Supplément à «Combattre pour le socialisme»  n° 94, 15 octobre 2003 :


EN DÉFENSE DES ACQUIS OUVRIERS, DE LA SÉCURITE SOCIALE
COMBATTRE CONTRE LE GOUVERNEMENT CHIRAC RAFFARIN
RUPTURE DU DIALOGUE SOCIAL ! À BAS LE BUDGET 2004 !


Déremboursement massif des médicaments, augmentation du forfait hospitalier, diminution massive des allocations des chômeurs en fin de droit, annonce du blocage des salaires des fonctionnaires... s’inscrivent dans le cadre de " l’agenda 2006 " de Raffarin. Le gouvernement veut porter le coup de grâce à la Sécurité Sociale, à l’Assurance maladie.

Il veut en finir avec le droit du travail (en particulier avec le contrat à durée indéterminée), à tout obstacle au pouvoir des patrons de licencier. Fillon déclare vouloir " flexibiliser certaines clauses relatives à l’embauche , définir un nouveau contrat de travail correspondant à une durée de projet. ". Il veut faire disparaître toute référence à un temps légal de travail. La loi Aubry, sous couvert des 35 heures, instaurait la flexibilité, l’annualisation et aboutissait au blocage des salaire. Désormais, même la référence à 35 heures en moyenne sur l’année est insupportable au Medef.

Il engage une vaste offensive contre le droit aux études : des milliers de collégiens dès 14 ans seront envoyés comme main d’œuvre gratuite en entreprise dans le cadre des classes par " alternance ". Une loi dite de " modernisation de l’université " est en préparation : liberté pour chaque faculté de fixer le montant de ses droits d’inscriptions, régionalisation des diplômes, définition locale et variable des service des enseignants…

Ce gouvernement est un gouvernement de guerre contre le prolétariat. En Europe, comme à l’échelle mondiale, la surproduction capitaliste exacerbe la concurrence. Pour maintenir les profits, les firmes capitalistes s’attaquent aux salaires, remettent en cause les droits à la santé et à la retraite, développent la flexibilité et la précarité, aggravent les conditions de travail tout en licenciant massivement. Mais cela ne suffit pas, tant est profonde la putréfaction du système capitaliste. Aux États Unis, pour éviter l’effondrement économique, pour maintenir la production tout en diminuant le pouvoir d’achat des travailleurs, le gouvernement Bush a fait exploser les déficits budgétaires : relance du budget militaire, multiples cadeaux fiscaux à la bourgeoisie. La " reprise " aux Etats-Unis est une véritable fuite en avant : les déficits commerciaux sont historiquement sans précédents, et tous redoutent un krach du dollar.

En France également, tout est bon pour préserver les intérêts des capitalistes français : poursuite des privatisations (France Telecom), soutien massif de l’État (Alsthom), le tout accompagné de plans massifs de licenciements.

À BAS LE " DIALOGUE SOCIAL " !

Pourtant au printemps dernier, la mobilisation massive des travailleurs contre la loi Fillon, contre la décentralisation donnait la possibilité d’infliger une défaite majeure à ce gouvernement et de le chasser. Il n’a du son salut qu’au fait que les directions syndicales se sont dressées contre l’exigence exprimée dans des centaines d’Assemblées générales (en particulier dans l’enseignement) qu’au plan national la CGT, FO, la FSU, l’UNSA-Éducation (ex FEN) appellent à la grève générale. Il a pu ainsi faire voter la loi Fillon.

À cette rentrée, ce gouvernement est haï par l’immense majorité des travailleurs et par la jeunesse. Il sait qu’il n’est nullement à l’abri d’une nouvelle irruption de la lutte des classes. Il ne renonce pas pour autant à la mise en œuvre de " l’agenda 2006 ". Pour avancer vers la destruction de l’Enseignement public, de l’ensemble des garanties et droits collectifs (Assurance maladie, conventions territoriales et nationales, statuts…) ce que dit Raffarin est clair : "  le dialogue social est un préalable et ouvre le débat législatif en matière de code du travail, d’organisation du travail" Avancer dans la mise ne œuvre de la " refondation sociale " du Medef en associant les dirigeants syndicaux à la liquidation de tous les acquis ouvriers, tel est l’objectif !

C’est pourquoi, la signature, par l’appareil confédéral CGT, le 30 septembre, (après celle de la confédération FO le 20) de l’accord sur la formation professionnelle a été salué par le Medef et Raffarin lui-même " comme une étape très importante pour le dialogue social ". Il s’agit d’une décision politique, d’un acte d’allégeance au gouvernement et au Medef : "  la CGT fait front commun avec le patronat ", écrit Le Figaro. Dès le lendemain, Fillon annonçait qu’il avait les moyens de présenter sa loi ambitieuse réformant la formation professionnelle et le " dialogue social " : permettre à des entreprises de négocier des accords locaux plus défavorables pour les travailleurs que l’accord de branche conduit à la destruction de tout le code du travail. En approuvant la substitution du " droit individuel à la formation " aux droits collectifs qui limitent la concurrence entre les salariés, les signataires ouvrent la voie à la liquidation des conventions collectives et du code du travail !

C’est appuyé sur trois mois de " dialogue social " que Raffarin a pu faire voter, contre la volonté des travailleurs, la loi sur les retraites. De même veut-il procéder pour parvenir à la destruction de la Sécurité Sociale, à instaurer le salaire au mérite pour les fonctionnaires, à mettre en cause du droit de grève, à démanteler l’enseignement public.

Au lieu de déclarer : " Nous ne nous prêterons pas au jeu du gouvernement. Nous décidons de boycotter toutes les instances de mise en œuvre de ce dialogue social ", les directions syndicales prennent le chemin strictement inverse. Mais elles ne rompront pas d’elles même avec le gouvernement. Il faudra que les travailleurs le leur imposent :

À BAS LE BUDGET ! DÉFENSE DE LA SÉCURITE SOCIALE !

À partir du 14 octobre, l’Assemblée UMP discute du projet de budget. Le budget 2004 est un concentré de la politique gouvernementale: cadeaux fiscaux à la bourgeoisie, renforcement massif des budgets de l’appareil répressif ( + 5% pour l’Armée, l’Intérieur, la Justice), coupes claires dans les budgets sociaux, suppressions de 10 000 postes dans les ministères civils etc. Ce budget, c’est celui de la " modernisation de la Fonction publique ",  d’une " nouvelle gestion de la masse salariale " : salaire au mérite, mise en cause des garanties statutaires…

La " loi de santé publique " doit être définitivement adoptée cet automne : elle transfère les attributions de la sécurité sociale à l’État, réduit la sécurité sociale au rôle d’un intervenant parmi d’autres (mutuelles, assurances privées…) ; elle organise la régionalisation de la santé publique, met en place le cadre pour créer des " réseaux de soins " associant hôpitaux publics, cliniques et médecins libéraux. Le projet de loi de " financement de la sécurité sociale "prépare la transformation de la sécurité sociale en une assurance " à minima ", le transfert des remboursements aux assurances complémentaires.

Ces lois qui doivent être votée cet automne préparent la réforme de structure de l’Assurance maladie annoncée pour 2004. Pendant ce temps, le gouvernement développe la campagne de mise en condition sur le " trou " de l’Assurance maladie et met en place le " Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie " composé de représentants du patronat, de la mutualité, des assurances privées, de l’État…et des centrales syndicales. C’est ce qu’il appelle " construire une politique de l’assurance maladie " !

Défendre les acquis ouvrier, la Sécurité sociale, c’est exiger des dirigeants syndicaux, du PS, du PCFqu’ils cessent de se situer dans le cadre du "  diagnostic partagé " des " réforme nécessaire " au gouvernement et au patronat :

Dirigeants du PS, du PCF, de la CGT, de FO, de la FSU, prononcez-vous pour

Appelez à la manifestation à l’Assemblée contre la majorité UMP, contre les plans du gouvernement!

À BAS LE GOUVERNEMENT CHIRAC RAFFARIN !

La mobilisation du printemps a mis en évidence le fait que pour défendre les acquis ouvriers, il faut combattre contre ce gouvernement. Exiger des dirigeants du Parti Socialiste, du Parti Communiste qu’ils cessent de se comporter en " conseillers " du gouvernement et de Chirac, de s’inscrire " positivement " dans le débat sur l’Assurance maladie comme l’a déclaré la direction du PS, ou encore de proposer des " commissions d’enquête parlementaire " qui vont toutes invariablement conforter le gouvernement Imposer au PS et au PCF qu’ils déclarent immédiatement se porter candidats au pouvoir, sans attendre 2007, qu’ils déclarent vouloir constituer le gouvernement de leurs partis, sans représentant d’organisations bourgeoises, sans Chirac, ne serait-ce pas un formidable point d’appui à la mobilisation ? D’un tel gouvernement, les travailleurs exigeront satisfaction de leurs revendications.