Supplément à C.P.S. n° 93, 13 septembre 2003 :


ASSEZ DU GOUVERNEMENT CHIRAC-RAFFARIN !
FRONT UNIQUE DES ORGANISATIONS OUVRIÈRES CONTRE CE GOUVERNEMENT POUR LE BATTRE ET LE CHASSER !

Pour des millions de travailleurs et de jeunes, le caractère ultra-réactionnaire du gouvernement Chirac-Raffarin ne fait plus aujourd’hui aucun doute. Après le vote de la loi Fillon sur les retraites, le saccage du statut des intermittents du spectacle, la catastrophe sanitaire de cet été a approfondi le rejet de ce gouvernement. Ce gouvernement est le gouvernement d’une classe sociale dont les intérêts exigent impérativement la destruction de toutes les conquêtes sociales. Ses objectifs sont ceux du gouvernement de Thatcher, lequel a sévi vingt ans plus tôt au Royaume-Uni.

Alors que s’accélèrent les fermetures d’entreprises et leurs cortèges de licenciements, à l’" université d’été " du Medef, un parterre de patrons a chaleureusement applaudi la ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy et encouragé le gouvernement à poursuivre. Mais, pour l’ensemble des travailleurs et des jeunes, la décision de faire travailler gratuitement un jour férié est une véritable provocation. Pour Chirac, Raffarin et le Medef, la " réhabilitation " du travail, c’est le chômage pour 10% et plus de la population active et l’exploitation sans limites pour les autres…Les baisses d’impôts annoncées vont dans le sens des exigences et des intérêts patronaux.

Mais, au nom de quoi faudrait-il leur laisser encore quatre ans pour réaliser leurs objectifs ?

Au printemps dernier, grévistes et manifestants ont exigé des dirigeants syndicaux qu’ils appellent à la " grève générale ". Ce puissant combat a posé le problème de défaire et de chasser ce gouvernement.

LE " DIALOGUE SOCIAL " CONTRE LA GRÈVE GÉNÉRALE.

L’exigence de la " grève générale " exprimait la volonté de défaire et de chasser ce gouvernement et donc d’ouvrir une issue politique. Ce mouvement spontané s’est heurté aux obstacles dressés par les dirigeants syndicaux.

Ainsi, Bernard Thibault (CGT) martelait-il que la " grève générale " ne se décrète pas, et le 13 mai au soir, il demanda au gouvernement d’ouvrir de " vraies négociations ". Le 27 mai, Marc Blondel (FO), rejetait l’appel à la grève générale en déclarant : " la grève générale renvoie à l’idée d’insurrection et bien sûr à une lutte politique contre le gouvernement ". Quant à Gérard Aschiéri (FSU), il affirmait " Notre objectif n’est pas la chute du gouvernement ."Tout en refusant d’appeler à la grève générale, toutes les directions syndicales n’ont cessé de réclamer " négociations " et " tables rondes " avec le gouvernement.

Le 10 juin, se tient une " table ronde " avec Sarkozy; le 10 juin au soir Aschiéri se félicite de la qualité des négociations alors que le gouvernement ne retire ni le projet de loi Fillon, ni la sortie de la Fonction publique d’État des 90 000 personnels TOS ! Le 10 juin, le projet de loi Fillon entre en débat à l’Assemblée Nationale. Refusant d’appeler à manifester à l’Assemblée nationale afin d’interdire à la majorité UMP le vote de la loi, les dirigeants syndicaux organisent l’envoi de lettres aux députés UMP (pour une " re-négociation) ; les députés PS et PCF pratiquant la mascarade des amendements.

LE " DIALOGUE SOCIAL " CONTRE LES REVENDICATIONS OUVRIÈRES.

" Nous avons franchi une étape avec les retraites. Nous devons porter ce capital au profit des réformes à venir " a déclaré Raffarin qui fixe à son " agenda ", " trois axes fondateurs : les retraites en 2003, l’assurance maladie en 2004, l’éducation en 2005."L’exemple de la santé montre clairement les objectifs : c’est la " privatisation de l’assurance maladie et des hôpitaux publics ". Et Les Échos constatent qu’il utilise " la même méthode que celle éprouvée sur les retraites " : " la concertation ", le " dialogue social " !

" Jean François Mattéi lance la concertation ", et comme ils l’ont fait pour les retraites les dirigeants syndicaux sont prêts à y participer. A titre d’exemple, Nicole Prigent, secrétaire de la fédération santé de la CGT s’exprime ainsi dans l’Humanité (16-17 août) : " Le ministre de la santé veut engager une réforme de la sécurité sociale à la rentrée. Et bien parfait ! Avec ce qui vient de se passer cet été, on aura de quoi argumenter. " Comme si le patronat des entreprises et des sociétés d’assurances qui veulent les uns la baisse du coût du travail, les autres s’approprier le marché de la santé pouvaient être " convaincus " par des " arguments ".

Mais il faut être encore plus précis, la pratique du " dialogue social " ce n’est pas " une mauvaise manière de défendre une bonne politique ", c’est, de fait, l’abandon pur et simple des revendications ouvrières. Ainsi, à EDF-GDF, c’est la direction de la CGT, qui après des semaines de " concertation " a, en décembre 2002, organisé et appelé à voter oui au référendum qui proposait que les salariés de l’entreprise se prononcent eux-mêmes pour la liquidation de leur statut (aligné sur celui de la Fonction publique) préalable à la privatisation. Les salariés ayant massivement répondu non et compte tenu de la mobilisation exceptionnelle du printemps le gouvernement a dû remettre le dépôt de son projet de loi à la fin de l’année. Raffarin lui-même explique : " En ce qui concerne EDF je maintiens le cap mais comme je souhaite une négociation sociale importante, j’ai formulé le souhait que nous puissions attendre que la situation sociale dans l’entreprise soit stabilisée. " Le débat ne s’ouvrira qu’à l’issue " d’un congrès syndical important (octobre, celui de la fédération CGT) et des élections professionnelles en novembre. "

En clair Raffarin reconnaît qu’il ne peut pas réussir dans son projet si l’organisation syndicale majoritaire n’est pas " normalisée " par sa direction. Celle-ci répond présent. Elle vient de déclarer :[ La CGT ne veut] ni s’accrocher à un statu quo, ni à une opposition systématique et irrésolue qui, de fait, et compte tenu des bouleversements en cours, ne se traduirait que par des reculs ". Contre le " non " résolu et systématique des salariés en décembre 2002, la direction syndicale s’affirme favorable à la casse du statut : la concertation – dialogue social ce n’est pas la défense des revendications, mais au contraire leur abandon.

La première exigence à faire remonter auprès des directions des syndicats CGT, FO, FSU c’est :

Ce combat est indissociable de celui à mener pour ouvrir une issue politique.

QUELLE ISSUE POLITIQUE ?

La puissante mobilisation, qui a rassemblé au grand jour des milliers de travailleurs, a mis en évidence que toute revendication importante du prolétariat, de la jeunesse pose la question du gouvernement, du pouvoir.

PS, PCF, LCR, LO, disent quant à eux, qu’il faut préparer une " alternative politique ". mais quelle alternative politique ?Certains proposent de reconstituer une alliance sur le modèle de la " gauche plurielle ", c'est-à-dire, une alliance du PS, du PCF avec des organisations bourgeoises, pour conduire une politique au compte de la bourgeoisie . Ou encore, un " Olivier " à la française, en référence à la coalition italienne entre partis ouvriers et partis bourgeois ayant préparé le retour de Berlusconi ; et sur cette base, ils proposent de laisser Chirac et Raffarin poursuivre jusqu’en 2007 leurs mauvais coups.

Ainsi, Marie Georges Buffet du PCF a déclaré dans l’Humanité le 13 juin : " Il faut avoir le courage de dire que la gauche n’est pas prête et ne règlera pas les problèmes posés par le mouvement social en huit jours ". Ainsi, François Hollande, à l’université d’été du Parti socialiste, évoque-t-il les élections régionales de 2004 et les trois ans qui suivront durant lesquels " la droite aura quartier libre ". En clair, les dirigeants du PCF, du PS laissent à Chirac " quartier libre " jusqu’en 2007 pour s’attaquer aux travailleurs, à la jeunesse, aux chômeurs, à la sécurité sociale…

D’autres comme la LCR disent vouloir une " autre gauche ", un " pôle électoral anti-capitaliste." Un " pôle électoral " ? Il s’agit donc bien d’attendre les élections. Mais pour quel gouvernement puisque la LCR affirme: " plus jamais le PS au gouvernement " ? Ainsi, la LCR (et de manière analogue LO et le Parti de travailleurs) qui a refusé de 1997 à 2002 de combattre pour un autre gouvernement que celui de la " gauche plurielle ", un gouvernement du PS et du PCF sans ministres issus des partis bourgeois, milite-t-elle aujourd’hui pour un gouvernement sans le PS, ni avant, ni après 2007 : c’est la garantie d’une longue vie au gouvernement de Chirac.

Tous disent tranquillement : " il faut attendre 2007 ", parce que tous se situent dans le cadre de la défense du système capitaliste. Or la défense des intérêts ouvriers exige d’en finir avec ce système.

Sans doute, nombreux sont les travailleurs qui n’ont plus d’illusions quant au PS et au PCF. Mais en l’absence d’un véritable Parti ouvrier révolutionnaire, qu’ont-ils donc pour outil pour en finir au plus vite avec le gouvernement Chirac-Raffarin  et briser l’offensive du Medef, de la bourgeoisie ?

Imposer au PS et au PCF qu’ils déclarent se porter immédiatement candidats au pouvoir, sans attendre 2007, qu’ils déclarent vouloir constituer leur gouvernement, sans parti ou organisation bourgeoise, ne serait-ce pas un point d’appui à la mobilisation, seule à même de chasser le gouvernement Chirac-Raffarin ?

À bas le gouvernement Chirac-Raffarin !

Que le PS et le PCF se déclarent prêts à constituer immédiatement leur gouvernement: non pas une nouvelle mouture de gouvernement " gauche plurielle " mais un gouvernement des seuls PS et PCF, sans représentant de la bourgeoisie, rompant avec Chirac et la Vème République.

Ni division des rangs ouvriers, ni union avec la bourgeoisie ! Gouvernement du Front unique !

Une telle position serait un formidable encouragement à la mobilisation des masses.