SOMMAIRE

CPS N° 90                                                                                                                            1er JUIN 2002



LE GOUVERNEMENT CHIRAC, GOUVERNEMENT DE COMBAT CONTRE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC

Le 21 avril, dès le premier tour le candidat investi par le Parti Socialiste, Lionel Jospin, était éliminé. Il ne restait en lice que deux candidats de partis bourgeois, Chirac et Le Pen .

Les dirigeants du PS, du PCF - et à leur suite ceux de la LCR - appellent aussitôt à voter Chirac. L’ensemble des dirigeants syndicaux, au premier rang desquels se situent les dirigeants des syndicats enseignants de la FSU, du SE appellent également à voter Chirac pour "défendre les valeurs républicaines". Ainsi Chirac est-il plébiscité (voir éditorial).

Les dirigeants de la FSU, du SE se félicitent de ce résultat. "Ce vote lève dans l’immédiat une hypothèque sur l’avenir de notre démocratie" indique le communiqué de la direction de la FSU le 6 mai. "C’est d’abord avec soulagement que beaucoup d’entre nous ont accueilli les résultats du 2ème tour", écrit Boisseau secrétaire général du SNES.

Pendant quinze jours, dans les établissements scolaires, les appareils syndicaux ont organisé un véritable matraquage pour que les collègues votent Chirac. A tous ceux qui tentaient de résister, il était expliqué que ne pas voter, c’était voter Le Pen. Il était expliqué aussi que le vote massif pour Chirac aurait pour effet… d’interdire à Chirac de mettre en œuvre sa politique, puisqu’il ne s’agirait pas d’un vote de soutien à son programme. Il ne fait aucun doute que nombre d’enseignants aient été abasourdis par la défaite du 21 avril, c’est à dire par l’effondrement du vote pour le PS et le PCF. Il ne fait aucun doute que, dans l’enseignement comme ailleurs, prenant appui sur cette défaite, les dirigeants ont pu mener à bien l’opération d’union nationale conduisant au plébiscite pour Chirac.

Contribuer à ce que ce désarroi soit surmonté, c’est établir clairement la nature du gouvernement Chirac, comme un gouvernement archi réactionnaire, comme un gouvernement de combat contre l’Enseignement public et le corps enseignant. C’est indiquer l’axe politique sur lequel peut se reconstituer la résistance des enseignants aux plans de la bourgeoisie, à savoir le combat pour imposer aux dirigeants syndicaux que soit rompu le "dialogue social", c’est à dire la coopération des directions syndicales avec le gouvernement, sans lequel celui-ci, même avec l’appui que constituent pour lui les résultats du 5 mai, ne peut pas passer. C’est ce à quoi entend contribuer cet article.

FERRY CHARGÉ DE METTRE EN MUSIQUE LE PROGRAMME DE CHIRAC

La nomination de Ferry comme "ministre de la Jeunesse, de l’Éducation Nationale et de la Recherche" est significative comme l’est le libellé de son ministère lui-même.

Ferry a été nommé à la direction du Conseil National des Programmes par Bayrou, ministre du gouvernement Chirac-Balladur, puis du gouvernement Chirac-Juppé. A ce titre, il a été associé à toutes les entreprises de destruction des programmes nationaux, par exemple celle de la réforme Bayrou des collèges. Conservé par Allègre, puis par Lang, dans le cadre des gouvernements PS-PCF-MDC-Verts- Radicaux, il a pu continuer dans la même direction. Contre la volonté exprimée par l’élection d’une majorité PS-PCF, le gouvernement dirigé par Jospin, mettant ses pas dans les pas du gouvernement Chirac-Juppé a constamment gouverné et multiplié les contre-réformes visant à réduire les contenus disciplinaires, à liquider les diplômes nationaux, à briser les statuts des enseignants. Ainsi Ferry a pris une part active à la mise en place des "travaux personnels encadrés" en lycée, des "itinéraires de découverte" au collège, comme il a pris une place prépondérante à la programmation de l’ignorance que constituent les nouveaux programmes du primaire.

Conclure d’un tel parcours que la constitution du gouvernement Chirac ne change rien pour les enseignants, qu’il s’agit de la reconduction à l’identique de la même politique serait pourtant une grave erreur. Quelle qu’ait été la brutalité de l’offensive subie par les enseignants ces dernières années, par de nombreux aspects, cette offensive du point de vue des exigences de la bourgeoisie est restée en chemin. Par exemple, le baccalauréat comme diplôme national n’est atteint qu’à la marge, puisqu’il donne encore le droit de s’inscrire à l’Université, et que la grande majorité de ses épreuves restent anonymes et continuent à offrir les garanties d’un examen. Le statut des enseignants a certes été sérieusement écorné avec l’annualisation en Lycée Professionnel comme dans le supérieur, mais la généralisation de l’annualisation reste à faire. Par ailleurs les enseignants continuent de relever sur le plan pédagogique d’un corps d’inspecteurs d’État, recrutés sur la base de leurs compétences pédagogiques, anciens enseignants eux même. L’objectif qui consiste à en faire des employés des chefs d’établissements, de leurs conseils d’administration et à travers eux des diverses féodalités locales, ramenant la condition d’enseignant à celle qu’elle était avant même la constitution de l’école publique au milieu du XIXème siècle n’est pas encore atteint. Il supposerait d’ailleurs que l’enseignement soit totalement régionalisé, que le statut de fonctionnaires d’État des enseignants soit liquidé.

Contre l’enseignement public, la bourgeoisie s’impatiente. Récemment, deux "associations de parents d’élèves", dont l’une est en réalité l’émanation de l’UMP chez les parents d’élèves (la PEEP), l’autre la voie de la hiérarchie catholique (l’UNAPEL) ont tenu congrès. Elles y ont exprimé clairement cette impatience. Ferry exécutant de Chirac doit y répondre. La conférence de presse du 23 mai manifeste clairement son intention d’y répondre

L'EXTRÊME SOLLICITUDE DU GOUVERNEMENT CHIRAC POUR LA JEUNESSE

Nous l’avons dit : le libellé du ministère est très significatif. Il est caractéristique que ce ministère soit le ministère non seulement de l’Éducation nationale mais encore de la jeunesse.

On peut remarquer que les premières lignes de la conférence de presse de Ferry sont consacrées à un "hommage" à la mobilisation de la jeunesse qui aurait "exprimé un message... en se mobilisant pour dire son attachement aux valeurs fondamentales de la République, à la dignité de la personne humaine, à la tolérance et à la solidarité contre toutes les formes de racisme, de xénophobie et d’exclusion". Dans le passé les gouvernements dont Chirac a été le Premier ministre notamment nous avait plutôt habitués à combattre la jeunesse et ses aspirations jusqu'à l’assassinat de Malik Oussekine en 1986. Quelle étrange sollicitude, aujourd’hui....

Il est vrai que, plus encore que le prolétariat, la jeunesse a été désorientée, abasourdie parfois, par la défaite du 21 avril. La jeunesse, "plaque sensible" des rapports entre les classes comme l’indiquait Lénine, exprime de manière directe ces rapports. Après le 21 avril, il y a eu certes de très importantes manifestations de la jeunesse, provoquées par la répulsion instinctive que lui inspire le populisme xénophobe de Le Pen. Mais la jeunesse s’est mobilisée sans boussole politique. L’absence de toute organisation révolutionnaire en son sein, la présence organisée à l’inverse de toutes les forces politiques actives sur la ligne de l’union nationale (aussi bien la FIDL, que les JC, les JCR etc.) ont permis de transformer les manifestations de la jeunesse en manifestations politiquement cadrées sur la ligne du plébiscite pour Chirac. Certes, tous les jeunes qui manifestaient n’étaient sans doute pas partisans du vote Chirac, mais le brouillard politique dans lequel se trouvaient la plupart de ceux ci rendait impossible qu’une autre orientation soit imposée dans ces manifestations. C’est ce qui permet à Yassir Fichtani, dirigeant de l’UNEF d’écrire : "Les résultats du 5 mai sont bons. Le Pen a été écrasé d’abord dans la rue puis dans les urnes...La Vème République n’est pas morte, elle peut se régénérer. Pour preuve, la mobilisation de la jeunesse qui a entraîné une prise de conscience."

Ferry et son maître Chirac le savent et entendent pousser leur avantage. Car inévitablement, la jeunesse cherchera à nouveau à combattre sur un terrain de classe, celui de la jonction avec le prolétariat. C’est pourquoi, le gouvernement Chirac doit tenter d’interdire toute organisation de la jeunesse sur son propre terrain comme il doit tenter de liquider toute organisation de classe du prolétariat. Ferry entend donc profiter de la situation pour organiser l’embrigadement de la jeunesse sur les objectifs du capital. Tel est le sens de l’ "engagement" que propose le gouvernement à la jeunesse. Il s’agit de faire entrer dans l’école l’ensemble des organisations caritatives, cléricales, "humanitaires" comme instrument de soumission de cette jeunesse. Ferry déclare : "Nous devons, dès maintenant, apporter des réponses concrètes aux jeunes qui souhaitent s’investir dans des oeuvres utiles à la collectivité, développer leurs talents, participer à la vie civique." Il s’agit d’une entreprise organisée. Ferry parle clairement à cet égard d’"orienter" les jeunes.

Il y aura un "livre de l’engagement", une "journée de l’engagement" qui "permettra aux élèves, aux apprentis et aux étudiants de rencontrer dans les établissements auxquels ils sont rattachés les représentants d’associations, de s’informer sur des projets en cours ou de présenter les leurs". A la volonté des jeunes de s’organiser politiquement contre l’ordre bourgeois, les gouvernements de la bourgeoisie ont longtemps opposé le masque hypocrite de la "neutralité politique" de l’école. Aujourd’hui le gouvernement Chirac se croit en situation de jeter le masque. C’est ouvertement qu’il entend organiser l’embrigadement de la jeunesse pour ses propres objectifs.

FERRY ET CHIRAC S'APPUIENT SUR LES "RÉFORMES" RÉACTIONNAIRES
PRISES ENTRE 1997 ET 2002.

Répétons-le : le gouvernement Chirac entend porter l’offensive contre l’Enseignement public à un tout autre niveau que ses prédécesseurs. Mais bien sûr, pour cela, il doit prendre appui sur les offensives déjà menées par le gouvernement dirigé par Jospin et ratifier celles qui sont en cours. C’est ce qu’indique la conférence de presse de Ferry.

Ainsi, Ferry entérine-t-il la programmation de l’ignorance contenue dans les derniers programmes édictés pour l’enseignement primaire - programmes qui font disparaître des pans entiers de l’instruction primaire, de l’étude du passé simple à la division à plusieurs chiffres. Ainsi, confirme t-il la réforme des collèges, en particulier ce qui en est le cœur, à savoir l’orientation vers l’apprentissage d’une fraction importante de la jeunesse ainsi déscolarisée (Il faut, dit Ferry, "imaginer les dispositifs permettant, sous la responsabilité du collège, de faire mieux appel au savoir-faire des formations professionnelles") . Ainsi, entérine-t-il la réduction des horaires disciplinaires au profit des "itinéraires de découverte" en collège et des "travaux personnels encadrés" en lycée ; ces derniers sont l’instrument de la liquidation du bac comme examen sur la base d’épreuves anonymes. Dans ce sens, il veut aller plus loin, d’une part en rendant obligatoire les TPE en Terminales, d’autre part en instaurant par leur biais le "contrôle continu" sous prétexte de "la lourdeur des modalités d’évaluation qui doivent être simplifiés". Enfin, Ferry confirme la volonté de mettre en œuvre à l’Université la réforme du précédent gouvernement, réforme qui pulvérise les diplômes nationaux quand elle ne fait pas disparaître purement et simplement leur reconnaissance - par exemple en ce qui concerne les diplômes à bac plus 2 (BTS, DUT, DEUG) ou bac plus 4 (maîtrise).

UN POINT D'APPUI POUR PASSER LA VITESSE SUPÉRIEURE.

Mais il ne s’agit pas d’en rester là. Jusqu'à ce jour, l’offensive contre le statut est restée à l’état d’ébauche. Il faut aller beaucoup plus loin. Pour cela, le maître mot est l’autonomie : "Ma volonté est de développer l’autonomie. Les plans nationaux n’ont eu trop souvent que des effets décevants... Nous devons dès maintenant donner une nouvelle impulsion au développement de l’autonomie des établissements et poursuivre la politique de déconcentration."

La politique de déconcentration a conduit précédemment par exemple à la liquidation du mouvement national des professeurs du second degré. Mais les ambitions de la bourgeoisie sont d’une autre ampleur. Il faut liquider le caractère national de l’Enseignement public : statut national des enseignants, diplômes et programmes nationaux. Il faut, dit Ferry que les "acteurs locaux" soient responsables du système éducatif. Les acteurs locaux, c’est à dire le patronat local, les collectivités territoriales notamment : "Les acteurs locaux de notre système éducatif, à l’instar de la grande majorité de nos concitoyens, souhaitent se réapproprier les problèmes qui les concernent directement, en être responsables et développer les rapports de proximité. Le rattachement de la jeunesse à notre ministère donne encore plus de pertinence à cette volonté de territorialisation".

Ferry sait que partout ailleurs en Europe, en Allemagne, en Italie, au Portugal, etc… la régionalisation du système scolaire est infiniment plus avancée. Il s’agit de se mettre au diapason. Pour cela, il faut prendre pleinement appui sur la réforme de l’ordonnance organique de 1959 : désormais, l’affectation de crédits est conditionnée par la définition d’objectifs. Sa traduction au niveau scolaire, c’est la constitution d’établissements concurrentiels, inégalement dotés sur le plan budgétaire, c’est à dire d’établissements "d’élite" et d’établissements " rebut".

Rien de tout cela n’est cependant possible, si localement les enseignants ne sont pas étroitement inféodés au chef d’établissement défini comme chef d’entreprise (Ferry n’évoque-t-il pas les "pratiques managériales" ?) D’où l’importance accordée à la question de l’encadrement.

Les enseignants sont fortement attachés à leur indépendance pédagogique. Le combat pour l’indépendance pédagogique est historiquement lié à la constitution du corps enseignant comme corps. C’est le mouvement par lequel les enseignants sont sortis de l’humiliante dépendance par rapport aux hobereaux locaux et aux représentants locaux du clergé. Elle signifie que, sur le plan de l’acte d’enseigner proprement dit, ils n’ont de compte à rendre qu’au corps des inspecteurs pédagogiques, eux même recrutés parmi les professeurs. Il ne s’agit évidemment pas d’idéaliser de quelque manière le corps des inspecteurs, fonctionnaires d’autorité dont l’indépendance par rapport au ministère est toute relative. Il n’empêche qu’aujourd’hui ce type de contrôle pédagogique, pour la bourgeoisie ne fait plus l’affaire. En particulier, il faut donner un rôle de contrôle pédagogique aux chefs d’établissements, contrôle en réalité très politique puisque le chef d’établissement n’a pas de qualification disciplinaire. Jusqu'à présent le rôle du chef d’établissement se limitait à un contrôle administratif. Il faut en finir avec cette limitation :

"Les cadres de l’éducation nationale doivent donc avoir une vision d’ensemble du système éducatif(...)Leurs champs de compétences ne peuvent plus être cloisonnés et bien des distinctions traditionnelles, comme celle qui opposait pilotage pédagogique et pilotage administratif, sont aujourd’hui obsolètes... Il est aujourd’hui urgent de redéfinir les missions des personnels d’inspection à tous les niveaux d’encadrement"

Tels sont les aspects essentiels de la feuille de route confiée par Chirac à Ferry.

POUR LA DÉFENSE DU STATUT, DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC :
ROMPRE AVEC LE "DIALOGUE SOCIAL".

C’est ce gouvernement Chirac que les directions syndicales dans l’enseignement ont immédiatement choisi de légitimer après les présidentielles. La tartufferie a consisté à faire comme si ce gouvernement était en quelque sorte à la croisée des chemins, pouvant ou bien gouverner pour la bourgeoisie ou bien pour les travailleurs et en défense de l’Enseignement public. Le sous-titre de l’US, hebdomadaire du SNES, daté du 10 mai osait affirmer : "Les personnels du second degré attendent des ruptures avec les politiques scolaires menées depuis de nombreuses années". En somme, pour les enseignants et selon la direction du SNES, la constitution du gouvernement Chirac aurait fondé de très grands espoirs...

Huit jours après, les mêmes dirigeants du SNES peuvent affecter d’être désillusionnés : "Le coup de semonce du 21 avril n’aura donc pas fait réfléchir ? Le gouvernement provisoire en profite pour mener campagne comme s’il était déjà installé. Il a déjà annoncé la couleur : réduction d’impôts, allégements des charges sur les bas salaires, renforcement du sécuritaire..." (L’US Mag, mai 2002). "Le gouvernement provisoire... installé" ? Mais installé par qui sinon par ces dirigeants même qui ont appelé au vote plébiscitaire et qui le lendemain de son installation se précipitaient au ministère ?

Une telle prise de position éclaire rétrospectivement le sens du vote Chirac préconisé par les dirigeants : derrière l’alibi de la lutte contre le "fascisme", c’est bien d’un soutien au programme politique de Chirac qu’il s’agit. Bien entendu, l’alibi de la "lutte contre le fascisme" pourra encore servir en particulier pour les législatives où les dirigeants s’apprêtent à nouveau à tirer un trait d’égalité entre candidats de l’U.M.P (et accessoirement de l’UDF) et ceux du PS et du PCF (là où il y en aura). Ainsi la direction du SNES propose-t-elle d’"interpeller les futurs candidats ou leurs partis respectifs" (sans distinction). Il est vrai que l’"interpellation" en question se fait sur la mise en œuvre... des exigences de la bourgeoisie telles "la liberté laissée aux équipes d’engager des projets interdisciplinaires articulés aux programmes" (c’est à dire l’"autonomie" des établissements, la destruction des distinctions des champs disciplinaires) ou encore "l’expérimentation de cycles pré professionnels pouvant inclure des collaborations avec des L.P ou d’autres structures du service public pour les élèves en rupture avec le collège" (US 569 du 10 mai)

(c’est à dire l’orientation dès la 4ème d’une partie significative des collégiens vers l’apprentissage, conformément à la fois à la réforme Lang et au programme de Chirac qui a préconisé qu’on passe du collège unique au "collège pour tous")

Les dirigeants de la FSU, du SE ont réclamé avec enthousiasme l’ouverture du "dialogue social" avec le gouvernement. Ils l’ont obtenu d’autant plus aisément que le gouvernement Chirac sait bien que, malgré le plébiscite du 5 mai, l’offensive qu’il prépare n’a de chance de succès qu’appuyé sur la coopération ouverte des dirigeants syndicaux.

La politique du "dialogue social" suppose que les directions syndicales engagent dans le syndicat lui-même la bataille pour que soient rejetées pour ainsi dire officiellement les revendications traditionnelles du corps enseignant, pour que soient ouvertement prises en charge par le syndicat les exigences de la bourgeoisie. D’ores et déjà sont prises des dispositions en ce sens. Il en va ainsi de la journée d’action du 25 mai. A l’origine, cette journée d’action avait pour objectif en particulier sur l’initiative de FO d’enterrer définitivement la mobilisation des instituteurs de Loire Atlantique en leur proposant - près de 4 mois après le début de leur mouvement ! - une pseudo manifestation nationale. Là dessus la direction de la FSU a décidé de greffer un "colloque" sur les services publics. La direction de la FSU dans une note interne au BDFN de la FSU éclaire très cyniquement le contenu de ce "colloque": "Nous ne voulons pas une réunion de défense et illustration des services publics et encore moins du statut des salariés de la Fonction Publique. D’où l’importance donnée aux interventions des "citoyens-usagers". Voilà qui est clair : prendre appui sur les "usagers" pour liquider le statut de la Fonction Publique : tel est l’objectif de la bourgeoisie et du gouvernement Chirac, tel est désormais celui ouvertement repris à son compte par la direction de la FSU.

LES TÂCHES IMMÉDIATES.

Désigner ce gouvernement Chirac pour ce qu’il est, telle est la première tâche dans l’enseignement. Combattre y compris dans le syndicat pour la défaite des candidats de Chirac aux législatives - ou tout du moins pour limiter au maximum leurs succès - en découle logiquement. Cela signifie : aucune voix pour les candidats de l’UMP, ni bien sûr pour quelque candidat bourgeois que ce soit (le FN, l’UDF, le "pôle républicain" etc.). L’indépendance de classe du syndicat implique : aucun ralliement au "front républicain" sous prétexte de combat contre le Front National.

L’indépendance de classe du syndicat signifie également : rupture du dialogue social avec le gouvernement Chirac, défense des véritables revendications.

C’est sur ces objectifs que peuvent être préparées les échéances de la lutte des classes à venir dont, inévitablement, un des enjeux majeurs sera la défense de l’enseignement public, comme une des pièces maîtresses de la défense des conditions d’existence du prolétariat.

1er Juin 2002.


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