Supplément à « Combattre pour le socialisme » n°96, (3 avril 2004) :

21 et 28 mars:             SÉVÈRE DÉFAITE DE CHIRAC ET DE SON PARTI !

L’exigence : DEHORS CHIRAC ET SA MAJORITÉ UMP À L’ASSEMBLÉE !

Front unique pour en finir avec Chirac et son gouvernement !

Boycott du « dialogue social », rupture de toute concertation avec le gouvernement !

 

ASSEZ DE « RÉFORMES » !  ASSEZ DU GOUVERNEMENT CHIRAC!  DEHORS CHIRAC !

Le 28 mars 2004, c’est une défaite en règle qu’ont subie les candidats de Chirac et de la bourgeoisie : minoritaires en voix (36,88 % au second tour) et en sièges, l’UMP et l’UDF perdent le contrôle de la quasi-totalité des régions ; à ces candidats de la bourgeoisie, s’ajoutent 12% pour le FN. Tous les ministres qui étaient candidats aux régionales sont battus. C’est une défaite pour Chirac, une défaite pour la bourgeoisie française.

LA MOBILISATION DE MAI-JUIN 2003 A POSÉ LA QUESTION D’EN FINIR AVEC LE GOUVERNEMENT CHIRAC-RAFFARIN.

En mai-juin 2003, c’est une puissante mobilisation qui s’est développée, une des plus importantes depuis 20 ans : mobilisation en défense des retraites, et mobilisation contre les lois de décentralisation. Cette mobilisation contre la politique réactionnaire conduite par Chirac au compte du Medef, au compte de toute la bourgeoisie a posé la question du pouvoir, la question d’en finir avec le gouvernement Chirac-Raffarin. C’est pour protéger le gouvernement que les dirigeants syndicaux refusèrent d’appeler à la grève générale, refusèrent d’appeler à manifester à l’Assemblée Nationale contre la majorité UMP. La mobilisation fut défaite, la loi Fillon votée en juillet. Mais la leçon était claire : pour gagner sur les revendications, il fallait infliger une défaite politique à ce gouvernement, le battre et le chasser. A cela, les dirigeants syndicaux ont opposé la négociation de ces projets inacceptables. Ils ont pleinement coopéré avec le gouvernement. Ainsi l’accord « formation professionnelle » signé par les dirigeants syndicaux a servi de base à une nouvelle loi Fillon.

D’autres mobilisations ont eu lieu. Elles se sont heurtées aux mêmes obstacles.  Ainsi la mobilisation des chercheurs : Chirac a personnellement refusé de satisfaire l’exigence du rétablissement des 550 postes de titulaires supprimés. Mais il s’est saisi de l’offre que lui faisaient les animateurs de l’appel « Sauvons la Recherche » : celle d’Etats Généraux, d’un grand « dialogue » dont Chirac va se servir pour faire passer une prochaine loi contre le statut des chercheurs. De nouveau, la question était posée : c’est Chirac qu’il faut défaire ; à l’inverse, tout « dialogue » et concertation ne fait que le conforter. En mars 2004, l’ensemble des travailleurs, a voulu se servir des élections régionales pour infliger une défaite politique à Chirac et à son gouvernement.

FRONT UNIQUE CONTRE CHIRAC!

Bien sûr, Chirac, son gouvernement, sa majorité ne partiront pas d’eux-mêmes. La mobilisation de la classe ouvrière et de la jeunesse réalisant le Front unique des organisations ouvrières peut l’imposer. Sans attendre 2007.

Tel est le verdict du 28 mars. Ne pas exiger le départ immédiat de Chirac, de son gouvernement, de sa majorité, c’est accepter la poursuite des « réformes » réactionnaires : c’est accepter les « réformes » préparées contre la Sécurité Sociale, les « réformes »  préparées pour disloquer l’enseignement public et  la recherche, les statuts de la Fonction publique, c’est accepter les diminutions massives des postes de la Fonction publique (enseignement, finances, etc…)

En reconduisant Raffarin comme premier ministre, Chirac a affirmé qu’il maintenait ces projets. Pour briser ces réformes en chantier, ces mesures en cours, il faut mettre fin dès aujourd’hui à la politique réactionnaire de Chirac et de son gouvernement – politique qui ne peut être que réactionnaire quel que soient les ministres.

CE QU’EXIGE LE CAPITALISME : FLEXIBILITÉ DU TRAVAIL, LIQUIDATION DE TOUS LES ACQUIS.

C’est le système capitaliste qui est responsable de toutes les attaques contre la jeunesse et l’ensemble des travailleurs. Ce système qui  survit par la fuite en avant, un endettement inégalé dans l’histoire va inéluctablement vers une crise dévastatrice. Juppé a réaffirmé la nécessité des « réformes » car il s’agit de « la place de la France dans le monde », autrement dit de la place, menacée, du capitalisme français dans la compétition mondiale.

POUR UN GOUVERNEMENT DU FRONT UNIQUE : GOUVERNEMENT DES SEULS PS ET PCF.

En l’absence de Parti ouvrier révolutionnaire, pour infliger une défaite aux candidats de Chirac, aux candidats des partis bourgeois, les travailleurs ont cherché à se saisir du Parti socialiste, et pour une partie d’entre eux, du PCF.

Ce n’est pas un vote en faveur de la politique de ces organisations, mais un vote qui – utilisant des partis ouvriers – a exprimé l’exigence d’un autre gouvernement, d’un gouvernement de ces seules organisations, d’un gouvernement rompant avec la bourgeoisie. En témoigne l’échec des listes LO-LCR, dont les résultats, autour de 5%, sont très loin de leurs espérances, car loin de combattre pour la défaite des candidats de la bourgeoisie, pour la rupture du PS et du PCF avec les organisations bourgeoises, ils ont mis sur le même plan partis ouvriers et partis bourgeois. Ils ont refusé de se désister au deuxième tour des cantonales là où il était possible d’émettre un vote PS ou PCF.

De même les dirigeants du PS et du PCF, pour empêcher que s’exprime un vote strictement pour le PS ou le PCF, un vote de classe, ont inclus systématiquement dans leurs listes (aux régionales) des représentants d’organisations bourgeoises (Radicaux, Verts). Néanmoins, dans ces conditions qui leur étaient imposées, les travailleurs et les jeunes ont voté massivement pour les listes dirigées par le PS – et parfois le PCF. Le résultat en est que – sans compter les Radicaux et Verts qui ont « profité » de ces votes – il y a dans nombre de régions une majorité d’élus PS et PCF, de même dans les conseils généraux (départements).  Le verdict est sans appel. Il signifie : Dehors Chirac et sa majorité UMP ! Dehors le gouvernement Chirac-Raffarin !

Ceci implique que la mobilisation des travailleurs et des jeunes contraigne le PS et le PCF à constituer un gouvernement de leurs seules organisations, sans représentants d’organisations bourgeoises, sans Chirac. De ce gouvernement les travailleurs, les jeunes,  exigeront la satisfaction des revendications immédiates:

·         Retrait des « réformes » !

·         Abrogations des lois contre les retraite, des exonérations des charges patronales, responsables du déficit de la Sécurité Sociale !

·         Rétablissement de tous les postes supprimés aux concours de l’enseignement  et dans la recherche!

À BAS LE DIALOGUE SOCIAL ! ROMPEZ AVEC LE GOUVERNEMENT, AVEC CHIRAC !

Aussitôt les résultats annoncés, les dirigeants du PS et du PCF ont volé au secours de Chirac : ils ont refusé d’exiger son départ mais lui demandent « un changement d’orientation politique profonde». Comme si Chirac pouvait faire une autre politique ! Raffarin l’annonce lui-même au lendemain de sa défaite: « les réformes devront se poursuivre car elles sont nécessaires ». Simplement, comme le propose Darcos, il s’agit de faire la même politique avec « pédagogie ». Ségolène Royal répond : « nous sommes pour des réformes, mais des réformes justes », et M.G Buffet demande au président « d’ouvrir de véritables négociations sur l’assurance-maladie », ce qui revient à accepter le principe de ces réformes, et leurs négociations. Ainsi rassuré, Chirac a pu rester en place et reconduire Raffarin.

Quant aux directions syndicales, leurs déclarations vont toutes dans le même sens. Mailly (FO) déclare : « Il ne nous appartient pas comme organisation syndicale libre et indépendante de commenter le résultat des élections… ».Comme si les travailleurs pouvaient être indifférents à ce résultat ! La direction de la CGT développe la fiction que ce gouvernement pourrait avoir une politique favorable au prolétariat ! « Au de-là d’un changement d’équipe ministérielle, c’est bien l’attente d’un changement dans la politique économique et sociale du gouvernement qu’a exprimée la majorité des citoyens…».De même Aschiéri (FSU) qui déclare que l’expérience d’élu local du ministre Fillon peut permettre la prise en compte  des questions d’éducations par le gouvernement…

Le 1er avril, Chirac a largement expliqué que pour faire passer ses réformes, il avait besoin du « dialogue social » : « En France, nous n’avons pas vraiment la culture du dialogue…voilà une réforme qui est essentielle ». C’est ce « dialogue» qu’il propose pour s’attaquer à la sécurité sociale, à l’école, à la recherche. Pour ce faire, il fait ouvertement appel aux dirigeants syndicaux, à ceux du PS, du PCF et il prend comme modèle le « grand débat » sur la laïcité et la loi votée par le PS et le PCF. Il y a eu, s’exclame-t-il « grand débat  de fond et accord». Il en appelle ouvertement à un accord national. Voilà ce que les travailleurs doivent interdire.

De-là l’exigence immédiate à adresser aux dirigeants de la CGT, de FO, de la FSU : Assez de négociations ! Il n’y a rien à négocier ! Rompez les négociations pour « réformer » l’assurance maladie ! Rompez les discussions préparant la loi d’orientation contre l’école ! Boycottez des Etats Généraux de la Recherche ! 

CONSTRUIRE UN PARTI OUVRIER RÉVOLUTIONNAIRE.

Inévitablement, alors que le gouvernement vient de subir une dure défaite, jeunes et travailleurs chercheront à engager le combat. Ils tenteront, par le mouvement spontané, de submerger la politique des appareils qui soutiennent le gouvernement, et de s’ouvrir une perspective politique. Mais aucune solution durable ne peut voir le jour sans que soit porté au pouvoir un véritable gouvernement ouvrier expropriant le capital et organisant la production selon un plan orienté vers les besoins des masses. Il faut pour cela que soit construit un Parti ouvrier révolutionnaire.