Plus les jours passent, plus s’accroît la
volonté de la population laborieuse d’utiliser le
référendum du 29 mai pour infliger une
défaite politique à Chirac. Briser
l’offensive de la bourgeoisie contre les acquis sociaux,
offensive qui est conduite en France comme dans toute l’Union
Européenne, implique d’affronter Chirac et son
gouvernement.
Pourtant, cette bataille est difficile. Pour plusieurs raisons :
D’abord, parce que le traité soumis au
référendum est très long, souvent
obscur dans ses formulations ; ceci est volontaire. Nombreux sont ceux
qui s’interrogent, en toute bonne foi : ce texte est-il pire
que les autres traités ? Peut-il y avoir une alternative
à ce traité ? Quelle alternative existe-t-il, au
niveau de l’Europe, à l’Union
Européenne actuelle ?
Ensuite et surtout parce que les partis ouvriers et les syndicats
ouvriers ne sont pas unis sur cette question. Les dirigeants du PS et
du PCF, ceux de la CGT, de FO, de la FSU n’ont pas
aujourd'hui les mêmes postions, n’appellent pas
dans l’unité à voter « non
» au référendum.
Enfin parce que de manière étroitement
liée pèse sur les travailleurs et les jeunes
l’absence de réponse claire à la double
question :
1. Comment imposer le
départ de Chirac et de son gouvernement alors que Chirac a
annoncé qu’il ne démissionnerait pas si
le « non » l’emporte le 29 mai ?
2. Quelle alternative
gouvernementale est immédiatement possible ? Par quoi
remplacer Chirac et son gouvernement si la mobilisation les chassait du
pouvoir ?
Répondre
à ces questions est une nécessité
impérieuse.
Car le véritable enjeu du référendum
du 29 mai, c’est bien d’en finir au plus vite avec
Chirac, ce qui implique d’affirmer dès aujourd'hui
qu’il existe une alternative gouvernementale, une alternative
ouvrière :
- un gouvernement sans Chirac,
- un gouvernement sans partis bourgeois, sans UMP ni UDF,
- un gouvernement sans organisations telles que le Parti radical, les
Verts et autres groupes représentants la bourgeoisie,
- un gouvernement qui ne soit pas la répétition
du gouvernement de la « gauche plurielle » que
Jospin a dirigé de 1997 à 2002.
Pour répondre à l’ensemble de ces
questions, il faut revenir sur quelques faits majeurs.
14
JUILLET 2004 : UN RÉFÉRENDUM
PLÉBISCITE POUR SURMONTER LA DÉFAITE
ÉLECTORALE.
C’est
la 18 juin 2004 que les 25 chefs d’État et de
gouvernement de l’Union Européenne se sont mis
d’accord sur un nouveau texte appelé «
traité constitutionnel ».
Ce texte, comme les précédents traités
organisant l’Union Européenne, vise à
faciliter l’activité des monopoles et banques
à l’échelle de l’Europe. Il
n’apporte strictement aucune protection, ni droits aux
travailleurs, bien au contraire. Il correspond à
l’évolution des rapports de force au sein de
l’U.E. entre impérialismes grands et petits.
Le plus simple était alors, pour Chirac de faire ratifier ce
traité par un vote des députés et
sénateurs UMP-UDF qui sont majoritaires à
l’Assemblée et au Sénat.
Pourtant, le 14 juillet 2004, Chirac annonçait
qu’il choisissait le référendum.
Personne ne l’y obligeait. Si Chirac a choisi la
procédure référendaire,
c’est pour ses propres besoins politiques : ayant subi en
mars et en juin 2004 deux sévères
défaites électorales, Chirac se trouvait dans la
nécessité de surmonter cette double
défaite électorale.
UN
RÉFÉRENDUM PLÉBISCITE POUR POURSUIVRE
UNE POLITIQUE RÉACTIONNAIRE.
En
effet, en mars 2004 ce vote massif contre Chirac et ses candidats
prolongeait, sur le terrain électoral, la puissante
mobilisation du printemps 2003. Personne n’avait
oublié que, par des grèves et manifestations de
grande ampleur, les travailleurs du privé et les
fonctionnaires - les enseignants notamment - avaient tenté
de briser l’offensive réactionnaire du
gouvernement Chirac.
Celui-ci avait pu, finalement, faire voter la loi Fillon contre les
retraites et la loi de décentralisation parce que les
dirigeants syndicaux avaient refusé d’appeler
à la grève générale,
protégeant ainsi Chirac et son gouvernement. Mais la
mobilisation du printemps 2003, en s’affrontant au
gouvernement, avait posé objectivement la question du
pouvoir.
En votant massivement, en mars 2004, pour les listes conduites par le
PS (et le PCF), et pour les candidats du PS et du PCF aux cantonales,
les travailleurs n’ont pas seulement manifesté
leur volonté d’en finir avec Chirac et son
gouvernement. Ils ont exprimé la recherche d’une
alternative gouvernementale immédiate.
Mais en mars puis en juin 2004, le PS et le PCF ont refusé
d’exiger le départ immédiat de Chirac,
et de constituer leur propre gouvernement, un gouvernement des seuls PS
et PCF, sans Chirac ni représentant de partis bourgeois. Ils
ont au contraire déclaré que Chirac
était légitime jusqu’en 2007. Chirac a
donc pu reprendre son offensive contre les travailleurs et la jeunesse.
Les défaites électorales de mars et juin 2004
infligées à Chirac n’étaient
pas pour autant effacées. Et un nombre croissant de
travailleurs posaient ouvertement la question :
jusqu’à quand allait-on devoir subir la politique
de ce gouvernement et de cette minorité ? Pour Chirac, le
risque était que surgisse une puissante mobilisation
spontanée menaçant sa politique et son
gouvernement.
Pour surmonter ce handicap et obtenir une nouvelle
légitimité, Chirac a donc choisi le
référendum, comme le lui demandaient
François Hollande et Marie-Georges Buffet.
L’objectif était de se faire
plébisciter, de recueillir - comme au second tour des
présidentielles de 2002 - une large majorité
derrière lui.
UN
RÉFÉRENDUM POUR DIVISER LES RANGS OUVRIERS.
Chirac
escomptait que, outre l’UMP et l’UDF, le Parti
socialiste appellerait à voter « oui »
comme il l’avait fait en 1992 pour le traité de
Maastricht. Il pouvait compter sur l’appui de la
quasi-totalité de la direction du PS.
Quant au « non » du PCF, il ne
représentait pas à lui-seul une menace. En outre,
un désaccord du PS et du PCF sur cette question
décisive était le moyen d’affirmer
qu’il n’y avait pas d’alternative
possible à Chirac, qu’il n’y avait pas
de gouvernement PS-PCF possible.
(Rappelons que le PCF a affirmé rejeter le projet de
traité constitutionnel après la
défaite électorale de Chirac de mars 2004 en
même temps qu’il expliquait qu’il
n’y avait pas d’alternative gouvernementale
à Chirac compte-tenu notamment … des positions du
PS sur ce projet de traité).
ÉTÉ
2004 : UNE RÉSISTANCE IMPRÉVUE.
Mais
c’est une résistance imprévue qui
s’est développée au sein du PS, une
opposition à un « oui » aux
côtés de Chirac., opposition souvent confuse, mais
de plus en plus vigoureuse, qui reflète - au sein du PS - le
combat de la classe ouvrière contre Chirac et sa politique.
Entre mille exemples, cette réaction rapportée
par la presse en juillet 2004 d’un militant socialiste
pourtant proche de François Hollande : «
Je ne suivrais pas François s’il appelait au
« oui ». Comme lui, je suis européen.
Mais cette fois, c’est « non ». Ce
n’est pas possible de dire « oui »
à Chirac. Je l’ai déjà fait
le 5 mai 2002. Depuis, je le regrette chaque jour que Dieu fait. Mon
« non » au traité de Giscard sera aussi
un « non » à Chirac. Il faut
précipiter sa sortie, comme de Gaulle en 1969 ».
Au vu de cette opposition croissante, Fabius a alors
considéré, pour ses propres besoins politiques,
qu’il devait se prononcer en faveur du « non
». La direction du PS ayant décidé
d’un référendum interne sur cette
question, le « non » risquait désormais
de l’emporter lors de ce référendum
interne fixé au 1er décembre.
SEPTEMBRE-DÉCEMBRE
2004 :
BRANLE BAS DE COMBAT CONTRE UN POSSIBLE «NON» DU PS.
La
bourgeoisie prenait alors conscience que la manœuvre de
Chirac avec son référendum pouvait se retourner
en son contraire. «La droite commence à
s’inquiéter d’un possible «
non » au référendum », titre
ainsi Les Echos (10-09-04).
Contre cette menace, tous les medias furent mobilisés. Car
chacun mesurait l’enjeu tant national
qu’européen. Ainsi, Libération, qui
milite en faveur de ce traité constitutionnel : «
Le verdict du référendum interne du Parti
Socialiste prédéterminera largement
l’issue du référendum national
» décidé par Chirac et un «
non tricolore bloquerait la ratification de la Constitution
européenne. Les militants socialistes n’ont jamais
eu, jusqu’ici, l’occasion d’exercer une
influence aussi manifestement historique » ( A Duhamel le 22
septembre 2004).
Il n’est donc pas question qu’aucune organisation
syndicale n’appelle à ce moment là
à « voter non », car ceci serait un
appui considérable pour les partisans du non au sein du PS.
« Nous allons prendre tout notre temps, le temps du politique
n’est pas celui du syndical » explique alors le
secrétaire général de la CGT, Bernard
Thibault, et Aschiéri déclare que se serait de
« la folie » que la FSU se prononce tout de suite.
C’était là une aide
précieuse à Hollande et donc au gouvernement.(
Seuls quelques uns des représentants du courant Front unique
se prononcèrent dès ce moment là au
sein des instances de la FSU en faveur du Non au
référendum).
Cette absence de position des syndicats a permis que soit
accentué, au sein même du PS, le
caractère plébiscitaire du
référendum interne. La menace
d’Hollande de démissionner si le « non
» l’emportait, transformait le débat
entre deux orientation en un combat « pour»
Hollande et « contre » contre Fabius.
La victoire du « oui » dans le PS le premier
décembre fut un succès pour Chirac. Celui-ci
pouvait donc accélérer son offensive, en
particulier contre l’école publique.
Du fait de la position du PS en faveur du traité
constitutionnel, le front unique pour le « non »,
c'est-à-dire l’unité des organisations
ouvrières contre le gouvernement,
n’était alors plus possible, au moins pour un
temps. Désormais, c’était dans le
combat contre l’offensive gouvernementale, contre le projet
de loi Fillon de destruction de l’enseignement public, que
devait et pouvait se réaliser le front unique.
JANVIER-MARS
2005 :
MOBILISATION CONTRE LA LOI FILLON, ET CONTRE LE GOUVERNEMENT.
De
janvier à mars 2005, par d’importantes
grèves et manifestations, les travailleurs et la jeunesse
ont affirmé leur volonté d’en finir
avec la politique du gouvernement Chirac. Le 20 janvier, par centaines
de milliers, les enseignants ont exigé le retrait du projet
de loi Fillon. Le 5 février, par centaines de milliers, les
travailleurs avec les confédérations
ouvrières ont manifesté contre la politique de ce
gouvernement. Le 10 mars, les manifestants étaient plus
d’un million. Et début février, une
puissante mobilisation, spontanée, des lycéens
s’est développée pour le retrait du
projet Fillon. Comme ils l’avaient fait en 2003, les
dirigeants syndicaux ont volé au secours de Chirac en
sabotant les possibilités d’une grève
générale de l’Éducation
nationale, demandant une « autre loi d’orientation
» et de nouvelles négociations, refusant
d’appeler à une manifestation centrale
à l’Assemblée Nationale avant les
vacances scolaires de février, permettant ainsi au
gouvernement de faire voter le projet Fillon à
l’Assemblée le 2 mars.
Néanmoins, la mobilisation des lycéens ne cessa
pas avec les vacances. Ainsi manifestèrent-ils le 15
février (mais, à Paris, ils furent
agressés par des groupes organisés, puis un
service d’ordre syndical les empêcha
d’aller à l’Assemblée
nationale). Le 8 mars, ils furent plus de 165 000 lycéens
à manifester. Mais seuls. Car les responsables du SNES et de
la FSU refusèrent d’appeler à la
grève et à la manifestation ce
jour-là, ce qui ouvrait la voie à une
opération voulue par le gouvernement:
l’intervention de groupes de « cogneurs »
contre les lycéens, conduisant à la dislocation
de la manifestation parisienne à mi-parcours. De nouveau le
15 mars, alors que le Sénat commençait de
discuter du projet Fillon, les lycéens
manifestèrent seuls; la mobilisation ne pouvait que refluer
tandis que les responsables des syndicats d’enseignants
appelaient à des manifestations dites « nationales
»… Le 2 avril, une fois que la loi
était définitivement votée !
EN
FAVEUR DU « NON » :
POURSUITE DU COMBAT AU SEIN DU MOUVEMENT OUVRIER.
En
dépit du succès que représente pour
Chirac le vote de la loi Fillon d’orientation sur
l’école, la mobilisation des travailleurs et celle
des lycéens ont nourri, au sein des organisations
syndicales, la volonté de mettre en échec le
référendum de Chirac. C’est pourquoi
les partisans du « oui » subissent alors une rude
défaite au sein de la CGT. Le 3 mars, Bernard Thibault et
Maryse Dumas sont brutalement désavoués par le
Conseil fédéral national (CCN) de la CGT: contre
leur volonté, le CCN appelle à rejeter le
traité constitutionnel. De même, la bataille fait
rage au sein de la FSU et de ses syndicats. Le 24 janvier, le Conseil
national de la FSU s’est prononcé explicitement
pour le vote « non », ceci à la
majorité absolue (mais il faut 70% des voix pour ratifier
une telle décision). Puis le congrès national du
SNES, déclare rejeter le traité, mais refuse
d’appeler à voter « non ».
Mais le syndicat de l’Enseignement supérieur
(Snesup) appelle à voter « non », ainsi
que le syndicat étudiant UNEF.
Ces positions, de même que les grèves et
manifestations, ont conforté les militants du Parti
socialiste qui cherchent à résister à
la politique conduite par Hollande, refusent le vote « oui
» au référendum et la soumission du PS
à Chirac. Nombre de militants du PS mènent
ouvertement campagne pour le « non ». Les
formulations et les arguments varient selon les regroupements dans et
hors le PS, sans jamais remettre en cause les fondements de
l’Union Européenne, alliance
d’États capitalistes constituée en
défense du capitalisme. Mais c’est un fait sans
précédent dans l’histoire du Parti
socialiste : pour la première fois, par milliers, les
militants du PS s’organisent et combattent la politique
d’une direction asservie aux exigences du capitalisme
français, politique qui ne peut que conduire à
liquider ce Parti.
Mais pour que le « non » soit victorieux et
qu’une défaite soit infligée
à Chirac, il est nécessaire que le Front unique
soit réalisé contre Chirac et contre le
traité constitutionnel. Il est donc nécessaire de
combattre pour que la direction du PS cesse de soutenir Chirac et le
traité constitutionnel. Ce combat est également
nécessaire pour imposer à la direction de la
confédération FO qu’elle appelle
à voter « non ». Il en est de
même à l’égard des syndicats,
notamment de la FSU, qui « critiquent » le
traité constitutionnel, mais n’appellent pas
à voter Non.
Quant à la CGT - si elle se prononce désormais
pour le rejet du traité constitutionnel - elle ne
mène aucune campagne. Au contraire ; bien que battu, Bernard
Thibault sabote consciencieusement la position de son organisation
syndicale en écrivant dans Le Monde : « Quelle
qu’elle soit, l’issue du
référendum ne changera pas le quotidien des
salariés le 30 au matin ». Ceci revient
à expliquer qu’il est donc inutile de voter Non
à Chirac et à son
référendum. Dans la CGT, comme dans les autres
syndicats, il faut donc exiger que les directions syndicales engagent
une campagne de Front unique pour le double « non ».
Ce combat est indissociable du combat pour imposer aux dirigeants
syndicaux qu’ils romprent toute discussion visant
à mettre en oeuvre la politique gouvernementale. Sur cette
base peut et doit être réalisé le Front
unique pour le « non » au traité
constitutionnel, seule garantie que le « non » soit
victorieux le 29 mai.
QUI
PEUT UNIFIER L’EUROPE ?
L’Union
européenne est une alliance d’États
nationaux distincts, d’États capitalistes rivaux
dirigés par des gouvernements bourgeois, et non
l’embryon d’une fédération.
Comme les autres traités qui fondent l’Union
européenne, ce traité constitutionnel est
conçu au profit des monopoles et des principaux
États impérialistes : Allemagne, France et
Grande-Bretagne notamment. C’est un traité au
service du capitalisme dans son combat contre les travailleurs.
S’agit-il de demander - comme l’a fait, par exemple
le PCF - un « autre traité », c'est
à dire un meilleur traité constitutionnel au
service des États capitalistes ? S’agit-il de
demander, comme le fait Laurent Fabius, une « bonne
constitution » tout en précisant, « je
ne réclame évidemment pas une constitution
socialiste. Je demande une constitution qui laisse l’avenir
ouvert » (Le Monde 30 novembre 2004). Absolument pas. Par
définition, un traité entre États
capitalistes signé par des gouvernement bourgeois ne peut
être qu’un traité au service du
capitalisme.
À l’Union européenne, comme
à tous les traités et accords mis en
œuvre en Europe par les divers impérialismes, il
faut opposer la lutte pour le gouvernement ouvrier,
l’expropriation des capitalistes, l’organisation de
la production selon un plan élaboré sous
contrôle ouvrier répondant aux besoins des masses,
la constitution des États-unis socialistes d'Europe. Et
parce qu’il n’y a pas de « capitalisme
européen » unifié,
intégré, mais des États et
capitalismes nationaux qui défendent chacun leurs
intérêts spécifiques (dans le cadre
d’une coopération conflictuelle à
l’intérieur de l’Union
européenne), le combat du prolétariat dans chaque
pays membre doit être dirigé contre la bourgeoisie
et le gouvernement de son propre pays, contre chaque État
bourgeois. C’est en ce sens qu’il convient
d’appeler à voter « non » au
traité constitutionnel, « non »
à Chirac et à son
référendum.
La réalisation du Front unique, en France, contre ce
traité constitutionnel, serait un point d’appui,
un encouragement au combat pour tous les prolétariats
d’Europe. Et en France, la réalisation du Front
unique contre le traité constitutionnel, contre Chirac et sa
politique, ne permettrait pas seulement d’infliger une
défaite à Chirac : elle permettrait
d’engager immédiatement le combat pour imposer le
départ de Chirac en apportant une réponse claire,
dès aujourd'hui, à la question : par qui
remplacer Chirac ? Quelle alternative gouvernementale sans attendre
2007 ?
L’ALTERNATIVE
EXISTE :
UN GOUVERNEMENT DES SEULS PARTIS OUVRIERS.
Par
leur vote en mars, puis en juin 2004, les travailleurs ont clairement
indiqué qu’il existait une alternative
immédiate, ceci dans une situation où
n’existe pas de Parti révolutionnaire mais
où il existe le PS et le PCF. Bien évidemment
personne n’a oublié la politique conduite par le
gouvernement de la « gauche plurielle » de 1997
à 2002, gouvernement dirigé par Jospin et
respectant Chirac comme Président. Mais s’agit-il
de clamer - comme le faisait Krivine il y a un an - « plus
jamais le PS au gouvernement ? ». Affirmer ceci,
c’est dire qu’on doit laisser Chirac et
l’UMP pour de longues années au pouvoir. En outre,
la LCR (de même que LO) « oublient » que
le PCF a pleinement participé - avec le PS - au gouvernement
de Jospin. Ils « oublient » qu’aux
côtés du PS et du PCF figuraient des organisations
bourgeoises (Parti radical et MDC) et petite bourgeoise (les Verts),
car LO et LCR ont eux-mêmes, durant cinq ans,
refusé d’exiger la rupture du PS et du PCF avec
Chirac, avec ces organisations bourgeoises, d’exiger le
départ de Chirac.
Pour autant, il n’y a aucune illusion à avoir
à l’égard des dirigeants du PS. Martine
Aubry explique ainsi, à la suite de François
Hollande et de Jospin appelé en renfort : « Je
comprends que les Français aient envie de renverser la
table. » mais « c’est en 2007
qu’il faudra dire non au gouvernement et pas le29 mai
». Autrement dit, Martine Aubry appelle à
respecter Chirac jusqu’en 2007. Les dirigeants du PS
appellent à voter le 29 mai avec Chirac et pour Chirac, de
même qu’ils ont appelé à
voter Chirac au second tour, en 2002. Mais Marie-Georges Buffet,
Arlette Laguiller et Besancenot ne disent rien d’autre quand
ils expliquent qu’il n’y a pas
d’alternative à Chirac : il faudrait donc garder
Chirac ! C’est pourquoi Thibault affirme - tout comme
Laguiller - qu’une victoire du « non » ne
changerait rien, car pour eux il ne doit pas y avoir
aujourd’hui d’alternative.
Nous affirmons à l’inverse du PS et du PCF, de
Thibault, de LO, de la LCR (et du PT ainsi qu’une myriade de
groupes divers) : il existe une alternative ouvrière,
aujourd'hui, au gouvernement Chirac, une alternative qui ne soit pas du
type de celle de l’ancienne « gauche plurielle
» : un gouvernement des seuls PS et PCF, sans ministre
bourgeois, un gouvernement qui exige le départ de Chirac. Ni
PS ni PCF ne veulent, bien sûr former un tel gouvernement :
il faudra donc les y contraindre, de même que c’est
par la mobilisation qu’il faudra chasser Chirac.
Certes, le PS et le PCF ne changeront pas de nature, ni,
fondamentalement, de politique mais cela créerait
d’autres conditions pour le combat des travailleurs.
C’est sur cette voie que doit s’orienter la
mobilisation des travailleurs : combattre pour
l’unité de leurs organisations, combattre pour que
le PS et le PCF se déclarent candidats au pouvoir et exigent
le départ de Chirac. C’est sur cette perspective
que les travailleurs et la jeunesse peuvent, le 29 mai, infliger une
défaite décisive à Chirac.
Il s’agit d’une perspective transitoire qui
correspond à la tache la plus urgente : que se
réalise le front unique contre Chirac et son gouvernement.
C’est par un tel rassemblement que la classe
ouvrière peut engager le combat pour briser
l’offensive anti-ouvrière à laquelle
elle est en difficulté.
Tous les discours sur « l’Europe sociale
» se situent dans le cadre de l’Union
européenne, alliance conflictuelle entre les
États bourgeois.
Mais si l’on veut en finir avec la misère, le
chômage et les guerres à
répétitions (comme au sein de
l’ex-Yougoslavie), il faut en finir avec le capitalisme, avec
les État bourgeois. Cela implique de construire un Parti
ouvrier révolutionnaire. Mais un tel parti ne se construira
qu’en mettant en avant, à chaque moment, la
nécessité du Front unique, en formulant des mots
d’ordre qui permettent l’unité de la
classe ouvrière et de ses organisations et qui
répondent, en terme transitoire, à la question du
pouvoir.
Les militants du Comité inscrivent leur activité
en ce sens.
1er mai 2005
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