L’enjeu du 29 mai :

En finir avec Chirac et son gouvernement sans attendre 2007,
imposer une alternative ouvrière immédiatement !

Pour ceci, une nécessité :

RÉALISER LE FRONT UNIQUE DE TOUTES LES ORGANISATIONS OUVRIÈRES,
PARTIS ET SYNDICATS, POUR LE DOUBLE « NON » !
- « Non » au traité constitutionnel !
- « Non » à Chirac et à son gouvernement , « Non » à son référendum-plébiscite!


Plus les jours passent, plus s’accroît la volonté de la population laborieuse d’utiliser le référendum du 29 mai pour infliger une défaite politique à Chirac. Briser l’offensive de la bourgeoisie contre les acquis sociaux, offensive qui est conduite en France comme dans toute l’Union Européenne, implique d’affronter Chirac et son gouvernement.

Pourtant, cette bataille est difficile. Pour plusieurs raisons :

D’abord, parce que le traité soumis au référendum est très long, souvent obscur dans ses formulations ; ceci est volontaire. Nombreux sont ceux qui s’interrogent, en toute bonne foi : ce texte est-il pire que les autres traités ? Peut-il y avoir une alternative à ce traité ? Quelle alternative existe-t-il, au niveau de l’Europe, à l’Union Européenne actuelle ?

Ensuite et surtout parce que les partis ouvriers et les syndicats ouvriers ne sont pas unis sur cette question. Les dirigeants du PS et du PCF, ceux de la CGT, de FO, de la FSU n’ont pas aujourd'hui les mêmes postions, n’appellent pas dans l’unité à voter « non » au référendum.

Enfin parce que de manière étroitement liée pèse sur les travailleurs et les jeunes l’absence de réponse claire à la double question :

1. Comment imposer le départ de Chirac et de son gouvernement alors que Chirac a annoncé qu’il ne démissionnerait pas si le « non » l’emporte le 29 mai ?
2. Quelle alternative gouvernementale est immédiatement possible ? Par quoi remplacer Chirac et son gouvernement si la mobilisation les chassait du pouvoir ?

Répondre à ces questions est une nécessité impérieuse.

Car le véritable enjeu du référendum du 29 mai, c’est bien d’en finir au plus vite avec Chirac, ce qui implique d’affirmer dès aujourd'hui qu’il existe une alternative gouvernementale, une alternative ouvrière :

- un gouvernement sans Chirac,
- un gouvernement sans partis bourgeois, sans UMP ni UDF,
- un gouvernement sans organisations telles que le Parti radical, les Verts et autres groupes représentants la bourgeoisie,
- un gouvernement qui ne soit pas la répétition du gouvernement de la « gauche plurielle » que Jospin a dirigé de 1997 à 2002.

Pour répondre à l’ensemble de ces questions, il faut revenir sur quelques faits majeurs.

14 JUILLET 2004 : UN RÉFÉRENDUM PLÉBISCITE POUR SURMONTER LA DÉFAITE ÉLECTORALE.

C’est la 18 juin 2004 que les 25 chefs d’État et de gouvernement de l’Union Européenne se sont mis d’accord sur un nouveau texte appelé « traité constitutionnel ». Ce texte, comme les précédents traités organisant l’Union Européenne, vise à faciliter l’activité des monopoles et banques à l’échelle de l’Europe. Il n’apporte strictement aucune protection, ni droits aux travailleurs, bien au contraire. Il correspond à l’évolution des rapports de force au sein de l’U.E. entre impérialismes grands et petits.

Le plus simple était alors, pour Chirac de faire ratifier ce traité par un vote des députés et sénateurs UMP-UDF qui sont majoritaires à l’Assemblée et au Sénat.

Pourtant, le 14 juillet 2004, Chirac annonçait qu’il choisissait le référendum. Personne ne l’y obligeait. Si Chirac a choisi la procédure référendaire, c’est pour ses propres besoins politiques : ayant subi en mars et en juin 2004 deux sévères défaites électorales, Chirac se trouvait dans la nécessité de surmonter cette double défaite électorale.

UN RÉFÉRENDUM PLÉBISCITE POUR POURSUIVRE UNE POLITIQUE RÉACTIONNAIRE.

En effet, en mars 2004 ce vote massif contre Chirac et ses candidats prolongeait, sur le terrain électoral, la puissante mobilisation du printemps 2003. Personne n’avait oublié que, par des grèves et manifestations de grande ampleur, les travailleurs du privé et les fonctionnaires - les enseignants notamment - avaient tenté de briser l’offensive réactionnaire du gouvernement Chirac.

Celui-ci avait pu, finalement, faire voter la loi Fillon contre les retraites et la loi de décentralisation parce que les dirigeants syndicaux avaient refusé d’appeler à la grève générale, protégeant ainsi Chirac et son gouvernement. Mais la mobilisation du printemps 2003, en s’affrontant au gouvernement, avait posé objectivement la question du pouvoir.

En votant massivement, en mars 2004, pour les listes conduites par le PS (et le PCF), et pour les candidats du PS et du PCF aux cantonales, les travailleurs n’ont pas seulement manifesté leur volonté d’en finir avec Chirac et son gouvernement. Ils ont exprimé la recherche d’une alternative gouvernementale immédiate.

Mais en mars puis en juin 2004, le PS et le PCF ont refusé d’exiger le départ immédiat de Chirac, et de constituer leur propre gouvernement, un gouvernement des seuls PS et PCF, sans Chirac ni représentant de partis bourgeois. Ils ont au contraire déclaré que Chirac était légitime jusqu’en 2007. Chirac a donc pu reprendre son offensive contre les travailleurs et la jeunesse.

Les défaites électorales de mars et juin 2004 infligées à Chirac n’étaient pas pour autant effacées. Et un nombre croissant de travailleurs posaient ouvertement la question : jusqu’à quand allait-on devoir subir la politique de ce gouvernement et de cette minorité ? Pour Chirac, le risque était que surgisse une puissante mobilisation spontanée menaçant sa politique et son gouvernement.

Pour surmonter ce handicap et obtenir une nouvelle légitimité, Chirac a donc choisi le référendum, comme le lui demandaient François Hollande et Marie-Georges Buffet. L’objectif était de se faire plébisciter, de recueillir - comme au second tour des présidentielles de 2002 - une large majorité derrière lui.

UN RÉFÉRENDUM POUR DIVISER LES RANGS OUVRIERS.

Chirac escomptait que, outre l’UMP et l’UDF, le Parti socialiste appellerait à voter « oui » comme il l’avait fait en 1992 pour le traité de Maastricht. Il pouvait compter sur l’appui de la quasi-totalité de la direction du PS.

Quant au « non » du PCF, il ne représentait pas à lui-seul une menace. En outre, un désaccord du PS et du PCF sur cette question décisive était le moyen d’affirmer qu’il n’y avait pas d’alternative possible à Chirac, qu’il n’y avait pas de gouvernement PS-PCF possible.

(Rappelons que le PCF a affirmé rejeter le projet de traité constitutionnel après la défaite électorale de Chirac de mars 2004 en même temps qu’il expliquait qu’il n’y avait pas d’alternative gouvernementale à Chirac compte-tenu notamment … des positions du PS sur ce projet de traité).

ÉTÉ 2004 : UNE RÉSISTANCE IMPRÉVUE.

Mais c’est une résistance imprévue qui s’est développée au sein du PS, une opposition à un « oui » aux côtés de Chirac., opposition souvent confuse, mais de plus en plus vigoureuse, qui reflète - au sein du PS - le combat de la classe ouvrière contre Chirac et sa politique. Entre mille exemples, cette réaction rapportée par la presse en juillet 2004 d’un militant socialiste pourtant proche de François Hollande : « Je ne suivrais pas François s’il appelait au « oui ». Comme lui, je suis européen. Mais cette fois, c’est « non ». Ce n’est pas possible de dire « oui » à Chirac. Je l’ai déjà fait le 5 mai 2002. Depuis, je le regrette chaque jour que Dieu fait. Mon « non » au traité de Giscard sera aussi un « non » à Chirac. Il faut précipiter sa sortie, comme de Gaulle en 1969 ».

Au vu de cette opposition croissante, Fabius a alors considéré, pour ses propres besoins politiques, qu’il devait se prononcer en faveur du « non ». La direction du PS ayant décidé d’un référendum interne sur cette question, le « non » risquait désormais de l’emporter lors de ce référendum interne fixé au 1er décembre.

SEPTEMBRE-DÉCEMBRE 2004 :
BRANLE BAS DE COMBAT CONTRE UN POSSIBLE «NON» DU PS.

La bourgeoisie prenait alors conscience que la manœuvre de Chirac avec son référendum pouvait se retourner en son contraire. «La droite commence à s’inquiéter d’un possible « non » au référendum », titre ainsi Les Echos (10-09-04).

Contre cette menace, tous les medias furent mobilisés. Car chacun mesurait l’enjeu tant national qu’européen. Ainsi, Libération, qui milite en faveur de ce traité constitutionnel : « Le verdict du référendum interne du Parti Socialiste prédéterminera largement l’issue du référendum national » décidé par Chirac et un « non tricolore bloquerait la ratification de la Constitution européenne. Les militants socialistes n’ont jamais eu, jusqu’ici, l’occasion d’exercer une influence aussi manifestement historique » ( A Duhamel le 22 septembre 2004).

Il n’est donc pas question qu’aucune organisation syndicale n’appelle à ce moment là à « voter non », car ceci serait un appui considérable pour les partisans du non au sein du PS. « Nous allons prendre tout notre temps, le temps du politique n’est pas celui du syndical » explique alors le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, et Aschiéri déclare que se serait de « la folie » que la FSU se prononce tout de suite. C’était là une aide précieuse à Hollande et donc au gouvernement.( Seuls quelques uns des représentants du courant Front unique se prononcèrent dès ce moment là au sein des instances de la FSU en faveur du Non au référendum).

Cette absence de position des syndicats a permis que soit accentué, au sein même du PS, le caractère plébiscitaire du référendum interne. La menace d’Hollande de démissionner si le « non » l’emportait, transformait le débat entre deux orientation en un combat « pour» Hollande et « contre » contre Fabius.

La victoire du « oui » dans le PS le premier décembre fut un succès pour Chirac. Celui-ci pouvait donc accélérer son offensive, en particulier contre l’école publique.

Du fait de la position du PS en faveur du traité constitutionnel, le front unique pour le « non », c'est-à-dire l’unité des organisations ouvrières contre le gouvernement, n’était alors plus possible, au moins pour un temps. Désormais, c’était dans le combat contre l’offensive gouvernementale, contre le projet de loi Fillon de destruction de l’enseignement public, que devait et pouvait se réaliser le front unique.

JANVIER-MARS 2005 :
MOBILISATION CONTRE LA LOI FILLON, ET CONTRE LE GOUVERNEMENT.

De janvier à mars 2005, par d’importantes grèves et manifestations, les travailleurs et la jeunesse ont affirmé leur volonté d’en finir avec la politique du gouvernement Chirac. Le 20 janvier, par centaines de milliers, les enseignants ont exigé le retrait du projet de loi Fillon. Le 5 février, par centaines de milliers, les travailleurs avec les confédérations ouvrières ont manifesté contre la politique de ce gouvernement. Le 10 mars, les manifestants étaient plus d’un million. Et début février, une puissante mobilisation, spontanée, des lycéens s’est développée pour le retrait du projet Fillon. Comme ils l’avaient fait en 2003, les dirigeants syndicaux ont volé au secours de Chirac en sabotant les possibilités d’une grève générale de l’Éducation nationale, demandant une « autre loi d’orientation » et de nouvelles négociations, refusant d’appeler à une manifestation centrale à l’Assemblée Nationale avant les vacances scolaires de février, permettant ainsi au gouvernement de faire voter le projet Fillon à l’Assemblée le 2 mars.

Néanmoins, la mobilisation des lycéens ne cessa pas avec les vacances. Ainsi manifestèrent-ils le 15 février (mais, à Paris, ils furent agressés par des groupes organisés, puis un service d’ordre syndical les empêcha d’aller à l’Assemblée nationale). Le 8 mars, ils furent plus de 165 000 lycéens à manifester. Mais seuls. Car les responsables du SNES et de la FSU refusèrent d’appeler à la grève et à la manifestation ce jour-là, ce qui ouvrait la voie à une opération voulue par le gouvernement: l’intervention de groupes de « cogneurs » contre les lycéens, conduisant à la dislocation de la manifestation parisienne à mi-parcours. De nouveau le 15 mars, alors que le Sénat commençait de discuter du projet Fillon, les lycéens manifestèrent seuls; la mobilisation ne pouvait que refluer tandis que les responsables des syndicats d’enseignants appelaient à des manifestations dites « nationales »… Le 2 avril, une fois que la loi était définitivement votée !

EN FAVEUR DU « NON » :
POURSUITE DU COMBAT AU SEIN DU MOUVEMENT OUVRIER.

En dépit du succès que représente pour Chirac le vote de la loi Fillon d’orientation sur l’école, la mobilisation des travailleurs et celle des lycéens ont nourri, au sein des organisations syndicales, la volonté de mettre en échec le référendum de Chirac. C’est pourquoi les partisans du « oui » subissent alors une rude défaite au sein de la CGT. Le 3 mars, Bernard Thibault et Maryse Dumas sont brutalement désavoués par le Conseil fédéral national (CCN) de la CGT: contre leur volonté, le CCN appelle à rejeter le traité constitutionnel. De même, la bataille fait rage au sein de la FSU et de ses syndicats. Le 24 janvier, le Conseil national de la FSU s’est prononcé explicitement pour le vote « non », ceci à la majorité absolue (mais il faut 70% des voix pour ratifier une telle décision). Puis le congrès national du SNES, déclare rejeter le traité, mais refuse d’appeler à voter « non ». Mais le syndicat de l’Enseignement supérieur (Snesup) appelle à voter « non », ainsi que le syndicat étudiant UNEF.

Ces positions, de même que les grèves et manifestations, ont conforté les militants du Parti socialiste qui cherchent à résister à la politique conduite par Hollande, refusent le vote « oui » au référendum et la soumission du PS à Chirac. Nombre de militants du PS mènent ouvertement campagne pour le « non ». Les formulations et les arguments varient selon les regroupements dans et hors le PS, sans jamais remettre en cause les fondements de l’Union Européenne, alliance d’États capitalistes constituée en défense du capitalisme. Mais c’est un fait sans précédent dans l’histoire du Parti socialiste : pour la première fois, par milliers, les militants du PS s’organisent et combattent la politique d’une direction asservie aux exigences du capitalisme français, politique qui ne peut que conduire à liquider ce Parti.

Mais pour que le « non » soit victorieux et qu’une défaite soit infligée à Chirac, il est nécessaire que le Front unique soit réalisé contre Chirac et contre le traité constitutionnel. Il est donc nécessaire de combattre pour que la direction du PS cesse de soutenir Chirac et le traité constitutionnel. Ce combat est également nécessaire pour imposer à la direction de la confédération FO qu’elle appelle à voter « non ». Il en est de même à l’égard des syndicats, notamment de la FSU, qui « critiquent » le traité constitutionnel, mais n’appellent pas à voter Non.

Quant à la CGT - si elle se prononce désormais pour le rejet du traité constitutionnel - elle ne mène aucune campagne. Au contraire ; bien que battu, Bernard Thibault sabote consciencieusement la position de son organisation syndicale en écrivant dans Le Monde : « Quelle qu’elle soit, l’issue du référendum ne changera pas le quotidien des salariés le 30 au matin ». Ceci revient à expliquer qu’il est donc inutile de voter Non à Chirac et à son référendum. Dans la CGT, comme dans les autres syndicats, il faut donc exiger que les directions syndicales engagent une campagne de Front unique pour le double « non ».

Ce combat est indissociable du combat pour imposer aux dirigeants syndicaux qu’ils romprent toute discussion visant à mettre en oeuvre la politique gouvernementale. Sur cette base peut et doit être réalisé le Front unique pour le « non » au traité constitutionnel, seule garantie que le « non » soit victorieux le 29 mai.

QUI PEUT UNIFIER L’EUROPE ?

L’Union européenne est une alliance d’États nationaux distincts, d’États capitalistes rivaux dirigés par des gouvernements bourgeois, et non l’embryon d’une fédération. Comme les autres traités qui fondent l’Union européenne, ce traité constitutionnel est conçu au profit des monopoles et des principaux États impérialistes : Allemagne, France et Grande-Bretagne notamment. C’est un traité au service du capitalisme dans son combat contre les travailleurs. S’agit-il de demander - comme l’a fait, par exemple le PCF - un « autre traité », c'est à dire un meilleur traité constitutionnel au service des États capitalistes ? S’agit-il de demander, comme le fait Laurent Fabius, une « bonne constitution » tout en précisant, « je ne réclame évidemment pas une constitution socialiste. Je demande une constitution qui laisse l’avenir ouvert » (Le Monde 30 novembre 2004). Absolument pas. Par définition, un traité entre États capitalistes signé par des gouvernement bourgeois ne peut être qu’un traité au service du capitalisme.

À l’Union européenne, comme à tous les traités et accords mis en œuvre en Europe par les divers impérialismes, il faut opposer la lutte pour le gouvernement ouvrier, l’expropriation des capitalistes, l’organisation de la production selon un plan élaboré sous contrôle ouvrier répondant aux besoins des masses, la constitution des États-unis socialistes d'Europe. Et parce qu’il n’y a pas de « capitalisme européen » unifié, intégré, mais des États et capitalismes nationaux qui défendent chacun leurs intérêts spécifiques (dans le cadre d’une coopération conflictuelle à l’intérieur de l’Union européenne), le combat du prolétariat dans chaque pays membre doit être dirigé contre la bourgeoisie et le gouvernement de son propre pays, contre chaque État bourgeois. C’est en ce sens qu’il convient d’appeler à voter « non » au traité constitutionnel, « non » à Chirac et à son référendum.

La réalisation du Front unique, en France, contre ce traité constitutionnel, serait un point d’appui, un encouragement au combat pour tous les prolétariats d’Europe. Et en France, la réalisation du Front unique contre le traité constitutionnel, contre Chirac et sa politique, ne permettrait pas seulement d’infliger une défaite à Chirac : elle permettrait d’engager immédiatement le combat pour imposer le départ de Chirac en apportant une réponse claire, dès aujourd'hui, à la question : par qui remplacer Chirac ? Quelle alternative gouvernementale sans attendre 2007 ?

L’ALTERNATIVE EXISTE :
UN GOUVERNEMENT DES SEULS PARTIS OUVRIERS.

Par leur vote en mars, puis en juin 2004, les travailleurs ont clairement indiqué qu’il existait une alternative immédiate, ceci dans une situation où n’existe pas de Parti révolutionnaire mais où il existe le PS et le PCF. Bien évidemment personne n’a oublié la politique conduite par le gouvernement de la « gauche plurielle » de 1997 à 2002, gouvernement dirigé par Jospin et respectant Chirac comme Président. Mais s’agit-il de clamer - comme le faisait Krivine il y a un an - « plus jamais le PS au gouvernement ? ». Affirmer ceci, c’est dire qu’on doit laisser Chirac et l’UMP pour de longues années au pouvoir. En outre, la LCR (de même que LO) « oublient » que le PCF a pleinement participé - avec le PS - au gouvernement de Jospin. Ils « oublient » qu’aux côtés du PS et du PCF figuraient des organisations bourgeoises (Parti radical et MDC) et petite bourgeoise (les Verts), car LO et LCR ont eux-mêmes, durant cinq ans, refusé d’exiger la rupture du PS et du PCF avec Chirac, avec ces organisations bourgeoises, d’exiger le départ de Chirac.

Pour autant, il n’y a aucune illusion à avoir à l’égard des dirigeants du PS. Martine Aubry explique ainsi, à la suite de François Hollande et de Jospin appelé en renfort : « Je comprends que les Français aient envie de renverser la table. » mais « c’est en 2007 qu’il faudra dire non au gouvernement et pas le29 mai ». Autrement dit, Martine Aubry appelle à respecter Chirac jusqu’en 2007. Les dirigeants du PS appellent à voter le 29 mai avec Chirac et pour Chirac, de même qu’ils ont appelé à voter Chirac au second tour, en 2002. Mais Marie-Georges Buffet, Arlette Laguiller et Besancenot ne disent rien d’autre quand ils expliquent qu’il n’y a pas d’alternative à Chirac : il faudrait donc garder Chirac ! C’est pourquoi Thibault affirme - tout comme Laguiller - qu’une victoire du « non » ne changerait rien, car pour eux il ne doit pas y avoir aujourd’hui d’alternative.

Nous affirmons à l’inverse du PS et du PCF, de Thibault, de LO, de la LCR (et du PT ainsi qu’une myriade de groupes divers) : il existe une alternative ouvrière, aujourd'hui, au gouvernement Chirac, une alternative qui ne soit pas du type de celle de l’ancienne « gauche plurielle » : un gouvernement des seuls PS et PCF, sans ministre bourgeois, un gouvernement qui exige le départ de Chirac. Ni PS ni PCF ne veulent, bien sûr former un tel gouvernement : il faudra donc les y contraindre, de même que c’est par la mobilisation qu’il faudra chasser Chirac.

Certes, le PS et le PCF ne changeront pas de nature, ni, fondamentalement, de politique mais cela créerait d’autres conditions pour le combat des travailleurs. C’est sur cette voie que doit s’orienter la mobilisation des travailleurs : combattre pour l’unité de leurs organisations, combattre pour que le PS et le PCF se déclarent candidats au pouvoir et exigent le départ de Chirac. C’est sur cette perspective que les travailleurs et la jeunesse peuvent, le 29 mai, infliger une défaite décisive à Chirac.

Il s’agit d’une perspective transitoire qui correspond à la tache la plus urgente : que se réalise le front unique contre Chirac et son gouvernement. C’est par un tel rassemblement que la classe ouvrière peut engager le combat pour briser l’offensive anti-ouvrière à laquelle elle est en difficulté.

Tous les discours sur « l’Europe sociale » se situent dans le cadre de l’Union européenne, alliance conflictuelle entre les États bourgeois.

Mais si l’on veut en finir avec la misère, le chômage et les guerres à répétitions (comme au sein de l’ex-Yougoslavie), il faut en finir avec le capitalisme, avec les État bourgeois. Cela implique de construire un Parti ouvrier révolutionnaire. Mais un tel parti ne se construira qu’en mettant en avant, à chaque moment, la nécessité du Front unique, en formulant des mots d’ordre qui permettent l’unité de la classe ouvrière et de ses organisations et qui répondent, en terme transitoire, à la question du pouvoir.

Les militants du Comité inscrivent leur activité en ce sens.

1er mai 2005