DÉCLARATION DU COMITÉ POUR LA CONSTRUCTION DU PARTI OUVRIER RÉVOLUTIONNAIRE,
DE L’INTERNATIONALE OUVRIÈRE RÉVOLUTIONNAIRE :

 

À BAS L’INTERVENTION IMPÉRIALISTE EN HAITI !

RETRAIT IMMÉDIAT DES TROUPES FRANCAISES,

DE TOUTES LES TROUPES IMPÉRIALISTES.

Le 29 février était annoncée la « démission » du président haïtien Aristide, ainsi que le débarquement des troupes américaines et françaises.

En réalité, Aristide a été expulsé de Haïti par des soldats américains après qu’il ait été contraint de signer sa démission. Aussitôt après cette expédition militaire décidée conjointement par Bush et Chirac, le gouvernement américain mettait en place un gouvernement à ses ordres, choisissant lui-même les nouveaux chefs de la police.

UNE OPÉRATION MILITAIRE POUR PRÉSERVER L’ORDRE BOURGEOIS.

Bush et Chirac n’ont pas manqué d’évoquer la « démocratie » et « l’aide humanitaire » comme prétexte à cette expédition, arguant du développement d’une insurrection engagée à partir du 5 février contre le gouvernement Aristide ; cette insurrection était conduite par d’anciens militaires, policiers et gangs autrefois à la solde d’Aristide.

Compte-tenu de l’extrême pourriture de ce régime politique, l’insurrection s’était emparée rapidement de villes importantes. Chirac et Villepinte avaient alors multiplié les interventions pour exiger des « négociations » avec les insurgés, puis pour exiger la démission d’Aristide. Ils se sont arrogés le droit de décider de l’avenir d’un peuple et d’un pays qui fut, il y a deux siècles colonie française. Leur principale motivation a été de préserver la place de l’impérialisme français dans les Caraïbes et de préserver l’ordre colonial à la Martinique et à la Guadeloupe.

Faut-il rappeler que le même gouvernement Chirac-Raffarin fit arrêter, le 28 novembre, les dirigeants du syndicat guadeloupéen UGTG ? Que ce gouvernement a subi un camouflet avec l’échec de son référendum, le 7 décembre, à la Martinique et à la Guadeloupe ? Que durant janvier et février, c’est une exceptionnelle grève générale des employés des banques qui a touché la Martinique et la Guadeloupe ?

Mais Haïti fait partie de l’arrière cours des États-Unis. Ceux-ci apportèrent leur soutien à la dictature de la famille Duvallier qui fit régner la terreur, avec 200 000 « tontons macoutes », jusqu’en 1986. Aujourd’hui, ayant obtenu un vote unanime au Conseil de sécurité de l’ONU et l’appui actif du gouvernement français, ils prennent les choses en main. Leur objectif : empêcher que l’effondrement devenu inévitable du régime d’Aristide n’ouvre la voie à une irruption révolutionnaire des masses haïtiennes (même si celles-ci, à Haïti sont privées de perspectives politiques).

UNE OPÉRATION PRÉVENTIVE.

Car les masses haïtiennes, le prolétariat ont déjà fait preuve de leur capacité révolutionnaire. En 1986, c’est une authentique révolution prolétarienne qui a balayé la dictature de Jean-Claude Duvalier, puis s’est affrontée au Conseil national de gouvernement (CNG), qui avait récupéré le pouvoir. Mais faute de direction révolutionnaire, l’État bourgeois est resté en place et c’est un prêtre populiste, Aristide qui, finalement est devenu président en 1990.

L’année suivante, l’oligarchie compradore organisait un coup d’État avec les encouragements de la CIA. La répression fut alors féroce, plus de trois mille militants furent tués et nombre d’autres partirent en exil. Aristide fut quant à lui accueilli aux États-Unis, où il devint l’homme lige du Parti démocrate et de Clinton.

En 1994, 20 000 soldats américains débarquèrent à Haïti et ramenèrent Aristide dans leurs bagages. Celui-ci allait désormais contrôler le pouvoir au compte de l’impérialisme et en protégeant l’oligarchie.

Avec l’arrivée de Bush au pouvoir, le gouvernement américain asphyxie financièrement l’île tout en continuant d’utiliser Aristide et ses bandes armées qui terrorisent une population de plus en plus misérable. Les militants ouvriers sont pourchassés, les locaux syndicaux sont fermés.

Mais le régime est aux abois. C’est alors que le 5 février, d’anciens militaires lancent une insurrection armée (peut-être contrôlée par la CIA). Trois semaines plus tard, Bush, aidé par Chirac prenait le contrôle militaire de Haïti avec un objectif commun : prévenir une nouvelle irruption des masses sur leur propre terrain.

Contre cette opération, l’exigence immédiate ne peut être que :

            - Retrait immédiat de toutes les troupes françaises de Haïti !

            - Retrait immédiat de toutes les forces impérialistes !

C’est cette exigence qui doit monter de tout le mouvement ouvrier, qui doit être imposée au gouvernement de Chirac. Il appartient au PS, au PCF de l’exiger, il appartient au mouvement syndical de faire entendre cette exigence avec toute la force nécessaire.

Dirigeants des confédérations et fédérations syndicales, des syndicats, du PS et du PCF, exigez du gouvernement :

            - Retrait immédiat des troupes françaises de Haïti !                                                          10 mars 2004