30 mars 2003 - Supplément à «Combattre pour le socialisme» n°92 :


À BAS LA GUERRE IMPÉRIALISTE !

NI PROTECTORAT AMÉRICAIN (FAÇON BUSH) !

NI PROTECTORAT DE L'O.N.U. (FAÇON CHIRAC) !

DÉFENSE DE L’IRAK !


Depuis plus de huit jours, les armes de destruction massive sont déchaînées contre les villes irakiennes.

" Nous les ramènerons à l’âge de pierre " avait dit le général Westmorland parlant des Vietnamiens (19 millions de tonnes de bombes larguées, sans parler des armes chimiques, du napalm…) Ces paroles pourraient être reprises mots pour mots par le commandement militaire américain en Irak.

Selon la formule connue : " La guerre, c’est la continuation de la politique par d’autres moyens ", la guerre en Irak met à nu la réalité de la politique impérialiste.

UNE GUERRE IMPÉRIALISTE.

Si le contrôle du marché mondial du pétrole est un enjeu économique et politique de première importance, au de-là, la guerre totale contre l’Irak vise à la réorganisation politique et militaire du Proche et du Moyen-Orient.

L’impérialisme américain qui a imposé l’État sioniste d’Israël comme gendarme sur la Palestine veut s’assurer d’un contrôle absolu sur les États de la région. Après l’Irak, l’Iran est déjà en ligne de mire. Ces ambitions américaines ne sont pas nouvelles. En 1980, dans son " discours sur l’état de l’Union ", le Président démocrate Jimmy Carter annonçait : " Toute tentative de la part de n’importe quelle puissance étrangère de prendre le contrôle de la région persique sera considérée comme une attaque contre les intérêts vitaux des États-Unis. Et cette attaque sera repoussée par tous les moyens nécessaires, y compris la force militaire ".

L’Iran ayant échappé à l’influence américaine, l’Arabie Saoudite n’apparaissant plus aussi sûre, en 1990, les dirigeants américains ont monté une provocation contre l’Irak pour justifier la guerre du Golfe. L’alliance internationale impérialiste faisait entendre quelques grincements, mais n’était pas rompue.

Les attentats du 11 septembre 2001 ont donné l’opportunité (c’est le mot de Bush) pour déclencher la guerre en Afghanistan et préparer l’agression contre l’Irak.

La raison de l’accélération des processus militaires n’est pas dans les intérêts financiers particuliers de la famille Bush ou des membres de son gouvernement. Il s’agit des intérêts des capitalistes américains dans leur ensemble. En effet, derrière la façade de puissance impérialiste dominante, les États-Unis sont l’État le plus endetté du monde avec un déficit extérieur de 435,2 milliards de dollars. Deux millions d’emplois y ont été supprimés ces derniers mois. Le déficit public devrait atteindre le record de 307 milliards de dollars l’an prochain.

L’impérialisme américain vit à crédit, et l’ampleur de la crise boursière n’est qu’un des indices de la gravité du mal qui le ronge. Surmonter cette crise nécessite d’une part une offensive générale contre les salariés aux États-Unis mêmes (licenciements, remise en cause des libertés démocratiques, du droit de grève, de la protection sociale et formidable campagne d’obscurantisme religieux..). D’autre part, cela implique de réorganiser le marché mondial de façon à reporter cette crise sur les impérialismes concurrents. C’est ce qui fait grincer des dents l’impérialisme français et l’impérialisme allemand, à propos de l’Irak.

CHIRAC PARTISAN D’UN PROTECTORAT SUR L’IRAK.

De toute part, on nous dit que Chirac est contre la guerre : Bocquet (PCF) et Lang (PS) se sont dit entièrement d’accord avec la politique de Chirac sur l’Irak. Qu’en est-il donc de cette politique ?

Dans le cadre de l’ONU, tous les impérialismes y compris l’impérialisme français ont, jusqu’en 1997, soutenu l’embargo sur l’Irak portant la responsabilité de la mort de centaines de milliers de personnes.

Dans le cadre de l’ONU, tous les impérialismes se sont mis d’accord, avec la résolution 1441 pour exiger le désarmement de l’Irak, ce qui, en clair, signifie la fin de la souveraineté de l’Irak. L’impérialisme américain a pu considérer que cette résolution suffisait à légitimer l’intervention militaire quand il le déciderait.

Le jour où les bombes ont commencé à pleuvoir sur Bagdad, Villepinte a déclaré : " Je souhaite une guerre courte ". Qu’est-ce à dire, si non appeler de ses vœux la défaite rapide de l’Irak. Il a ajouté " après la fin de la guerre, la légitimité en Irak appartiendra à l’ONU ". Ce que le gouvernement français tente de défendre depuis le début, ce sont les intérêts du capitalisme français en Irak, Total-Fina contre British-Petroleum. L’Irak sous contrôle de l’ONU, c’est la possibilité pour l’impérialisme français de prendre sa part de gâteau !(Et afin de ménager l’impérialisme américain, Chirac a autorisé les bombardiers américains à survoler la France)

Contrairement à tout ce que l’on entend dire, l’ONU n’est pas le garant d’on ne sait quel droit international qui protègerait les peuples, mais, c’est le lieu où s’arbitrent les conflits d’intérêts entre les impérialismes, du moins tos ceux qui sont conciliables.

LE GOUVERNEMENT CHIRAC CONTRE LE PROLÉTARIAT ET LA JEUNESSE.

C’est à l’abri de la préparation de la première vague de bombardements sur Bagdad que le gouvernement français a fait voter dans une discrétion absolue la loi constitutionnelle de décentralisation qui ordonne le saccage du statut de la Fonction publique. Sous le titre " Utiliser l’effet unitaire ", le journal La Montagne expose le bon usage de la guerre pour le gouvernement Chirac. Faisant état du soutien du PS et du PCF, comme des dirigeants des syndicats ouvriers, au président de la République le journaliste écrit : " Jacques Chirac cherche à utiliser son nouvel état de grâce le plus vite possible (…)C’est ainsi [que le gouvernement ] a procédé dans l’indifférence générale à des annulations de crédits d’un montant de 1,4 milliards d’euros (…)Ce n’est pas le moment de ralentir la cadence des réformes, mais si possible de l’accélérer " :ce qu’il s’agit d’" accélérer ", c’est la liquidation des retraites, du code des pensions, des statuts ; multiplier les licenciements, bloquer les salaires…

POUR LA DÉFENSE DE L’IRAK !

Depuis près de deux mois, de puissantes manifestations ont eu lieu à Londres, à Madrid et à Rome, à New York etc…

D’autres manifestations en soutien à l’Irak ont eu lieu dans les États arabes, souvent réprimées par les gouvernements locaux. Les manifestants sont attentifs au fait que le peuple irakien, qui a une longue histoire de combat contre l’impérialisme, n’accepte pas plus la domination de l’impérialisme américain qu’il n’a accepté celle de l’impérialisme anglais. Le Monde du 29 mars cite un combattant de la guerre de libération algérienne " Ma patrie, c’est l’Irak. Les Irakiens ont été les premiers à nous porter assistance contre l’armée coloniale". Dans ces pays, la mobilisation en défense de l’Irak rejoint le combat contre les gouvernements inféodés à l’impérialisme.

De même, en Espagne, des mobilisations sans précédent ont exigé la démission d’Asnar ; les locaux du Parti populaire au pouvoir ont été pris d’assaut. En Angleterre, les manifestants ont exigé que Blair soit renvoyé. En France, les dernières manifestations ont vu apparaître des mots d’ordre de solidarité avec l’Irak, mais aussi avec la Palestine, car pour un grand nombre de manifestants, le combat en défense de l’Irak est indissociable du combat en défense du peuple palestinien. Les organisateurs, quant à eux, continuent à se réclamer de l’ONU. À l’inverse, la responsabilité des organisations ouvrières, partis et syndicats, c’est de se prononcer clairement contre la guerre impérialiste, contre toutes les formes d’intervention impérialiste y compris avec mandat de l’ONU :

(s’y opposer est de la responsabilité des syndicats, ceux des contrôleurs aériens avec les confédérations) Sur cette orientation, la responsabilité des dirigeants des organisations ouvrières est d’appeler les jeunes et les travailleurs, par centaines de milliers :

à la manifestation à l’Ambassade américaine.