Supplément à C.P.S. n° 92, 22 avril 2003 :



À BAS LA RÉFORME DES RETRAITES !

RETRAIT TOTAL DU PLAN CHIRAC-RAFFARIN !

RUPTURE IMMÉDIATE DE LA " CONCERTATION " AVEC CE GOUVERNEMENT

Telle est l’exigence à adresser aux dirigeants fédéraux (CGT, FO, FSU)

APPELEZ À LA GRÈVE GÉNÉRALE !


Après l’annonce, le 16 avril du plan de mise en cause du Code des pensions, le gouvernement a présenté le 18 avril aux directions syndicales l’ensemble de son plan de liquidation du régime des retraites. Le 7 mai ce plan sera un projet de loi présenté au Conseil des ministres.

Le cœur de l’offensive, c’est la liquidation du code des pensions de la Fonction Publique d’État : 40 annuités, décote de 3% par an, calcul de la pension sur la base des trois dernières années et non les 6 derniers mois, augmentation des retenues pour pension, désindexation des pensions par rapport aux traitements, mise en place programmée d’une caisse de retraite… C’est la négation de l’actuel code des pensions où la pension est un salaire continué financé par le budget de l’État.

Faire sauter le verrou du code des pensions est l’étape indispensable pour liquider tous les acquis en matière de retraites, comme l’indique clairement le document remis aux directions syndicales le 18 avril : " décider dès 2003 d’une augmentation de la durée d’assurance après 2008 ". Il s’agit de passer dès 2008 à 41, puis à 42 et ensuite à 45 annuités pour tous. Pour tous les salariés, la défense du code des pensions est donc une question vitale.

L’offensive est d’une brutalité inouïe : la pension d’un fonctionnaire ayant travaillé depuis l’âge de 23 ans et prenant sa retraite à 60 ans baissera, par exemple, de plus de 20%. Mais au-delà, il s’agit d’infliger une profonde défaite au prolétariat donnant les moyens au gouvernement de concasser tous les acquis. Liquidation du statut de fonctionnaire d’État à travers les lois organiques de décentralisation : le rapport du conseil d’État préconise de " substituer la convention au statut." Liquidation de l’Hôpital Public : le plan Mattéi 2007 prévoit, sur le modèle anglais, l’intervention des capitaux privés dans la construction et les investissements des hôpitaux publics. Destruction de la Sécurité Sociale : ainsi le rapport Chadelat prévoit que les remboursements seront réduits à un " panier de soins ", le reste étant à la charge du malade contractant, s’il en a les moyens, une assurance privée.

LE CADRE DE LA " CONCERTATION " : LA MISE EN CAUSE DU CODE DES PENSIONS.

Début 2003, lorsqu’il affirme que la " réforme " du gouvernement a pour objectif de sauver la répartition, Chirac a un but précis : définir le cadre de la " concertation ". De façon démagogique, il se réclame de la défense des retraites par répartition. En réalité, en indiquant des " principes communs de réforme " à la Fonction publique et au secteur privé, il fait comme si la Fonction publique relevait déjà de la répartition : le cadre fixé par le gouvernement, c’est la mise en cause du code des pensions.

La " concertation " qui conduit les dirigeants syndicaux tous les trois jours dans les bureaux du gouvernement a totalement fonctionné au service de l’offensive gouvernementale. La plate-forme commune du 7 janvier est la réponse des directions syndicales à l’invitation du gouvernement : au nom de la " réforme nécessaire ", elle ne dit pas un mot de la défense du code des pensions, prend comme seule référence les 40 annuités…

Fillon n’a pas manqué de s’en féliciter ; dans une déclaration au Monde du 28 mars il a indiqué : " Nous ne sommes pas, avec les partenaires sociaux, en conflit sur l’essentiel, à savoir la pérennisation de la répartition, mais en débat sur les modalités de cette pérennisation. Il faut donc aller jusqu’au bout de la concertation ! Les syndicats continuent de discuter dans des groupes de travail. Ils continuent, y compris la CGT, de se référer à leur déclaration commune sur les retraites. Je ne vois pas chez eux d’attitude de blocage. ".

Le 19 avril à Poitiers, Raffarin a déclaré : " Nous sommes dans la finalisation du dialogue. Mais ce dialogue n’est pas encore achevé, il y a encore des contacts mardi ; il y a plusieurs grands rendez-vous. ". À plus long terme le plan gouvernemental indique : " prévoir les rendez vous de 2008, 2013 et 2018... au vu de l’évolution des données démographiques, économiques et sociales... ". Il s’agit d’organiser l’association permanente des directions syndicales à chaque étape de liquidation des retraites : 40 ans, 42 ans, 45 ans etc.

" DIALOGUE SOCIAL " ET " JOURNÉES D’ACTION "

La défense du code des pensions, la défense du statut de la Fonction publique est contradictoire à la participation aux réunions convoquées pour déterminer les modalités du démantèlement du code des pensions et des statuts. Aucune fédération ne se prononce pour le retrait pur et simple du plan Chirac-Raffarin. Participation au " dialogue social " et politique des journées d’action et des " grèves reconductibles " sont les deux faces d’une même médaille. Il s’agit d’une entreprise de dislocation pour empêcher que ne surgisse la mobilisation d’ensemble de corps de fonctionnaires et au-delà de l’ensemble de la Fonction publique dans la grève générale pour le retrait du plan Chirac-Raffarin.

L’Enseignement public, est au cœur des " réformes " gouvernementales : liquidation du code des pensions (deux tiers des fonctionnaires d’État sont dans l’Éducation Nationale) et liquidation des statuts constituent les deux faces d’une même offensive. Les personnels enseignants et non enseignants cherchent à engager le combat contre les plans gouvernementaux, pour le retrait total de ces plans. Ils se heurtent à la politique des dirigeants syndicaux.

Au soir du 18 avril, la direction de la FSU a indiqué : " la FSU a fortement souligné le caractère inévitable du conflit si le gouvernement ne changeait pas ses propositions et ne se donnait pas le temps d’un véritable débat et d’un véritable dialogue social sur les retraites." Elle appelle les " personnels à se mobiliser pour empêcher ces reculs et faire prévaloir un projet solidaire intégrant les droits des salariés du privé. " Comment peut-on faire croire que le gouvernement mis en place par Chirac pourrait, sous la pression des masses, satisfaire les revendications ouvrières ? En réalité, il n’y a rien à négocier ! Ce gouvernement ultra-réactionnaire ne peut qu’être combattu.

Or, c’est pour " faire pression " sur ce gouvernement que les dirigeants de la FSU, du SE, de la CGT, de FO, flanqués de SUD, appellent à des " grèves reconductibles ". Les personnels sont invités à décider établissement par établissement de grèves perlées, tournantes, etc … Puis, les fédérations de l’enseignement appellent à une grève de 24 heures le 6 mai : c’est la sixième journée d’action depuis octobre. Quant à Blondel, il estime qu’"un dossier comme celui-là " mérite " une " grève ! Thibault annonce " une manifestation nationale, unitaire, à Paris sur l’avenir des retraites dans le dernier week-end de mai ", sur la base des " sept propositions communes ", celles de la plate-forme du 7 janvier !

COMBATTRE LE GOUVERNEMENT CHIRAC-RAFFARIN :
LUI INFLIGER UNE DÉFAITE POLITIQUE.

Il y a un an, les dirigeants du PS, du PCF, les dirigeants syndicaux, en appelant à voter Chirac, ont permis le plébiscite pour celui-ci, la victoire écrasante de l’UMP aux législatives. C’est une dure défaite pour la classe ouvrière et la jeunesse. Aujourd’hui, le gouvernement s’appuie sur le fait que le PS et le PCF n’ont cessé de soutenir Chirac, sur le fait que les dirigeants de la CGT, de FO, de la FSU ne cessent de réclamer " le dialogue social ".

Le 3 avril, contradictoirement à la politique des dirigeants syndicaux, les fonctionnaires ont clairement exprimé par la grève et les manifestations leur volonté que soit défendu le Code des pensions et l’intégralité de ses dispositions. Depuis le 3 avril, les travailleurs cherchent à engager le combat. En témoigne par exemple la puissante mobilisation des personnels de l’Éducation nationale et de l’Équipement à La Réunion : des dizaines de milliers de manifestants rassemblant la totalité des travailleurs de ces corporations ont exigé la démission de Raffarin. Le gouvernement leur a envoyé ses CRS. Les salariés se sont adressés aux directions syndicales exigeant qu’elles appellent à la grève générale. De nombreuses motions d’Assemblées générales, de sections syndicales ont fait de même.

Exiger du PS et du PCF, des appareils syndicaux qu’ils rompent avec Chirac et avec son gouvernement répond à l’aspiration au combat, à la recherche d’un mouvement d’ensemble contre le gouvernement. Cette orientation peut et doit se concrétiser immédiatement : il faut amplifier, partout et par tous les moyens (pétition, prise de position d’assemblées générales, délégations massives aux dirigeants), l’exigence adressée aux dirigeants syndicaux :

Rompez immédiatement toute concertation sur la réforme des retraites ! Quittez tous les groupes de travail sur les modalités de " transfert des personnels ", la " gestion des ressources humaines "… Exiger des dirigeants syndicaux qu’ils mettent en avant les véritables revendications : Retrait total du plan Chirac-Raffarin de réforme des retraites ! Défense inconditionnelle du code des pensions ! Il faut aussi exiger le maintien de tous les personnels dans la Fonction publique d’État : À bas la loi de décentralisation ! Retrait des projets de lois organisant les " expérimentations " et les transferts !

Le combat pour ces revendications implique d infliger une défaite politique à Chirac et à son gouvernement.

Il faut organiser la bataille pour que les dirigeants des syndicats et des fédérations de fonctionnaires CGT, FO, FSU appellent à la

GRÈVE GÉNÉRALE JUSQU’AU RETRAIT DU PLAN GOUVERNEMENTAL!

C’est sur cette orientation, pour ces objectifs, que peut et doit être organisée dans l’unité des fédérations et confédérations ouvrières, la manifestation centrale, à l’Assemblée nationale, contre la majorité UMP, pour lui interdire de voter le projet de loi de destruction des retraites.

Les militants du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire (de l’Internationale Ouvrière révolutionnaire) prendront toute leur place dans ce combat.