ENSEIGNEMENT: UNE MOBILISATION SABOTÉE,
UNE PARTICIPATION RENFORCÉE.
UN SABOTAGE SOIGNEUSEMENT ORGANISÉ
Ils étaient prêts à s'engager dans un combat qui permette de mettre à bas le projet de budget, c'est à dire qui nécessitait d'affronter le gouvernement Chirac-Juppé pour le vaincre et le défaire.
La seule perspective qui puisse répondre à la situation et permette la mobilisation indispensable à ce combat, c'était l'appel, par les dirigeants syndicaux, à la grève générale de l'enseignement.
Les appareils syndicaux se sont mobilisés... pour faire barrage à cette perspective. Ils l'ont fait dès le mois de mai, en multipliant les initiatives, journées d'action, rassemblements et manifestations de toutes espèces, destinées à ruiner toute aspiration à un mouvement d'ensemble: 15 mai sur les effectifs, 16 mai, 21 mai pour le supérieur, 23 mai pour la diminution du temps de travail, 29 mai pour la défense des services publics, 1er juin pour le second degré...
A l'issue des cette période, Monique Vuaillat, secrétaire générale du SNES annonçait la reprise du carrousel pour la rentrée/ "il faudra faire plus encore (...) pour faire connaître nos propositions à l'opinion", etc...(US du 7 juin). La FSU exhortait le 18 juin "les personnels à agir (...) sous la forme de rassemblements, de manifestation, d'actions..." à la rentrée, et annonçait en même temps une campagne d'opinion, invitait à "débattre" à "s'exprimer" sur le budget, pour le "transformer".
Le responsable de ce budget, c'est à dire le gouvernement Chirac-Juppé était totalement hors de cause. Aucune perspective de combat n'était ouverte.
A LA RENTRÉE LES ENSEIGNANTS ÉTAIENT PRÊTS A SE BATTRE
Nouvelle série d'actions dispersées et disloquées à la rentrée : 4 septembre pour l'emploi (SNES) ;"action MA" (SE) le 11 ;journée d'action le 18 (SNES) ; manifestations aux rectorats (FO)... Cependant il était impossible aux dirigeants d'éviter une initiative générale, une explosion spontanée. Ils s'entendaient donc pour appeler à une journée de grève et de manifestation le 30 septembre.
Au CDFN de la FSU, le 23 , cependant, Monique Vuaillat, Deschamps et consorts martelaient l'idée qu'il n'y avait rien à en attendre faute d'une perspective politique avant 1998. L'après 30 octobre était déjà prévu sous forme "d'engagement dans la continuité", de "prolongement et rebondissements d'une autre nature qu'un arrêt de travail"
.
On pourrait faire la même démonstration en ce qui concerne la direction de la FEN-UNSA et de ses syndicats, prenant le maximum de précautions contre le danger d'un éventuel débordement, en invoquant la poursuite ultérieure de l'action, en lançant une pétition du SE, contre la baisse des recrutements, etc... De même pour FO, appelant les enseignants à manifester le 21 septembre à la Bastille. On doit ajouter que la plate-forme fourre-tout du 30 octobre était placée non pas sous le signe de la nécessité de faire échec au budget, mais sous celui de la défense et l'amélioration du service publique d'éducation. Pour la FSU, il s'agissait de porter plus loin la démocratisation du système éducatif. (Michel Deschamps).
À l'inverse des actions disloquées de juin et début septembre, la grève du 30 septembre a été largement suivie. Les enseignants s'en sont saisie pour manifester qu'ils étaient prêts à engager le combat contre le gouvernement., malgré toutes les limites imposées par les appareils. Par contre les manifestations organisées de la façon la plus dispersée possible n'ont pas eu le même succès. Les enseignants ont été nettement plus nombreux dans la rue le 17 octobre, pour se joindre aux autres fonctionnaires. Le corps enseignant a montré qu'il était prêt à se battre.
Mais en s'opposant à ce mot d'ordre, les appareils syndicaux ont donné la possibilité au gouvernement de poursuivre sa politique. Les suppressions de postes sont passées ;les MA jetés au chômage se comptent par milliers (-20%, selon toute vraisemblance) ; le tarissement des recrutements est appelé à se poursuivre (cf. Le Monde du 15/11), la suppression des allocations IUFM s'appliquera dès l'année prochaine, etc....
Les dirigeants syndicaux en sont pleinement responsables. Ils permettent au gouvernement Chirac-Juppé de matraquer le corps enseignant, et de poursuivre son offensive, impossible sans leur concours? Une offensive qui se développe chaque jour.
LE GOUVERNEMENT APPLIQUE SA POLITIQUE
Progressivement, les décisions des mois et des années précédentes s'appliquent, sous la protection des dirigeants syndicaux.
* Au collège
Pour la nouvelle 6ème, instituée par le "Nouveau contrat pour l'école" de Bayrou, c'est la dislocation organisée. la circulaire de rentrée ne mentionnait plus aucune indication horaire par discipline: ni pour les enseignants, ni pour les élèves. Tout est permis, et même recommandé: éclatement des horaires hebdomadaires, regroupement d'heures sur un trimestre, un semestre, "globalisations", "modulations" etc... C'est l'éclatement du cadre national. Les mesures de Bayrou s'accordent parfaitement avec les plans de Fauroux.
* Dans l'enseignement professionnel public
La loi quinquennale dite "pour l'emploi" en a reporté la responsabilité sur les régions. Elles programment comme on pouvait s'y attendre l'étranglement des enseignements professionnels et techniques publics au bénéfice de l'apprentissage. Les dépenses totales, de formation des régions ont augmenté de plus de trois milliards (en francs constants 96) mais en leur sein celles consacrées aux établissements publics ont diminuées de deux milliards.
Elles font ainsi pression sur ces derniers pour qu'ils acceptent d'être investis par les patrons grâce à la création dans leurs murs de "sections d'apprentissage" dont les programmes, les cursus et les personnels sont contrôlés par les entreprises qui les commanditent. Grâce à la loi quinquennale, le nombre de ces sections d'apprentissage. doit tourner autour de 500.
Autre facteur de pourrissement: la sécurité dans les ateliers. Elle est déficiente, selon le Monde, sur 60% des machines: 30% sont à mettre en conformité, 29,2% sont purement et simplement à obsolètes. Depuis 1993, il revient aux régions de mettre le parc des machines outils aux normes, avant le 31/12/96. Leurs choix budgétaires depuis trois ans constituent bien un choix politique, pour aboutir à une paralysie des établissements publics. Par ailleurs, pas à pas, et même si cela n'est pas assez rapide pour le gouvernement, est développé l'apprentissage.
* Le rapport De Virville
Pour donner un "nouvel essor" à cette politique, le gouvernement Chirac-Juppé-Barrot projette une nouvelle fois "la refonte du système". Le rapport De Virville projette de tout "remettre à plat", sur la base de la destruction de la sécurité de l'emploi et d'une "vraie mobilité"
Il s'agit de permettre aux entreprises "l'achat direct de la formation" à l'établissement de leur choix (et donc d'en fixer les contenus, et d'en choisir l'encadrement). Il s'agit pour cela de "mobiliser les ressources de l'Education Nationale". Les entreprises consommeraient ainsi directement leur part de contribution à la formation professionnelle, (récemment réorganisée) en passant contrat avec tel ou tel fournisseur selon les lois du marché. L'enseignement public ne serait plus qu'un prestataire de service parmi d'autres margoulins aux ordres et "incités à orienter ses activités en fonction des besoins des entreprises et des jeunes", l'État, étant de surcroît dessaisi de la validation des formations et compétences ainsi dispensées, ce qui signifie la disparition des diplômes.
Tout converge. Le gouvernement Chirac-Juppé poursuit et renouvelle son œuvre de destruction de tous les acquis de l'enseignement public et du corps enseignant ; Et la direction de la FEN-UNSA écrit, à propos du rapport De Virville: "la concertation et la négociation devraient permettre d'en définir tous les éléments." FEN Hebdo du 25/10/96.
LA DÉGRADATION DE L'ÉCOLE PUBLIQUE À COMMENCÉ
La politique de destruction du corps enseignant et de l'enseignement public ne peut réaliser totalement du jour au lendemain ses objectifs. Elle s'applique néanmoins et ses conséquences commencent à se faire sentir.
Depuis 1991 les passages en seconde sont en baisse. Dans l'enseignement industriel, la poursuite des études vers le bac professionnel l'est également. La part des bacheliers par classe d'âge est retombée de 1,8% en 1995. À l'autre bout la scolarisation en maternelle stagne. Alors que les collèges perdent des élèves, ceux qui sont versés dans des classes impasses sont passés en un an de 349 000 à 436 000. L'étude "l'état de l'école" présentée le 5 novembre confirme cette dégradation: "l'école semble entrer dans l'ère des rendements décroissants. (...) Les progrès de la scolarisation, à la fois en terme qualitatifs et quantitatifs, appartiennent à une époque finissante" écrit le Monde du 6/11. La confirmation vaut pour l'enseignement supérieur comme pour l'ensemble des filières des lycées, et pour le taux de passage en troisième.
Commentant cette évolution, F. Bayrou s'en est réjoui à sa conférence de presse de rentrée: "Cela veut dire qu'il y a moins d'élèves qui sont attirés par les études longues. Tant mieux". Il ajoutait : "Cela prouve que l'orientation professionnelle est choisie par un nombre croissant d'élèves. C'est l'un des buts que nous nous fixons." Nous avons vu plus haut ce que signifie "l'orientation professionnelle" pour le gouvernement Chirac-Juppé.
"L'état de l'école" constate que l'écart s'accroît entre les "meilleurs" et les "rejetés". De son côté l'inspection générale dresse un bilan alarmiste sur la malnutrition et les cantines désertées. La politique de la bourgeoisie s'applique, et frappe, à travers le système scolaire toutes les couches de la jeunesse.
UNE ATTAQUE MAJEURE: "LES RYTHMES SCOLAIRES"
Les précédents numéros de CPS ont dénoncé pour ce qu'elle est l'opération de "réforme des rythmes scolaires" une opération politique de première importance pour la dislocation de l'enseignement public et du corps enseignant, à commencer par l'école primaire. Dès janvier Le Monde notait: c'est "toute la conception du métier d'instituteur (...) toute la question du statut des maîtres qui se trouvent posées"...
Encore faut-il en bien voir les mécanismes. C'est d'autant plus important que tous les efforts sont faits à la fois par le gouvernement et par les dirigeants des syndicats enseignants pour que ceux-ci n'en aient qu'une connaissance étroite, partielle, limitée à leur localité, voire à leur "projet d'école".
Premier axe du démantèlement: au nom de l'autonomie et de la décentralisation, la disparité des "activités" de toute sortes proposées aux enfants, selon les circonstances et possibilités locales. C'est cette "variété" qui a été le plus souvent évoquée par la presse, comme un enrichissement du système scolaire, alors qu'elle est en réalité un puissant facteur d'inégalité et d'éclatement des contenus.
Deuxième axe: l'éclatement des conditions de fonctionnement. La Lettre du Monde de l'Education du 9 septembre en dresse le tableau suivant:
"Sur les 170 sites Guy Drut (...) 51% ont conservé la semaine de classe de 26 heures, tandis que 23% ont choisi de descendre à 25 heures, 20% à 24 heures, 3% à 22 heures. Les périodes d'accueil périscolaire sont surtout organisées pendant la pause de la mi-journée (pour 70% des sites), et le matin (49%). En fonction de la durée hebdomadaire de la classe choisie, les sites ont adopté différentes formules d'aménagement du temps scolaire. Pour les 22 heures (exemple à Troyes), les sites ont toujours choisi un ou deux après-midi libérés (autrefois en temps scolaire, désormais consacré à des activités non comptabilisées dans les heures d'enseignement obligatoires), avec parfois, en plus, un après-midi aménagé (en temps scolaire sous la responsabilité de l'instituteur) ou mixte (temps scolaire et temps périscolaire sous la responsabilité d'intervenants extérieurs). Pour les 23 heures (exemple à Châlons-en-Champagne), un ou deux après-midi sont libérés, avec parfois en plus un après-midi aménagé ou mixte. Pour les 24 heures (exemple à Strasbourg), les trois formules sont mélangées, les maternelles ne libérant pas d'après-midi. Pour les 25 heures sur 5 jours (exemple à Cap-d'Agde), une majorité d'après-midi mixtes ou aménagés ; sur 6 jours (exemple à Lille ou Nice) : les après-midi sont libérés ou mixtes. Pour les 26 heures: sur 5 jours, modèle mixte et/ou aménagé ;sur 6 jours: matin consacré au temps scolaire, après-midi mixtes ou libérés."
Il s'agit bien de casser l'unité de l'enseignement public, dans sa forme comme dans ses contenus, de casser l'unité de corps des instituteurs, en instituant la flexibilité de leurs conditions de travail. Si l'on y ajoute la déqualification des "intervenants" dans le système scolaire (recrutés sur contrats précaires, à mi-temps, temps partiel, CES, etc...) c'est à terme le statut des enseignants qui est voué à liquidation.
Troisième axe, dont le précédent est la condition: la régression des programmes. Un "Comité national d'évaluation" présidé par Paul Delevoye vient d'être constitué afin d'étudier "l'articulation possible d'une réforme des programmes avec la réforme des rythmes scolaires" (Le Monde du 30 août). C'est purement et simplement l'application des conclusions de la commission Fauroux, qui a proposé: "une nouvelle organisation...qui se traduire par à la fois une diminution du temps de classe annuel (936 heures actuellement) et par un développement très important des activités périscolaires" avec "des choix multiples" et "des programmes recomposés autour des savoirs primordiaux" (le fameux "kit de survie"). La sur concentration des apprentissages scolaires actuels dans les nouveaux rythmes, inévitable pour laisser du temps aux "activités de loisir, accentue la fatigue des enfants et leurs difficultés d'apprentissage. C'est la voie de passage pour "légitimer" l'allégement du temps et des contenus scolaires.
Cet ensemble de mesures, et leur contenu politique implique que la réforme ainsi amorcée ne se limite pas au premier degré. Celle-ci a déjà commencé à s'appliquer dans un certain nombre de collège, notamment à Marseille. Les conséquences d'une telle extension sont claires pour le second degré: réduction de la durée des vacances (de 12 à 20 jours actuellement pour les "sites" appliquant la réforme de Guy Drut); liquidation des enseignements (et des enseignants) artistiques et d'éducation physique ; extension des intervenants dans toutes les disciplines, précarisation des personnels.
LES DIRIGEANTS MAQUILLENT
Les dirigeants syndicaux n'en ignorent rien. Ils reconnaissent tous, d'une façon ou d'une autre que "toute évolution des rythmes aura désormais nécessairement des conséquences sur les contenus d'enseignement, les disciplines, les programmes et la compétence et la formation de ceux qui sont chargés de l'acte d'enseignement..."(Daniel Le Bret- Secrétaire général du SNUIPP).
Cependant non seulement ils ne s'y opposent pas mais ils appuient à fond la nécessité d'une telle réforme, et poussent à la dislocation: "La mise en place de tels dispositifs ne peut donc être que locale, fruit d'une concertation entre tous les partenaires éducatifs en fonction de données propres" (colloque de Nantes du SE-FEN. L'Enseignant du 8 juin 96) ; le SNUIPP FSU quant à lui réclame "que toutes les pistes proposées par les écoles puissent être expérimentées" (D. Le Bret).
Lorsqu'ils s'insurgent, c'est contre les conditions de financement: l'Etat ne s'y est pas engagé au delà d'un an (et pour 30% seulement des frais) alors qu'il est d'ores et déjà prévu de généraliser "l'expérience" à tout l'enseignement primaire. Le coût de l'opération doit donc retomber essentiellement sur les collectivités locales (actuellement pour 51%). Sa généralisation, selon l'US du 14 septembre, nécessitera 1,4 milliard de francs. Le ministère de la Jeunesse et des sports estime que la réforme coûtera 2365F par enfant et par an. Le "site modèle" d'Épinal lui même fonctionne à coup d'emprunts, avec les frais financiers afférents (20 millions) ce que la cour des comptes de Lorraine vient de dénoncer (Lettre du monde de l'Éducation du 1er juillet).
Est-ce en contradiction avec les restrictions budgétaires opérées par le même gouvernement Chirac-Juppé? Absolument pas. Il ne s'agit pas d'une question financière comme veulent le faire croire les appareils syndicaux. Il s'agit d'une opération politique. Si Paris vaut bien une messe, le démantèlement de l'enseignement public vaut bien le sacrifice provisoire de quelques milliards. Une fois les coups portés et les dispositifs en place, ce sont les familles qui devront payer si elles le peuvent. C'est en même temps la gratuité et l'obligation scolaires qui sont menacées, pour un système municipalisé, déqualifié, calqué sur le modèle américain, avec toutes les conséquences qui en découlent.
LA FSU "A L'ÉCOUTE" DU GOUVERNEMENT...
La commission Fauroux a déposé ses conclusions, les Etats Généraux de l'Université sont terminés. Selon Alain Juppé lui-même, une phase est close: "nous disposons d'objectifs qu'il ne reste plus qu'à mettre en application (...) Il faut passer de la théorie à la pratique."
C'est dans ces conditions, où le chef du gouvernement annonce aux enseignants qu'ils doivent s'attendre aux coups les plus durs, que la direction de la FSU, au lieu de préparer leur mobilisation contre le gouvernement Chirac-Juppé, pour le chasser, lance une nouvelle "large consultation": un million de questionnaires concoctés avec la SOFRES.
Dans son rapport au CDFN de la FSU, le 23 septembre, le secrétaire général, a déclaré: "nous avons écarté la logique référendaire. Mais alors qu'y substituer ?". En clair: par quelle méthode faire passer la refonte du système scolaire ? Et la direction de la FSU, organise elle même son petit référendum, (coût de l'opération 2,5 millions de francs).
L'opération s'intitule "l'École à l'écoute de l'opinion." "L'opinion", toute classes confondues ; "l'opinion" qui constitue selon Deschamps (dans le même rapport)l'enjeu essentiel de la lutte syndicale et qui doit se garder de la heurter par une "défense corporative étroite" et "l'action revendicative traditionnelle".
Toute une série de questions posées induisent des réponses approuvant la destruction du caractère national de l'enseignement, son contrôle par les entreprises capitalistes et par les collectivités locales, le développement de l'apprentissage, la réduction des vacances, la régression des contenus, le remplacement des enseignants par des intervenants municipaux, etc...On s'étonne de ne pas y voir proposée" la ségrégation sociale, religieuse et raciale à l'école : est-ce que ces idées n'existent pas dans "l'opinion"?
Ainsi sous prétexte "d'ouvrir le débat" les dirigeants de la FSU ouvrent en fait, la voie aux thèses les plus réactionnaires, les plus contraires aux intérêts de l'enseignement public et des enseignants, les plus favorables au gouvernement Chirac-Juppé. C'est pour le gouvernement un bouclier à l'abri duquel il peut développer une nouvelle phase de son offensive.
...ET ELLE N'EST PAS LA SEULE
La direction de la FEN-UNSA n'est pas en reste. L'accord qu'elle vient de signer avec le CNPF (voir CPS n°64) pour "l'insertion des jeunes", sans doute d'une efficacité limitée, est un signal politique donné à la bourgeoisie et au gouvernement. Le projet de résolution générale publié en préparation de son congrès est un véritable calque, terme à terme, de la politique gouvernementale qu'il s'agisse des mesures au jour le jour ou des perspectives générales.
En septembre, 180 universitaires ont publié un appel pour (eux aussi) "relancer le débat sur l'Education". Comme par hasard. Orientée, parait-il "à gauche", contre la pensée et la politique libérale", cette initiative n'en évoque pas moins "des réformes d'ampleur, relatives notamment au mode de fonctionnement des établissements et des équipes éducatives". Et comme par hasard encore la direction du SE-FEN a décidé de "relayer cet appel, dans l'esprit du débat avec la société engagé (par le SE) depuis l'an dernier" (L'Enseignant du 21/9/96).
Sous des formes constamment renouvelées, le combat que mènent les dirigeants de la FEN-UNSA comme ceux de la FSU, ceux du SE comme ceux du SNES et du SNUIPP est un combat pour étouffer la volonté de la masse des enseignants pour lesquels le gouvernement Chirac-Juppé et sa politique sont de plus en plus insupportables. C'est contre leur aspiration à en finir avec lui, à le vaincre et le chasser que le 26 août. Le Néouannic déclarait à La Tribune Desfossés : ". Voilà au moins qui est franc.
COMBATTRE, VAINCRE ET CHASSER LE GOUVERNEMENT CHIRAC-JUPPE
Les dirigeants des appareils syndicaux, liés (à des degrés et sous des formes diverses) au P.S. et au P.C.F. appliquent la même politique que ces partis de soutien et d'intégration au régime capitaliste, au gouvernement qui en constitue le Conseil d'administration.
Et la résistance du corps enseignant, son existence même comme corps entre aujourd'hui en totale contradiction , aussi bien avec cette politique qu'avec les objectifs du gouvernement. Les dirigeants de la FEN-UNSA, de la FSU et de leurs syndicats, ceux des syndicats enseignants de FO et de la C.G.T. sont prêts à collaborer à la liquidation des acquis de l'enseignement public et à l'atomisation du corps enseignant qu'ils disent représenter.
C'est cette stratégie contre-révolutionnaire qui détermine toutes leurs initiatives tactiques, tout le contenu de leur propagande et de leur presse.
Pour stopper l'offensive du gouvernement Chirac-Juppé, les enseignants n'ont pas d'autre voie que d'engager le combat pour le vaincre et le défaire.
Cela passe par le combat pour imposer aux dirigeants des syndicats enseignants qu'ils rompent avec le gouvernement et cessent de participer à l'application et à l'élaboration de sa politique.
Le potentiel de lutte du corps enseignant démontré en novembre-décembre 95 et le 16 janvier 1994 est intact malgré la trahison permanente des dirigeants de leurs syndicats. Il peut à tout moment repartir au combat. Mais pour qu'il puisse le mener jusqu'au bout, il est nécessaire d'avancer dans la voie de la construction d'un Parti ouvrier révolutionnaire, d'en constituer dès maintenant les éléments parmi les enseignants, que nous appelons à s'organiser avec les militants du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire.