ON NOUS COMMUNIQUE :
SYNDICAT CGT - CHU CLERMONT FERRAND
INTERVENTION AU 46ÈME CONGRÈS DE LA CGT
Strasbourg, 31 janvier au 5 février 1999
Intervention de Marie-Noëlle CHEVILLE - Santé, Puy-de-Dôme
En novembre-décembre 95, les agents hospitaliers du CHU de Clermont-Ferrand avec leur syndicat CGT, ont pris leur place dans les grèves et manifestations contre la " réforme Chirac-Juppé" de la Sécurité Sociale.
A plusieurs reprises des Assemblées Générales du personnel, unanimes, se sont adressées aux Directions des Confédérations Ouvrières pour qu'elles appellent toute la classe ouvrière à la grève générale.
C'était la seule voie possible pour infliger une défaite à Chirac-Juppé et à leur " réforme ". Des milliers de travailleurs ont senti que c'était possible et ça continue de nourrir leur réflexion aujourd'hui encore.
Malheureusement, nos dirigeants, avec ceux de FO, ont combattu contre ce mot d'ordre qui s'était pourtant fortement fait entendre dans le 45ème Congrès.
A l'époque, Louis Viannet avait déclaré qu'il n'était pas possible d'appeler à la grève générale, ni de renverser le gouvernement Chirac-Juppé faute d'une " solution politique de rechange ".
En juin 1997, pour défaire Chirac et ses réformes, les travailleurs ont porté une majorité de députés PS et PCF à l'Assemblée Générale.
En contradiction avec ce vote, en opposition à la volonté de ceux qui ont porté cette majorité PS - PCF à l'Assemblée Nationale, le gouvernement dit de la " Majorité plurielle " applique la réforme Chirac-Juppé de la Sécurité Sociale, pire, elle est élargie, étendue....
Dans les hôpitaux publics nous sommes confrontés aux fermetures d'établissements, de services, à une offensive sans précédent, pour aboutir à la réduction des effectifs, accompagnée d'une remise en cause de notre statut avec une voie ouverte aux licenciements.
Pour tenter d'arracher des postes, le personnel de l'Hôpital de Montluçon est en grève depuis plus de 1 00 jours ; à Clermont-Fd, les personnels de l'Hôpital Nord sont en grève depuis plus de 6 semaines sur les mêmes revendications. C'est un hôpital dit de long séjour ; pour réduire la fréquence des soins aux malades grabataires, on a inventé les couches qui ne sont changées que toutes les 12 heures. Dans cet établissement les personnels en arrêt pour maladie ne sont pas remplacés.
Dans tous les hôpitaux, la situation est aujourd'hui au-delà du supportable tant du point de vue des malades que de celui des personnels.
- Plus généralement, les salariés constatent que la poursuite de la mise en oeuvre de la " réforme " de la Sécurité Sociale, c'est:
1.- la liquidation du salaire différé,
2.- l'asphyxie des hôpitaux publics,
3.- la mise en place d'une médecine à deux vitesses,
4.- la -remise en cause des droits et des emplois des personnels de la Sécurité Sociale.
Pour unifier la résistance à la remise en cause du droit à la santé qui S'exprimeaujourd'hui en ordre dispersé, la CGT doit exiger de la majorité PS-PC à l'AssembléeNationale :
- l'abrogation des ordonnances d'application de la réforme,
- l'abrogation des décrets Juppé de juin 1997 et des décrets Aubry.
Mais ce n’est pas tout,
Dans cette situation déjà insupportable la Direction des Hôpitaux, au Ministère de la Santé, veut se saisir de la mise en oeuvre de la loi dite des 35 heures pour imposer:
" J'ai refusé l'agrément de ce protocole pour les motifs suivants :
- à la sortie du dispositif d'aides de l’État le financement des nouvelles embauches n'est pas assuré, puisqu'aucune modération salariale, notamment, n'est prévue. A moyen terme, cet accord constituera donc une charge nouvelle pour les financeurs publics,
- il manque à votre accord le calendrier et les modalités de mise en oeuvre de l'annualisation,
- au plan de l'organisation du travail, le sous-directeur du travail social regrette qu'on n'ait pas, par une meilleure organisation du travail mis fin à des taux d'encadrement trop élevés dans certains établissements ".
Soyons clairs, camarades. En novembre 1995, nous n'avons pas fait grève pour la " modération " salariale, la flexibilité, la réduction du nombre de postes statutaires.
Accepter la " modération salariale " c'est renoncer au combat pour que le travail soit payé à sa valeur, c'est renoncer à ce qui a toujours été un axe essentiel de la construction des syndicats ouvriers.
En novembre 95, nous n'avons pas fait grève pour les " réformes " dont le capitalisme a besoin pour sauvegarder ses profits, nous avons fait grève pour sauvegarder les conquêtes ouvrières.
Après la destruction de la propriété d'état dans l'ex-URSS on a entendu les capitalistes et les ex-staliniens proclamer que le capitalisme entrait dans une nouvelle jeunesse.
Il n'a pas fallu attendre 10 ans pour que la classe ouvrière russe paye cette " cure de jouvence " d'une formidable régression dans ses conditions d'existence.
De l'Asie du Sud Est au Brésil, la crise mondiale du capitalisme étend ses ravages.
Les " réformes " que le gouvernement Brésilien tente d'appliquer contre la classe ouvrière sont les mêmes que partout ailleurs : baisse des salaires par le jeu de la dévaluation, réduction des dépenses publiques, fermetures d'entreprises jugées " non compétitives ", remise en cause des retraites.
Les " réformes " nécessaires au capitalisme, c'est le talon de fer sur la classe ouvrière.
Dans l'automobile on annonce de nouvelles concentrations, en clair cela veut dire des dizaines de milliers de licenciements.
C’est ce à quoi se prépare PSA à travers l'opération dite " rajeunissement deseffectifs " avec le triple objectif d'éliminer les salaires les plus élevés, d'embaucher à des conditions plus défavorables et d'imposer à tous les personnels la flexibilité et l'annualisation.
C'est PSA, mais pas seulement. Que l'on me cite un seul accord, signé ou pas, par lequel le patronat n'aurait pas obtenu en réduction de salaire, en flexibilité, en démantèlement de conventions collectives et des statuts, bien plus qu'il n'avait pu le faire auparavant.
La politique pour l'emploi du gouvernement, c'est la politique des petits boulots, jusque dans la fonction publique avec les emplois jeunes.
C'est mentir aux travailleurs que dire que l'on pourrait combattre le chômage sans combattre le capitalisme et, par conséquent, sans combattre le gouvernement qui prend en charge la défense de ses intérêts.
NON, camarades, c'est pas entreprise par entreprise qu'on peut faire reculer les " réformes " de régression sociale. C'est en infligeant une défaite à ceux qui élaborent les lois au service du patronat. C'est en infligeant une défaite au gouvernement en lui imposant l'abrogation de la loi dite des 35 heures.
Novembre - Décembre 95 c'est aussi le recul que le gouvernement avait dû opérer sur la question des retraites des fonctionnaires.
Or, le patronat veut récupérer nos cotisations, il veut instituer les fonds de pension rebaptisés par Chirac : " Epargne retraite ".
Aux Etats Unis, les directions syndicales se sont largement engagées dans ce processus. Elles participent à la gestion des fonds de pension. On a vu ainsi des dirigeants syndicaux voter des licenciements pour favoriser leurs " investissements " ! A la solidarité ouvrière du système par répartition est substituée la solidarité avec les patrons pour la compétitivité de l'entreprise.
Dans cette situation, la CFDT par la voix de Mme Notat déclare : " La CFDT sera peut-être rapidement au centre de la controverse (sur les retraites) comme elle l'a été pour la réforme Juppé de la Sécurité Sociale ".
C'est sur cette orientation qu'elle appelle la direction de la CGT à son secours parce qu'elle a tiré le bilan de 95 et que, seule à soutenir ouvertement le gouvernement, elle n'a pu endiguer le mouvement de la classe ouvrière.
Mme NOTAT, le patronat et le gouvernement nous appellent à venir en discuter, à établir un " diagnostic " et à partager le constat que " ça ne peut pas durer ", qu'il faut " changer quelque chose ", ce qu'on nous demande, c'est d'accréditer l'idée auprès des travailleurs que de toute façon on ne peut pas sauver notre régime de retraite.
J'ai lu dans " Pour " la revue de la FSU une interview de Bernard THIBAULT dans laquelle il dit qu'" on ne doit pas se retrouver dans la situation de 95 avec des organisationssyndicales aux positions contradictoires ! Il précise qu'il faut que les organisations syndicales ... s'expriment, si ce n'est d'une même voix, au moins avec des voix convergentes. "
Camarades, converger avec la CFDT, c'est prendre position pour les fonds de pension. L'autodissolution de " l'opposition " à la direction de cette organisation, qui affiche ouvertement son soutien au patronat et au gouvernement, manifeste on ne peut plus clairement qu'elle n'a jamais été, qu'elle ne sera jamais une organisation ouvrière.
A l'inverse, la CGT n'a d'avenir que comme organisation de la classe ouvrière.
Le Congrès doit dire " haut et clair " :
C'est la position sur laquelle nous sommes unanimes dans mon syndicat. Je précise que nous sommes passés de 45 syndiqués en 1989 à 300 en 1998.
VIVE LA CGT.