16 septembre 2001 - Déclaration du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire
(de l'Internationale Ouvrière Révolutionnaire) :


MARCHE À LA GUERRE IMPÉRIALISTE CONTRE LES PEUPLES DU
PROCHE ET MOYEN-ORIENT, ET UNION SACRÉE CONTRE LES PROLÉTARIATS.


Mardi 11 septembre, quatre avions de ligne ont été piratés et deux d’entre eux jetés contre les tours du World Trade Center à New York (le Pentagone à Washington a également été touché). Des milliers de personnes (passagers, membres d’équipage, employés, pompiers…) sont mortes.

" CELA VA ÊTRE UNE BATAILLE MONUMENTALE DU BIEN CONTRE LE MAL "

" Cela va être une bataille monumentale du Bien contre le Mal " a déclaré G. Bush. " Le Bien contre le Mal" ? Qu’en est-il donc de la politique de l’impérialisme américain ?

En 1948, l’impérialisme américain a armé et financé les colons sionistes qui détruisaient des villages entiers, organisaient les massacres pour contraindre les Palestiniens à l'exil. Il a placé l'État d’Israël comme gendarme de l’impérialisme dans cette région comme il a soutenu la sanglante dictature du shah d’Iran jusqu’à sa chute en 1979, sous les coups de la révolution prolétarienne.

En 1980 il a poussé l’armée de Saddam Hussein contre la révolution iranienne. Les victimes de la guerre Iran-Irak se comptent par millions. En 1990, l’Irak est saigné par la guerre; l'armée irakienne pénétrait au Koweït, État artificiel, créé par les puissances impérialistes pour préserver leurs intérêts pétroliers. Le gouvernement américain et ses alliés ont écrasé la population irakienne sous les bombes (300 000 morts). Depuis, la population est régulièrement bombardée. L’embargo entraîne malnutrition et défauts de soins et, chaque jour, des dizaines de victimes, notamment les enfants. En outre, l’écrasement de l’Irak a mis fin à l’Intifada palestinienne commencée en 1987.

Les accords de Washington de 1993 ont réduit les Palestiniens à vivre dans de véritables cages à ciel ouvert dites " zones sous l’autorité palestinienne ". L’implantation de nouvelles colonies sionistes s’est accélérée. Les masses palestiniennes sont réduites à la misère et au désespoir. Dans des conditions épouvantables, elles tentent de résister.

Un ministre israélien a rappelé, il y a quelques jours, l’objectif de son gouvernement : " expulser tous les Palestiniens de l’autre côté du Jourdain ". Pour y parvenir, sans déstabiliser toute la région, sans ruiner l’autorité des régimes bourgeois et semi-féodaux (Égypte, Arabie Saoudite, Jordanie, Syrie, etc.) sur lesquels il s’appuie, l’impérialisme américain applique son talon de fer. Trois jours après les attentats aux Etats-Unis, le ministre israélien de la défense pouvait indiquer à son homologue américain: "C’est un fait que nous avons tué quinze Palestiniens à Jénine et Tammoun sans que le monde ne pipe mot… ".

Voilà pour ce qui est du "Bien " contre le "Mal ".

FONDAMENTALEMENT LE RESPONSABLE : L’IMPÉRIALISME

La liberté pour laquelle combat l’impérialisme américain, c’est celle de ses banques, industries et compagnies pétrolières de réaliser un maximum de profit : un " ordre " présenté comme un ordre divin (God bless America).

C’est le capitalisme qui est responsable, des innombrables carnages qui jalonnent l’histoire depuis plus d’un siècle et des deux guerres mondiales. L’expansion coloniale, la constitution d'empires sont des pages d’une rare violence. Inhérente au capitalisme, la lutte pour le partage du monde entre grands rapaces impérialistes n’a pas disparu du fait de la dislocation des empires coloniaux. Cette lutte se développe à travers des interventions de toutes sortes (militaires, économiques, politiques), directes ou masquées.

Les services secrets américains incriminent aujourd'hui "lislamisme fondamentaliste" particulier Ben Laden ; mais, ce dernier a été formé par la CIA qui en avait fait le maître du trafic d’armes vers les Talibans. Quoi qu'il en soit de la responsabilité (ou non) de tel ou tel de ces groupes "islamistes", une chose est sûre : ces groupes représentent la réaction la plus noire. Ce sont des ennemis mortels de l’organisation, de l'émancipation des travailleurs et de la jeunesse. Tout le montre, de l’Afghanistan à l’Iran en passant par l’Algérie et la Palestine… Ils utilisent et détournent la volonté des masses de combattre l’impérialisme, et ce dans une situation particulière, celle où, partout, les dirigeants du mouvement ouvrier (en particulier ceux des PS et des PC) se sont vautrés et se vautrent dans le soutien à leur propre impérialisme, et dans la défense de l’État d’Israël.

Quels qu’en soient les organisateurs, ces actes de terrorisme ne servent ni le prolétariat ni la jeunesse, du Moyen-Orient et d'ailleurs. Bien au contraire ils jettent le désarroi dans les masses. À ce jour, ils n'ont pas été revendiqués ; leur mobile subjectif (fût-il celui de la défense des peuples opprimés) importe peu. Leur résultat est de permettre à l'impérialisme un déploiement sans précédent de sa politique criminelle au nom de la lutte contre "le terrorisme".

Dans cette "guerre" qu’il annonce, Bush a déjà obtenu l’appui total de l’ensemble des gouvernements impérialistes en particulier du gouvernement dirigé par Jospin ; Vedrine a déclaré : "Nous sommes dans une solidarité politique et humaine de principe". L’Union Européenne, l'OTAN se sont également déclarées aux ordres.

Les attaques terroristes sont ainsi un prétexte à une offensive d’ensemble. C’est ce que Bush avoue lui-même. Le 13 septembre, il déclarait: " Derrière les larmes, nous tenons une opportunité…"  (communiqué sur France Inter, publié par " El Païs " du 14 septembre).

UNE OFFENSIVE CONTRE LES PROLÉTARIATS.

Derrière les larmes, " Une opportunité " ? Celle de renforcer les positions de l’impérialisme américain !  Et pas seulement contre les peuples du Proche et du Moyen-Orient.

La situation économique, aux Etats-Unis, se dégrade depuis des mois, la récession menace, un krach boursier est à l’ordre du jour et les plans de licenciement se multiplient. Le désarroi provoqué par les attentats au sein des masses américaines, le soutien sans fard des directions syndicales à l’opération d’union nationale offre une autre " opportunité " à Bush fils, celle d’obtenir la " paix sociale ". Bush (père) confiait à son successeur Bill Clinton : " Si tu as des ennuis de politique intérieure, tape sur Saddam Hussein ". Clinton ne s’en est pas privé, et aujourd’hui, le fils se montre bon élève du père.

La "paix sociale" permet de réaliser sans résistance d’immenses plans de licenciements qui étaient déjà en préparation : quelques jours après les attentats, Boeing annonce 30 000 licenciements, 100 000 autres sont prévus par les compagnies aériennes. L’offensive est également conduite contre les libertés démocratiques : il s’agit de trouver " un nouvel équilibre entre sécurité et libertés démocratiques ", explique un dirigeant du parti démocrate américain. Une offensive analogue est conduite par les autres impérialismes.

En France, tandis que se développent la flexibilité, l’annualisation du temps de travail (loi Aubry, décret Sapin), que les retraites sont menacées, que les fermetures d’entreprises se poursuivent (Moulinex), l’union nationale est utilisée contre les grévistes; des salariés des TCL (transports en commun lyonnais) en grève depuis dix jours ayant bloqué les dépôts du tramway, un article du Progrès de Lyon du 14 septembre écrit : " Il semble que les usagers puissent légitimement s’interroger sur le durcissement de cette action alors que le monde entier est encore sous le choc des attentats qui ont secoué les Etats-Unis (…) N’est-il pas déplacé dans ce contexte (…) que les grévistes les plus déterminés des agences commerciales fassent monter d’un cran la pression ? C’est la question de la responsabilité citoyenne en cas de crise qui est posée. "

À BAS L’UNION SACRÉE CONTRE LES PEUPLES DU PROCHE ET DU MOYEN ORIENT !
À BAS L’UNION NATIONALE CONTRE LE PROLÉTARIAT !

Pour défendre ses intérêts de classe, le prolétariat doit refuser de se dissoudre dans l’ union sacrée  " contre le terrorisme " ; et il doit combattre dans chaque pays contre son propre gouvernement bourgeois, défenseur de l’ordre impérialiste, dont les événements récents ont encore montré qu’il conduisait à la barbarie, au chaos, à la guerre.

Il doit exiger des dirigeants de ses partis et syndicats qu’ils rompent l’union nationale: aucun soutien, mais au contraire combat contre toutes les mesures de renforcement de l'État policier, aucun soutien mais combat contre les préparatifs de la nouvelle offensive impérialiste.

Ce combat est de toute première urgence, au moment où les dirigeants du PS, du PCF et les dirigeants syndicaux s’alignent totalement derrière la politique du gouvernement. Ainsi Hollande (PS) qui déclare " en appeler à la mobilisation internationale pour apporter une solidarité aux États-Unis ". Ainsi Robert Hue qui, avec toute la direction du PCF, exprime sa solidarité aux américains  "et aux dirigeants qu’ils se sont donnés", stigmatisant " ceux qui abritent les terroristes " et affirmant : "  il faut que tout soit entrepris afin de démasquer et de punir les auteurs et les instigateurs de ces actes de barbarie ".

Le même soutien au gouvernement américain est donné par les directions des confédérations et fédérations CGT, FO, FSU,UNEF; de manière très nette le bureau confédéral de la CGT a déclaré : " Ce drame frappe en premier lieu le peuple américain, la nation américaine. Nous comprenons son émotion et sa détermination à rechercher, poursuivre et condamner ceux qui ont accompli cet acte ignominieux, ceux qui l’ont commandité, ou ceux qui, en ayant eu connaissance, l’ont soutenu ou toléré. Chacun de nous ressent la légitimité de cette attitude ".

"L’ennemi est dans notre propre pays ". Combattre l'impérialisme c'est d'abord combattre le gouvernement de notre propre impérialisme, contribuer à la réalisation du front unique de la classe ouvrière et de ses organisations contre le gouvernement Jospin-Gayssot-Voynet-Kouchner, contre Chirac.

Tels sont les axes de l’activité du Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire, de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire.

16 septembre 2001.