE L'IMPÉRIALISME FRANÇAIS.

Mais il ne s’agit pas que de l’impérialisme américain. Le gouvernement français, une fois encore, se déclare prêt à participer à la guerre, pour peu qu’il y ait un "mandat" de l’ONU. Mais c’est au nom de l’ONU que, entre autres, se poursuit depuis 1990 l’écrasement du peuple irakien. Impérialisme de troisième rang, l’impérialisme français tente de préserver ses intérêts dans les pays arabes tout en se soumettant aux exigences américaines. Il n’appartient pas aux organisations du mouvement ouvrier d’"accompagner" cette politique. À l’inverse elles doivent dire: " aucune intervention contre les peuples du Proche et Moyen-Orient, avec ou sans résolution de l’ONU"! C’est ce que les travailleurs et la jeunesse d’Allemagne ont signifié par leur vote à l’occasion des récentes élections législatives : c’est parce qu’il s’est prononcé contre toute intervention de l’Allemagne en Irak, même sous mandat de l’ONU, que Schröder (candidat du Parti social démocrate), a pu éviter la défaite qui était annoncée. Face à une telle guerre conduite contre un pays dominé, les organisations ouvrières ne peuvent être qu’aux côtés du peuple irakien et de l’Irak(indépendamment de son régime), contre la guerre impérialiste. Pour ces raison, la responsabilité des dirigeants des organisations ouvrières françaises, partis et syndicats, est d’abord de se prononcer clairement :

À bas la guerre impérialiste contre l’Irak ! Halte à l’embargo et aux raids aériens !

À bas toutes les interventions impérialistes contre les peuples du Proche et Moyen-Orient,
quelle que soit leur forme, avec ou sans l’aval de l’ONU !

Retrait des forces impérialistes – françaises inclues !

Sur cette base, que ces dirigeants organisent la mobilisation dans l’unité.



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