SOMMAIRE
CPS N° 68                                                                                                             13 JUIN 1997

ON NOUS COMMUNIQUE :


INTERVENTION DE RAYMONDE LERAY, AU 29ème CONGRÈS DU SYNDICAT FO-RATP DES PERSONNELS D’EXÉCUTION LES 27 ET 28 MAI 1997

Au moment où se tient notre congrès se posent des questions essentielles pour le mouvement ouvrier, politique et syndical.

CHIRAC en dissolvant l’Assemblée Nationale se pose comme un président BONAPARTE disposant de tous les pouvoirs et de ce qui en dépend. L’Assemblée Nationale ne doit plus être pour lui qu’une couverture à sa politique grâce à une majorité de députés à sa botte, une majorité RPR-UDF. Nous ne pouvons pas être en dehors de ce combat sans renoncer à l’indépendance des syndicats. C’est pourquoi il faut lancer ici le mot d’ordre :

FAIRE TOUT CE QUI EST POSSIBLE DE FAIRE POUR BATTRE CHIRAC

et nous devons nous engager sur cette voie, c’est à dire battre le RPR et l’UDF.

J’ai parcouru le rapport d’activité présenté par le bureau sortant. Ce rapport est constitué pour l’essentiel d’une compilation de tracts édités par notre organisation depuis le dernier congrès "octobre 93" et n’apporte pas l’éclairage que les militants sont en droit d’attendre. Je vais donc tenter par ma contribution et dans le peu de temps qui m’est imparti d’éclairer la situation en dégageant l’essentiel.

Camarades, quelle est la situation depuis notre dernier congrès? Le chômage continue d’augmenter, notre pouvoir d’achat continue de baisser. Il y a eu la loi quinquennale dite pour l’emploi et ses implications, une déréglementation sans précédent etc.

Lors de notre dernier congrès, j’avais expliqué qu’il fallait se préparer à engager le combat dans l’unité des organisations syndicales contre la politique anti-ouvrière du gouvernement. Imperturbablement, la direction de notre syndicat a poursuivi sa politique de participation, notre organisation syndicale a négocié et a aidé la direction de la RATP à appliquer ses plans de rationalisation qui ne sont rien d’autre que les directives gouvernementales.

Alors que le mécontentement des salariés grandissait, les organisations syndicales n’ont pas voulu bouger, ce sont les travailleurs de la RATP et de la SNCF qui spontanément sont entrés en grève contre le plan JUPPÉ, plan de destruction de la Sécurité sociale dont un des aspects avait comme conséquence pour les agents de la RATP, la remise en cause de leurs régimes particuliers. Caractérisant ce mouvement, le rédacteur du rapport d’activité fait référence à la grève d’août 53.

Tous les camarades connaissent la grève de novembre décembre 95 la combativité, la détermination, l’acharnement des grévistes démontraient les possibilités que ce mouvement recelait : La grève générale était à l’ordre du jour

La participation massive aux manifestations pour le retrait du plan JUPPÉ signifiait que la classe ouvrière de ce pays était disponible pour entrer dans la grève générale contre la politique du gouvernement. CHIRAC-JUPPÉ.

Les confédérations ont refusé d’appeler à la grève générale, protégeant ainsi le gouvernement CHIRAC-JUPPÉ.

Notre direction syndicale ainsi que les autres directions syndicales se sont bien gardées de faire une agitation pour contraindre les confédérations à appeler l’ensemble des travailleurs à la grève générale.

C’est faux me dira-t-on!.. Le 11 décembre,. à la réunion du conseil syndical, une motion a été votée et adressée au bureau confédéral demandant un appel à la Grève générale, pour exiger le retrait du plan JUPPÉ. Mais cette motion, personne ne l’a vue! Elle a été classée "secret défense". La réalité c’est que la direction du syndicat a accepté cette motion à condition qu’elle ne soit pas publiée afin que les travailleurs ne puissent s’en saisir, sublime manœuvre!

LA GRÈVE GÉNÉRALE n’a pas eu lieu et le plan JUPPÉ a été maintenu. Reconnaissons que sur un point précis les grévistes de la RATP comme ceux de la SNCF ont fait reculer le gouvernement, puisque nos régimes spéciaux (maladie retraite) ont été provisoirement maintenus.

Mais gardons nous de croire que cela est définitif. Le gouvernement ne renonce à rien. Il ne faut pas être grand prophète pour comprendre qu’il a manœuvré. À peine la grève terminée, le gouvernement CHIRAC-JUPPÉ a poursuivi sa politique ultra-réactionnaire : C’est une nouvelle baisse du pouvoir d’achat, c’est l’augmentation des prélèvements (CSG, RDS) etc.

Après les événements de novembre décembre 95, notre direction syndicale reprenait sa place de partenaire en poursuivant la politique de participation à la mise en place des plans de la direction.

Échaudée par les événements de novembre décembre 95, la direction de la RATP avait d’autant plus besoin de la participation des organisations syndicales pour poursuivre la mise en application de ses plans : notre organisation syndicale ne l’a pas déçue.

Après la signature de l’accord salarial qui entérine la baisse du pouvoir d’achat du personnel, ce fut la participation, l’élaboration et la mise en place d’une suite d’accords contre les intérêts des salariés: nouveau droit syndical et amélioration du dialogue social (protocole qui contient en lui même l’auto-limitation du droit de grève), générations solidaires, Contrats de qualification qui introduisent la précarité de l’emploi à la RATP, qui remettent en cause notre régime particulier. D’ailleurs la direction de la RATP dans un document provenant de la communication interne se félicite de tous ces accords signés.

Camarades, ce dont les travailleurs de la RATP ont besoin, c’est d’une organisation syndicale forte au seul service des intérêts des salariés. Pour cela, il faut rompre avec cette politique de soumission à la politique de la direction donc du gouvernement.

Il faut tirer les leçons de novembre-décembre 95 en démissionnant immédiatement de tous les organismes de participation, sans quoi cela veut dire que nous sommes les complices de la politique du gouvernement CHIRAC-JUPPÉ. Il faut combattre pour arracher la satisfaction des revendications du personnel : rattrapage du pouvoir d’achat perdu depuis 1982 et maintien du pouvoir d’achat par l’échelle mobile des salaires, arrêt des restructurations, arrêt des suppressions de poste etc.

Il faut se préparer et combattre pour l’unité du personnel et de ses organisations syndicales afin d’engager le combat victorieux pour la satisfaction de ses revendications.

Pour conclure je serai brève : faire ce que je viens de dire c’est tirer les enseignements de novembre décembre 95. Ne pas le faire c’est trahir les aspirations des travailleurs en soutenant la politique de la direction et du gouvernement.



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